Tirer son épingle du jeu grâce aux métaux précieux?

6 octobre 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les débâcles de l’économie américaine remettent au goût du jour la question des investissements dans les métaux précieux, et celle de l’or comme valeur refuge. D’autant que, depuis 2001, l’or affiche une tendance nettement haussière avec un gain dépassant largement les 250% sur 7 ans, à la Bourse de New York. Avec un tel tableau d’honneur, les métaux précieux gagnent en popularité auprès des investisseurs moyens qui cherchent à tirer leur épingle du jeu. Gaétan Ruest, directeur, planification stratégique de portefeuille au Groupe Investors, rappelle cependant que ce type de placements comporte certains risques et peut ne pas convenir à n’importe quel investisseur. Conseiller a recueilli ses propos sur la question.

Pour Gaétan Ruest, il y a une règle d’or en ce qui concerne les métaux précieux: l’instabilité économique ne devrait pas changer les recommandations habituelles des conseillers envers leurs clients. Il rappelle que ce type d’investissement convient à un profil particulierde client plutôt audacieux ou qui vise des objectifs à long-terme, c’est-à-dire sur 5 à 10 ans, voire même plus. «Quelqu’un qui cherche à protéger son investissement ou qui veut obtenir des retours dans les 5 ans ne devrait pas investir dans l’or et les métaux précieux puisqu’ils sont très volatils», fait-il valoir. Et ce, même si les marchés soufflent la tourmente. «Ce que le conseiller peut faire de mieux pour son client, c’est de correctement déterminer si c’est un bon investissement, sans chercher à suivre la mode de l’or pour lui plaire», ajoute-t-il.

Cette option peut-être la bonne si le client cherche à diversifier son portefeuille, en dehors de ses actions dans des compagnies commerciales ou des hypothèques, par exemple. Mais en aucun cas M. Ruest recommande-t-il d’allouer plus de 10% d’un portefeuille dans les métaux précieux. «L’idéal, je dirai, c’est 5%.»

Davantage que d’investir directement dans les métaux – comme l’or, l’argent, le platine, le palladium, le bronze ou le cuivre –, ce que Gaétan Ruest suggère, «c’est d’investir dans des sociétés qui exploitent ces métaux, puisqu’ils offrent les mêmes bénéfices qu’un investissement direct, avec en plus les avantages des sociétés, tels que payer des dividendes, rééconomiser et capitaliser dans des situations où l’or réussit moins bien». Et encore mieux que d’investir dans des sociétés individuelles, pense-t-il, c’est «d’investir dans des fonds mutuels de société d’exploitation des métaux précieux. C’est la méthode de la simplicité, surtout pour un premier investissement.» En plus d’assurer un meilleur rendement, ces titres s’avèrent d’ordinaire plus aisés à transiger. Enfin, «quand il y a d’autres sources de profit,le client peut y gagner même quand le prix de l’or diminue», résume M. Ruest.

Quels sont les risques?Bien sûr, il y a plusieurs risques associés aux métaux précieux, dont le plus évident est la volatilité accrue. Et même s’il est possible de contrer quelque peu celle-ci en investissant dans des fonds mutuels de société de métaux précieux, «il reste un risque associé au dollar américain qui chute, ce qui a un impact sur la valeur des métaux précieux», poursuit le directeur en planification stratégique. De plus, ces métaux ont eu, par le passé, des périodes assez longues de stagnation et ce n’est que récemment qu’on assiste à de grandes augmentations, pour l’or notamment. «On avait atteint un plafond au début des années ‘80 et ça a pris presque 30 avant qu’on n’assiste à un nouveau sommet au prix de l’or. L’or peut encore avoir des périodes de stagnation assez longues et ça, c’est un grand risque. Attendre 30 ans pour faire des profits, pour plusieurs investisseurs, c’est vraiment trop.»

L’or, valeur refuge?L’or et les métaux précieux sont de façon historique l’endroit où les gens prennent refuge en période d’incertitude du dollar américain ou des pièces européennes, lorsque le marché est très volatile ou baissier, ou encore lorsque l’inflation bat son plein. «Cependant, normalement, ce sont des refuges temporaires qui demandent de vraiment bien planifier quand est-ce qu’on achète l’or, et quand est-ce qu’on le vend». En bout de ligne, Gaétan Ruest ne croit pas que ce soit une bonne stratégie que d’essayer de trouver le moment propice pour entrer ou sortir d’un marché en particulier, parce qu’il considère toujours les investissements «comme une stratégie à long terme, c’est-à-dire acheter et garder ses placements, plutôt que d’essayer de prendre refuge pendant quelques mois ou quelques années. C’est très difficile de prévoir le bon moment pour entrer ou en sortir d’un marché». Comme il le souligne, «aucun investisseur prudent ne voudrait prendre le risque d’entrer ou de sortir au mauvais moment».