Le loud budgeting ou comment rendre le budget sexy

Par Alizée Calza | 1 mai 2024 | Dernière mise à jour le 1 mai 2024
5 minutes de lecture
Un couple heureux et un agent d'assurance afro-américain consultent un plan d'épargne sur une tablette tactile au bureau.
Drazen / AdobeStock

Issu d’une annonce d’un influenceur TikTok, le loud budgeting a su s’imposer dans la société et particulièrement auprès des jeunes. La transparence budgétaire est maintenant de mise. Le moment semble donc propice pour parler budget avec vos clients !

Le Loud Budgeting est une tendance virale qui est arrivée à la fin 2023 lorsqu’un influenceur sur TikTok a partagé une décision budgétaire « qui était tout à fait saine », mais qui a pris une envolée parce que les autres personnes qui le suivaient « ont été inspirées par le fait d’être capable de prendre une décision budgétaire et de l’assumer », résume Carl Vignola, Banquier privé, gestion de patrimoine TD en entrevue.

Cette tendance de transparence budgétaire est devenue virale et a résonné auprès de beaucoup de jeunes. Elle arrive également à point nommé alors que l’inflation oblige nombre de personnes à réviser leur budget de crainte de manquer d’argent.

Un autre point qui a permis de résonner auprès des jeunes, le loud budgeting propose des choix budgétaires qui ne sont pas « austères », comme épargner pour sa retraite. Ici on décide plutôt de couper le café du Starbucks tous les matins, pour s’offrir un bon restaurant à la fin du mois. Des objectifs à court terme, mais qui rappellent l’intérêt même de l’épargne et qui résonnent auprès des jeunes.

LES MÉDIAS SOCIAUX, PAS SI DÉMONIAQUES

Si les médias sociaux ont au départ permis aux jeunes de suivre leurs idoles qui exposaient des voyages de rêves, d’incroyables maisons, des restaurants gastronomiques, rapporte Carl Vignola, ils ont également « donné un tremplin à cette tendance de parler ouvertement de budget au lieu d’en faire un tabou ».

La tendance du loud budgeting est venu compenser celle de quiet luxury. « Rapidement, les jeunes font le constat que leurs idoles offrent du divertissement, que leur vie n’est pas accessible. Et, à partir du moment où ils le réalisent, ils vont faire des choix budgétaires et en être fiers », avance Carl Vignola.

Les médias sociaux ont ainsi permis aux jeunes de comprendre qu’il faut parler ouvertement de finance et ont permis de ramener le sujet du « budget » sur le tapis, continue l’expert.

« Ce qui est bon derrière ça, c’est qu’on réengage des conversations de budget avec les clients. C’est une chose tellement importante, c’est la base et c’est essentiel en finance personnelle ! »

LE RETOUR DES CONVERSATIONS SUR LE « BUDGET »

Si le fait que les jeunes s’intéressent à la finance est une excellente nouvelle pour l’économie en général, « pour le milieu financier, c’est sûr que c’est bien d’avoir des jeunes qui s’intéressent à la finance », souligne Carl Vignola.

Celui-ci constate que les conversations ont changé depuis que le loud budgeting est apparu. « Le budget fait vraiment partie des conversations avec les conseillers dans les bureaux », rapporte-t-il.

Et alors que les jeunes se réapproprient doucement la notion de budget, il décide de rappeler le b.a.-ba de celui-ci.

Selon lui, il y a plusieurs façons de commencer à faire un budget, si l’on n’en a jamais fait. La première consiste à entrer toutes ses dépenses dans un fichier Excel en les classant par catégorie. « C’est lourd, fastidieux, pas confortable, beaucoup de gens vont abandonner », prévient-il toutefois.

La seconde est de faire son budget en fonction de ce qu’il reste à la fin du mois. « Au lieu de compter les dépenses l’une après l’autre, je peux regarder dans le mois passé et dans celui d’avant, et celui d’avant combien il restait d’argent sur le total de mes revenus nets. »

C’est un raccourci, mais « ça peut permettre d’arriver à faire un budget sans se casser la tête », concède-t-il.

Mais selon lui, la meilleure façon est de se tourner vers les applications bancaires. Nombre d’institutions offrent des applications sécuritaires pour que les utilisateurs puissent créer leur budget.

Carl Vignola rappelle également la règle des 50, 30, 20. Selon celle-ci :

  • 50 % de notre revenu net devrait servir à payer les besoins ;
  • 30 % devraient être utilisés pour les désirs, comme les voyages, les sorties, etc. ;
  • Et 20 % devraient être placés pour l’épargne à plus long ou plus court terme en fonction de notre cycle de vie et nos objectifs.

Lui-même conseille aux jeunes de commencer par « se payer eux-mêmes ».

« On établit un budget et le réflexe c’est de mettre toutes nos obligations et on arrive à la fin du budget et force est d’admettre qu’il n’en reste pas beaucoup. Si on fait l’inverse et qu’on commence par se payer soi-même c’est-à-dire de placer de l’épargne pour nos désirs et pour nos besoins aussi, puis qu’on paie l’essentiel », c’est plus encourageant.

TROIS CHOSES À NE PAS NÉGLIGER

Outre ces techniques, Carl Vignola tient à souligner trois essentiels lorsque vient le temps de s’occuper de ses finances personnelles et de son budget.

  1. Être honnête avec son budget

« Lorsqu’on fait des budgets, il arrive souvent que lorsqu’on révise un an ou deux ans plus tard, il y a un écart entre ce que les gens pensaient dépenser et ce que les gens dépensent réellement », a-t-il remarqué.

Évidemment, cela arrive souvent que l’on oublie certaines petites dépenses ou abonnements qui reviennent mensuellement. C’est pour cela que l’exercice du budget doit être fait de façon rigoureuse et qu’il est bon de le réviser régulièrement.

  • Réviser son budget

La révision du budget est primordiale. Certes, cela permet d’ajouter les dépenses oubliées, mais également de s’ajuster en fonction des événements de la vie : un bébé, un nouveau salaire, etc.

« Quelqu’un qui aurait fait son budget en 2021 réalisera en 2024 qu’il ne fonctionne plus, car l’inflation est passée par là », donne comme exemple Carl Vignola.

  • Se tourner vers un expert

Pour s’assurer que l’exercice a été bien fait et que tout est révisé au bon moment, Carl Vignola recommande grandement de faire affaire avec un expert.

« Ce sont des choses tellement importantes que nos recommandations demeurent claires : venez voir un spécialiste et rencontrer un conseiller en succursale, appelez-nous. Il y a tellement de façon de se rencontrer maintenant ! » conclut-il.

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Alizée Calza

Alizée Calza est rédactrice en chef adjointe pour Conseiller.ca et pour Finance et Investissement.