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Tiré de formations certifiant des UFC

6 peurs qui empêchent les investisseurs de dormir
Ils sont souvent eux-mêmes leur pire ennemi…

Blaise Pascal nous a très justement dit :

Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas!

Si l’esprit est fort, le cœur peut être faible. Si la logique nous confirme une évidence quant à notre répartition d’actif, nos ennemis intimes infirment ces pensées à cause des peurs qu’ils insinuent en nous, et nous poussent à des décisions erronées.

L’image ci-dessous illustre six causes des peurs de l’investisseur.

La peur est toujours mauvaise conseillère. Examinons brièvement ces six causes de peurs.

« Le pire ennemi de l’investisseur, ce n’est pas la Bourse, c’est lui-même. »

– Benjamin Graham

Notre liste contient six caractéristiques dont la dénomination commence chaque fois par la lettre « i ». Ce seront nos six « i », nos six ennemis intimes. Prenons connaissance de leur identification et de leur description, premier pas pour les maîtriser.

Ennemi #1 : notre ignorance. C’est dès l’école primaire que les rudiments de l’épargne et de l’investissement devraient nous être enseignés. Mais ce n’est pas le cas… Nous avons ainsi le privilège de pouvoir rester des ignorants en matière financière.

Heureusement, nous avons la possibilité bien réelle d’apprendre par nous-mêmes… Mais peut-être sommes-nous trop paresseux pour le faire? Oui, c’est le cas de trop nombreuses personnes. Travaillons donc et instruisons-nous!

Ennemi #2 : notre incompréhension ou notre compréhension limitée. S’il est vrai que la science de l’investissement n’est pas toujours facile, il est aussi vrai que ses bases essentielles ne sont pas difficiles. Mais comprendre exige un peu de temps, un peu de travail et un petit effort de concentration. Il n’est pas nécessaire de tout saisir en investissement, mais il est fondamental de comprendre les bases.

Ennemi #3 : notre incohérence. La cohérence, n’est-ce pas l’art d’assembler correctement et efficacement toutes les pièces d’un casse-tête?

Maxime, mon petit-fils, 2 ans et demi, adore les casse-têtes. Il en est maintenant aux casse-têtes de 24 pièces. Il utilise certes les images (vaches, moutons, poules…), mais surtout, il a développé l’art d’emboîter les uns dans les autres les contours compliqués de chaque pièce. En quelques minutes, il compose ainsi un splendide tableau Nascar polychrome!  Maxime n’a que 2 ans et demi. C’est un petit génie, évidemment, puisqu’il est mon petit-fils! J’irai bientôt lui acheter un casse-tête plus compliqué. Ainsi, il se préparera à gérer ses finances personnelles avec cohérence et persévérance dès son adolescence.

Chacun de nous peut-il imiter Maxime et s’entraîner à faire la synthèse (mettre ensemble d’une manière cohérente les pièces du casse-tête) et la coordination (établir des liens entre les pièces du casse-tête) de ses investissements personnels?

Ennemi #4 : notre impulsivité. Nous réagissons aux nouvelles financières (et aux autres, d’ailleurs) sans réfléchir, poussés par un instinct animal proche de la peur. C’est ce qu’on appelle avoir une « réaction épidermique ». La peur nous fait réagir… et, pire, nous empêche d’agir intelligemment. La peur est toujours mauvaise conseillère.

Réagir, c’est excellent pour notre main qui doit s’éloigner du feu à l’instant même où elle s’en approche trop. Une baisse boursière nous laisse le temps de réfléchir… pour agir ensuite, débarrassé de notre réaction épidermique. Avant, nous ne l’aurons pas vue venir. Après, il sera trop tard. Attendons deux années, car après avoir connu des pertes importantes, les Bourses récupèrent généralement en deux ans.

Ennemi #5 : notre imagination. Notre cerveau est capable de transformer un rêve en cauchemar… si nous le laissons aller sans boussole pour le diriger. Notre imagination transforme notre optimisme en pessimisme et l’inverse avec une facilité déconcertante. Ce qui est grave ici, c’est que nous le savons parfaitement. Mais nous nous laissons aller sans nous contrôler.

Ennemi #6 : notre immédiateté. Rares sont les gens qui pensent d’abord et systématiquement pour les cinq, dix ou 30 prochaines années. La plupart réfléchissent à aujourd’hui ou bien à la date de leurs prochaines vacances, date qui semble être toujours trop loin.

Cette habitude nous empêche de voir et de réaliser que la Bourse est profitable à long terme. Mais notre manque de perspective et de vision nous condamne souvent à prendre des décisions en fonction de facteurs immédiats ou à court terme pour résoudre des problèmes à long terme. Apprenons l’histoire financière pour freiner cette habitude.

Pouvons-nous maîtriser ces six « i »?

OUI, un pas à la fois. Une faiblesse à la fois. Un « i » à la fois.

Commençons par prendre une grande respiration. Calmons-nous!

Réalisons que la Bourse n’est jamais ni bonne ni mauvaise pour nous. Elle est indifférente; elle monte et descend… comme la marée. C’est tout.

Les marins maîtrisent la marée; maîtrisons-nous si nous voulons maîtriser nos placements en Bourse! Surtout, définissons clairement nos objectifs et nos horizons de placement.

Souvenons-nous : fluctuation ne signifie pas nécessairement risque.

Les mouvements boursiers ont toujours tendance à revenir vers une moyenne, comme les marées qui sont parfois fortes, qui deviennent parfois tempêtes, mais qui finissent par se calmer. Ne dit-on pas « après la pluie, le beau temps »?

Le risque, c’est de perdre son capital sans espoir de récupération.

La tolérance au risque ne doit pas être confondue avec la tolérance à la fluctuation. Un portefeuille d’actions bien bâti (bien diversifié) ne peut tomber à zéro, sauf peut-être en cas de guerre mondiale nucléaire, auquel cas notre existence même tomberait à zéro et tout cela n’aurait plus aucune importance…

La clé du succès : une dose d’étude pour comprendre et beaucoup de discipline et de froideur pour agir.


Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl. Fin., est planificateur financier et membre de l’Association des MBA du Québec. Auteur de deux ouvrages, Le classement des documents personnels (2002) et Savoir choisir son conseiller financier (2010), il s’exprime régulièrement sur les enjeux de la profession dans son blogue sur Conseiller.ca.