Déjà plus de 700 plaintes liées à la PCU

Par La rédaction | 27 juillet 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Sonner la clochette pour signaler une plainte.
Photo : Sophie Walster / iStock

Le Centre antifraude du Canada a reçu plus de 700 plaintes concernant la Prestation canadienne d’urgence (PCU) en l’espace de trois mois, rapporte Le Journal de Montréal.

Et les centaines de cas officiellement recensés par l’organisme fédéral ne sont que la partie émergée du problème, affirment les experts consultés par le quotidien montréalais. « Tant que les gens n’auront pas fait leur déclaration de revenus, ils ne sauront pas s’ils ont été fraudés avec la Prestation. Ceux qui ont déposé une plainte sont les gens alertés du problème, les autres vont le savoir en voyant leur T4 à la fin de l’année », estime Paul Laurier, président de la firme de sécurité Vigiteck.

Si le Centre antifraude indique avoir reçu 713 « rapports de fraude d’identité » liés à la PCU entre le 6 mars et le 30 juin, l’Agence du revenu du Canada, elle, fait état de quelque 11 300 demandes de renseignement du public à ce sujet. Concrètement, celles-ci concernent des démarches possiblement frauduleuses impliquant la PCU, la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants ou la Subvention salariale d’urgence du Canada.

LA POINTE DE L’ICEBERG

« C’est la pointe de l’iceberg, le phénomène est largement sous-estimé. On s’attend à un raz de marée de fraudes liées à la Prestation. D’ailleurs, ça a déjà commencé », observe dans les colonnes du JdeM Karim Ganame, pdg de StreamScan. Depuis quelques jours, explique le journal, l’analyste est « inondé de personnes inquiètes qui se sont fait prendre avec des courriels ou des textos frauduleux » en lien avec de fausses demandes d’aide gouvernementale. « Avec les cas récents de vols de données chez Desjardins ou Capital One, les risques de se faire frauder explosent parce que les informations personnelles circulent déjà », note Karim Ganame.

Il y a quelques semaines, Le Journal avait déjà évoqué le cas d’un Montréalais dont l’adresse avait été utilisée par des cyberfraudeurs pour obtenir des codes d’accès leur permettant de recevoir la PCU. Si ce type d’arnaque pourrait être assez répandu, d’après les analystes consultés par le quotidien, il n’est cependant pas le seul aujourd’hui. Ex-enquêteur à la Sûreté du Québec puis formé par le Federal Bureau of Investigation américain, Paul Laurier juge que les cas de fraudes risquent aussi de provenir de l’intérieur même du système. « Il y a des gens qui vont dire : “Je n’ai pas eu ma PCU” alors qu’ils l’ont bel et bien mise dans leur compte de banque. Puis ils vont la redemander plusieurs fois, et sans qu’on sache qu’ils ont fraudé le système », détaille-t-il.

De son côté, Laurent Desaulniers croit plutôt que ces arnaques ne représentent qu’un aspect du problème. « Oui, il y a des fraudes, mais le coût économique et social s’il n’y avait pas eu ces types de programmes-là aurait été bien pire », soutient le directeur tests d’intrusion de GoSecure.

UNE MANIÈRE D’OPÉRER TRÈS SIMPLE

Dans son édition dominicale, La Presse met également en garde les jeunes Québécois et leurs parents contre « l’existence d’un stratagème par lequel un fraudeur prend contact avec sa victime sur les médias sociaux afin de lui faire miroiter la possibilité de faire de l’argent facile, rapide et d’une manière légale ».

Le modus operandi des escrocs est fort simple, explique le quotidien. Dans un premier temps, ils publient sur leur profil des photos ou des vidéos destinés à appâter leurs futures proies (représentant par exemple des liasses de billets, des objets luxueux ou des relevés bancaires bien pourvus en dollars, censés prouver que la PCU permet de s’enrichir à bon compte). Par la suite, les arnaqueurs contactent leurs victimes en leur expliquant qu’elles ont juste à leur « prêter » leur compte bancaire pour y déposer des chèques ou des dépôts directs (le montant atteint parfois plusieurs milliers de dollars). Une fois cette opération réalisée, ajoutent-ils, ses « bénéficiaires » n’ont plus qu’à retirer l’argent ainsi récolté.

La Sûreté du Québec avertit que toute personne participant à cette fraude risque gros, notamment de voir son dossier entaché auprès de son institution financière pour « usage frauduleux d’un compte bancaire ». Toute offre de gagner « facilement » de l’argent est a priori suspecte, insiste la SQ, qui appelle les consommateurs à la plus grande prudence. « Soyez vigilant, c’est une arnaque. Protégez vos renseignements personnels. Ne prêtez jamais votre carte de débit et ne divulguez pas vos informations bancaires », met notamment en garde le corps policier. Pour obtenir de l’aide ou signaler une fraude, ajoute-t-il, un consommateur peut toujours communiquer avec son service de police local ou avec le Centre antifraude du Canada (1 888 495-8501).

La rédaction