Marchés : fini le temps des vacances!

Par Philippe Pratte | 19 septembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : nito500 / 123RF

Le mois de septembre sonne la fin des vacances, le retour à l’école et le début de l’année de travail pour les gens d’affaires. Les équipes de gestion de portefeuille sont complètes et les marchés recommencent à tourner à plein régime. Comme les gestionnaires suppléants ont souvent moins de latitude et de flexibilité, le volume de transactions a tendance à diminuer durant les vacances d’été.

À l’automne, les investisseurs se remettent à penser à leurs objectifs financiers. La reprise des classes amène à songer au ­REEE des enfants. Certains commencent même à prévoir leurs cotisations ­REER de l’année. Ainsi, septembre a tendance à ramener les investisseurs à l’ordre après cette période plus insouciante qu’est la belle saison. Et comment les blâmer d’en profiter à plein, surtout quand il s’agit d’un été ensoleillé comme celui qui vient de s’écouler!

Si le retour au travail est habituellement difficile, il en va de même sur les marchés, puisque septembre est l’un des pires mois de l’année, surtout pour l’indice S&P 500. D’après le ­Thackray’s 2018 Investor’s ­Guide, de 1950 à 2016, septembre a occasionné des pertes de plus de 0,5 % et n’a été positif que 43 % du temps. Une tendance qui se dessine surtout vers la fin du mois.

Les trois principaux indices boursiers, soit le S&P 500, le ­Nasdaq et le ­Dow ­Jones, connaissent cependant tous des creux en septembre, entre autres en raison de la diminution du volume d’échanges boursiers pendant l’été. Au retour des vacances, les gestionnaires réalisent davantage de transactions et se débarrassent donc de certaines positions à un rythme plus accéléré que durant la période estivale. Les marchés peuvent ainsi se retrouver sous pression à cause de ce volume élevé de transactions, ce qui peut rendre le mois de septembre plus volatil.

Reste qu’il y a encore moyen de tirer son épingle du jeu. Voici donc quelques secteurs à surveiller pendant ce mois.

Technologies de l’information

Entre 1990 et 2016, le secteur des technologies de l’information a surpassé le S&P 500 pas moins de 67 % du temps, selon le ­Thackray’s 2018 ­Investor’s ­Guide. Il se démarque assurément en septembre avec des gains moyens de 2,4 % entre 1990 et 2016. Par contre, cette tendance s’est récemment estompée, le secteur ayant affiché une timide hausse de 0,80 % durant les cinq dernières années et de 0,56 % sur dix ans.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces bons résultats. Tout d’abord, la majorité des compagnies de ce secteur fonctionnent avec des budgets de fin d’année. Elles doivent ainsi dépenser la totalité des sommes octroyées, sous peine de perdre le montant excédent. C’est pourquoi elles vont investir dans l’achat d’équipement technologique durant les derniers mois de l’année.

Les consommateurs ont également tendance à se préparer pour les ­Fêtes qui approchent en se procurant des produits technologiques, ce qui fait augmenter la valeur des titres du secteur. Ceci dit, il atteint son faîte entre octobre et janvier, ce qui fait de septembre un bon moment pour y investir, même s’il demeure plutôt volatil pendant ce mois.

Banques canadiennes

Les titres des banques canadiennes sont reconnus comme un investissement sûr, puisque ces dernières agissent dans un environnement réglementé, moins volatil et offrent habituellement des rendements à la hausse avec de bons dividendes. Cependant, elles sont très sensibles aux fluctuations de l’économie et demeurent un investissement qui peut s’avérer risqué comme n’importe quel placement en actions.

La majorité des secteurs canadiens suivent de près les tendances américaines, sauf celui des banques canadiennes. Chez nos voisins du ­Sud, les institutions financières terminent leur année fiscale le 31 décembre, alors que les banques canadiennes la terminent le 31 octobre. Pour conclure l’année en beauté, elles ont tendance à faire l’annonce de bonnes nouvelles lors de la fermeture de leurs livres.

Leur rendement est particulièrement intéressant de la fin de septembre à la fin de décembre. De 1989 à 2016, ce secteur a évolué en territoire positif 79 % du temps pendant cette période, offrant un gain moyen de 5,40 %.

Voilà pourquoi septembre s’avère un bon mois pour y prendre position. À plus court terme, le secteur montre aussi des signes encourageants, avec une hausse de 0,69 % sur cinq ans et de 0,68 % depuis les dix dernières années.

Le jour des quatre sorcières

Le jour des quatre sorcières s’avère particulièrement dangereux en septembre en raison de la volatilité de ce mois. Tous les troisièmes vendredis de chaque mois, plusieurs produits dérivés viennent à échéance en même temps, ce qui a tendance à créer de la volatilité, surtout si cette journée survient durant la fin d’un trimestre, puisque le volume de transactions augmente considérablement. Cet effet de marché demande beaucoup de vigilance, surtout en septembre, alors que le débit des échanges s’accélère. Selon le ­Stock ­Trader’s ­Almanac 2018, le jour des quatre sorcières est celui qui montre le plus de volatilité, en septembre comme durant le reste de l’année.

L’investisseur moyen devrait ainsi rechercher à maximiser ses achats sur les marchés pour se préparer au quatrième trimestre de l’année, qui débute à la fin du mois et sourit généralement aux investisseurs.

Matériaux canadiens et or

On peut tirer de belles leçons des secteurs de l’or et des matériaux canadiens en septembre. Si la volatilité est manifeste pendant ce mois, ce secteur nous démontre qu’elle a tendance à être passagère. En période de stress financier, les investisseurs cherchent à protéger leurs acquis et se retournent souvent vers des valeurs refuges comme l’or.

L’or et l’argent vivent malgré cela un mois de septembre difficile. Le métal jaune a reculé en moyenne de 3,05 % depuis cinq ans, tandis que l’argent a régressé de 4,75 % pendant la même période. Le secteur des matériaux canadiens ne fait pas mieux, avec une baisse moyenne de 5,51 % dans les cinq dernières années et de 4,07 % sur 10 ans en septembre.

Les résultats du secteur des matériaux et de l’or durant ce mois nous permettent de conclure que la volatilité semblerait être simplement temporaire. Malgré leur repli, les investisseurs ne protègent pas entièrement leur portefeuille, signalant une ouverture pour l’achat de titres.

Bref, septembre demeure un mois plutôt difficile sur les marchés et il est primordial d’être à l’affût. Plusieurs occasions peuvent se présenter en période de volatilité pour des investisseurs à long terme, spécialement quand les produits utilisés pour protéger les portefeuilles enregistrent des pertes eux aussi.

Philippe ­Pratte est président, chef des investissements et gestionnaire de portefeuille chez ­Pratte ­Gestion de portefeuilles.

Les opinions (y compris les recommandations, s’il y a lieu) exprimées dans le présent billet sont celles de l’auteur seulement et ne représentent pas nécessairement celles de Pratte Gestion de portefeuilles, ni celles de Conseiller. Ce texte ne doit pas être considéré comme un conseil personnel de placement ou une sollicitation d’achat ou de vente de titres. Les renseignements qu’il contient proviennent de sources considérées comme fiables, mais leur exactitude et leur exhaustivité ne peuvent être garanties. L’auteur, Pratte Gestion de portefeuilles et Conseiller n’assument aucune responsabilité quant aux erreurs qui pourraient s’y glisser.


• Ce texte est paru dans l’édition de septembre 2018 de Conseiller. Vous pouvez consulter l’ensemble du numéro sur notre site Web.

Philippe Pratte