Budget fédéral : à quoi s’attendre ?

Par Sylvie Lemieux | 16 avril 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Homme d'affaire avec des longues-vues.
Photo : kurhan / 123RF

C’est aujourd’hui que la vice-première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland déposera le budget fédéral. De quoi sera-t-il fait alors que le Canada, toujours plongé dans une crise sanitaire, a accumulé un déficit record de plus de 400 milliards de dollars (G$) dans la dernière année ?

Selon Doug Porter, économiste en chef à BMO Groupe financier, ce déficit pourra être résorbé naturellement à mesure que l’économie rouvrira et se redressera. Toutefois, il s’attend à ce que « le déficit sous-jacent après la pandémie surpasse les tendances d’avant celle-ci et qu’il finisse par nécessiter une certaine forme de restriction ».

Il est toutefois d’avis que, cette année, le gouvernement fédéral sera « extrêmement réticent à imposer de nouveaux impôts » à la classe moyenne pour préserver la vigueur de l’économie.

ACCROÎTRE LES RECETTES FISCALES

Daniel Laverdière, directeur principal, Centre d’expertise chez Banque Nationale Gestion privée 1859, s’attend lui aussi à ce qu’il y ait davantage de mesures pour relancer l’économie plutôt que pour réduire les dépenses.

Il y a peu de chance, selon lui, que le gouvernement décide de revoir le taux d’inclusion des gains en capital, une mesure qui revient constamment sur le tapis. « Il est vrai qu’augmenter le taux amènerait des recettes supplémentaires, mais, en même temps, cela tue un peu la prise de risque alors qu’on veut relancer l’économie, explique-t-il. Les gens investissent en se disant qu’ils vont être récompensés au moment de la vente de leur entreprise ou de leur maison. En augmentant le taux d’inclusion à 75 % par exemple, ils seront plus hésitants. »

Selon lui, il faudra attendre le prochain budget pour voir des mesures visant à réduire le déficit. Cela dit, le gouvernement devra, à court terme, penser à faire rentrer de l’argent dans les coffres pour faire face « au grand déficit qui nous attend ». Parmi les pistes de solutions à envisager, il suggère notamment de revoir les plafonds pour le REER et le CELI.

« Actuellement, le plafond du CELI est mis par-dessus celui du REER ce qui profite surtout aux plus fortunés. Ce ne serait pas farfelu d’avoir un plafond commun qui serait plus bas », soutient-il.

Il suggère aussi d’abaisser les seuils de revenus pour la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV). « Pour conserver pleinement sa pension, un contribuable a le droit d’avoir des revenus de 80 000 $ environ. Le gouvernement pourrait dire que dorénavant, pour être admissible, le revenu de 80 000 $ inclurait le montant de la pension de vieillesse, donc 72 000 $ de revenu de retraite et de REER et 8 000 $ de PSV. L’idée d’abaisser ce seuil a déjà été évoquée dans le passé. Cela corrigerait en partie le problème de déficit de ces programmes alors que les coûts sont sans cesse croissants. »

Une autre mesure pour accroître les recettes publiques à long terme serait le déplacement des impôts sur le revenu vers les taxes à la consommation, une idée qui n’est pas nouvelle et qui a été reprise notamment par la Chaire en fiscalité en finances publiques dirigée par Luc Godbout. « Avoir plus de biens qui seraient taxés permettrait d’accroître l’assiette fiscale sans nuire à la consommation », affirme Daniel Laverdière.

Doug Porter, pour sa part, pense qu’Ottawa pourrait envisager une légère hausse du taux d’imposition des sociétés « si le taux aux États-Unis finit par augmenter ». Pour rappel, le président Joe Biden propose justement de faire passer ce taux de 21 % à 28 %.

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Sylvie Lemieux

Sylvie Lemieux est journaliste pour Finance et Investissement et Conseiller.ca. Auparavant, elle a notamment écrit pour Les Affaires.