Bâtir un portefeuille modèle solide : 1re partie

3 juin 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Bâtir un portefeuille nécessite une prise de décision éclairée. Faut-il acheter ce titre maintenant ? Dois-je privilégier la valeur intrinsèque ou le potentiel de croissance d’un autre titre ? Et c’est sans compter l’aspect émotif qui brouille parfois les cartes.

Dans son blogue intitulé Number Cruncher, le journaliste spécialisé en investissements Gordon Edall, du Globe and Mail, vous offre quelques conseils pratiques pour bâtir des portefeuilles plus solides et éviter les pièges. Comment choisir la bonne quantité de titres tout en ayant une diversification suffisante, une certaine protection en cas de baisse et possiblement plus de valeur ajoutée (alpha) qu’un simple indice boursier? Voici comment.

Établir un portefeuille modèle M. Edall se sert principalement de la recherche et des analyses de CPMS (Computerized Portofolio Management Services), une firme détenue par Morningstar, pour établir ce qu’eux appellent le « Portefeuille modèle basé sur 20 titres ».

Ce portefeuille est bâti de manière à déterminer 10 titres sûrs (prudents) et 10 titres dits risqués (plus agressifs). Concentrons-nous aujourd’hui sur le côté plus conservateur du portefeuille.

Comment choisit-on les titres ? Selon Jamie Hynes, directeur de compte principal de CMPS, l’objectif du modèle prudent (10 titres) est de trouver des actions qui ne seront pas à la merci des moindres aléas du marché boursier. Ces titres doivent également offrir des bénéfices constants et payer un dividende.

Il y a 7 paramètres et 3 critères importants qui servent à déterminer si un titre mérite d’être acheté ou vendu. Ces variables (leur score) permettent de classer en ordre les 200 actions plus importantes au Canada. Le plus important critère à considérer, explique M. Edall, est le rendement espéré.

Une action doit avoir un rendement supérieur à 1 % pour faire son entrée dans le portefeuille modèle, sinon il en sort. Il n’y a pas de place non plus pour les titres qui ne paient pas de dividendes.

La compagnie doit également autoriser le versement de dividendes (80 % étant le ratio le plus élevé permis au moment d’inclure un titre dans le portefeuille). Si le ratio de versement dépasse 100 %, c’est alors un signal qu’il faut vendre.

La volatilité des bénéfices est aussi un critère important dans le modèle de CPMS. À ce propos, on veut voir des profits qui ne varient pas trop, même s’il y a parfois des surprises (estimations des bénéfices par action des trois derniers mois). De plus, le BPA des 12 derniers mois et sa médiane doivent être positifs. En bas d’un cent, c’est un signal qu’on doit vendre le titre.

La volatilité du titre par rapport au marché sur un horizon de cinq ans (coefficient bêta) doit aussi être bas. Ce facteur conjugué au rendement et aux révisions du bénéfice par action aura une pondération plus grande dans le calcul du score final de chacun des titres.

D’autres variables comme le ratio prix/bénéfice ou prix/valeur comptable entrent également dans l’équation finale. Enfin, pas plus de deux titres peuvent provenir d’un même secteur (concentration).

Quel est le résultat ? On se retrouve avec un portefeuille qui a un profil manifestement prudent (voir le tableau).

10 titres « conservateurs » de CPMS

Compagnie Prix $ (2 juin) Variabilité des bénéfices %

Emera Inc. 24,88 7,8
Cdn. Utilities Ltd 44,77 2,9
George Weston ltd. 74,54 5,1
National Bank of Canada 57,85 3,3
TransCanada Corp. 34,15 4,0
Bank of Nova Scotia 50,85 3,7
Thomson Reuters Corp. 37,34 8,6
Saputo inc. 29,32 3,6
Cdn. National Railway 61,20 3,8
Quebecor inc., B 36,10 6,4

Source : CPMS (filiale de Morningstar Canada)

Le taux de dividende moyen de ces titres dépasse légèrement 3 %, sans problème réel, constate Gordon Edall. Seule l’action de TransCanada est un peu plus près du ratio de versement de dividendes maximum (critère de sélection), mais encore loin d’un signal d’alarme pour le portefeuille.

Adopter le modèle dans sa pratique Le seul souci pour un conseiller qui souhaiterait adopter un tel modèle (CPMS), c’est que les signaux d’achats et de ventes sont quotidiens, observe-t-il. Malgré tout, le taux de rotation des actifs n’est que de 30 % annuellement pour ce portefeuille. Il y a sûrement un moyen simple de changer moins fréquemment les titres et ainsi, de réduire les frais de transaction.

Conseiller.ca vous détaillera dans sa prochaine édition la portion plus agressive ou plus risquée, de ce «Portefeuille modèle basé sur 20 titres ». Selon M. Edall, la combinaison de ces deux stratégies et l’ajout de 10 nouveaux titres optimisent la performance globale de façon étonnante. À suivre.