Ces obligations canadiennes menacées par le risque climatique

Par Didier Bert | 22 août 2023 | Dernière mise à jour le 26 septembre 2023
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Ours blanc rugissant sur la banquise, devant la mer déchaînée.
Photo : Andrii IURLOV / 123RF

Les changements climatiques pourraient avoir un impact direct sur la note de crédit de certains émetteurs d’obligations canadiennes.

Des provinces et des municipalités canadiennes pourraient bien voir leur note de crédit se détériorer sous l’effet des changements climatiques, pointe un rapport des Principes pour l’investissement responsable (PRI), un réseau mondial de 5 000 investisseurs représentant 121 000 milliards de dollars en actifs.

En effet, la dépendance de l’Alberta et de la Saskatchewan à l’industrie des combustibles fossiles les rend à risque face aux changements en cours quant à la demande en carburants. Et c’est sans compter sur l’évolution de la réglementation, souligne Corporate Knights.

Par exemple, l’Alberta tire 17 % de ses revenus de l’exploitation des sables bitumineux. Le dossier de crédit de la province va donc progressivement intégrer le fait que ces revenus sont appelés à diminuer. En effet, les prix élevés du pétrole et du gaz pourraient bien fléchir à mesure que le monde s’adapte aux pénuries engendrées par la guerre en Ukraine. À endettement égal, la capacité de l’Alberta à honorer ses dettes est amenée à se réduire.

Pour l’agence DBRS Morningstar, la situation de la Saskatchewan s’est stabilisée grâce à la reprise des revenus tirés des ressources et des mesures de réduction du déficit budgétaire de la province. Mais l’agence signale aussi le risque légèrement négatif que représentent les coûts du carbone et des gaz à effet de serre (GES) de la province, en raison du différend avec Ottawa en matière d’élimination progressive de la production d’électricité à partir du charbon. Le gouvernement fédéral vise un abandon total d’ici 2035.

Ces deux provinces sont aussi sous la menace d’un risque sous-estimé dans les notes de crédit, celui du coût de la transition vers une économie décarbonée. L’Alberta est la province qui émet le plus de GES par habitant. Quant à la Saskatchewan, ses émissions représentent une part encore plus importante dans son économie que cela ne l’est pour sa voisine de l’ouest.

Finalement, les gouvernements de ces provinces pourraient se retrouver contraints d’émettre des obligations à taux d’intérêt plus élevés pour rester compétitifs sur les marchés obligataires canadiens et internationaux.

Pour l’heure, la situation demeure stable, mais fortement dépendante des prix du pétrole et du gaz.

Didier Bert

Didier Bert est journaliste indépendant. Il collabore à plusieurs médias sur les thèmes de l’économie, des finances et du droit.