Il y a dix ans, la Bourse touchait le fond du baril

Par La rédaction | 11 mars 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Il faut toucher le fond pour remonter, dit-on. Cet adage s’applique bien à la performance de la Bourse de New York depuis le fameux 9 mars 2009, où elle avait chuté à son plus bas niveau de la crise financière.

L’Agence France-Presse rappelle que ce jour-là, le S&P 500 avait clôturé à 676,53 points, portant son effondrement total à 57 % en 17 mois. Il avait même atteint les 666 points, avant de remonter très légèrement. « Ça faisait des mois que le marché dégringolait et rien ne semblait l’arrêter », se souvient Art Hogan, stratège en chef à National Holdings. 

Malgré un petit rebond en octobre 2008, personne ne voulait se commettre en premier et initier la reprise. « Tous les jours on entendait de mauvaises nouvelles, poursuit Art Hogan. La faillite de Bear Stearns, le rachat de Merryll Lynch, le sauvetage d’AIG, de Ford, de GM. Des politiques monétaires dont on n’avait jamais entendu parler. C’était juste incroyable. On mourait à petit feu. »

Personne n’arrivait alors à prédire exactement où se situait le plancher. Pourtant, à partir de ce jour funeste, le marché a amorcé une forte remontée, battant même un record de longévité sans connaître de dépression majeure.

DÉCENNIE DE RÊVE AUX ÉTATS-UNIS, MAIS PAS PARTOUT

En une décennie, l’indice a gagné pas moins de 17 500 milliards de dollars, selon S&P Dow Jones Indices. S’ajoute à cela 3 300 milliards de dollars de dividendes versés par les entreprises du S&P 500 et de juteux programmes de rachat d’actions. Il s’agit d’un rendement annuel de 17,68 %. Depuis mars 2009, jamais l’indice S&P 500 n’a baissé de plus de 20 %. Rappelons tout de même que la crise était passée par là. Si l’on démarre le calcul à partir de 1999, le taux de croissance annuel moyen du S&P 500 est de 5,5 %.

Non pas qu’il n’y ait pas eu de nuages noirs à l’horizon. La crise de la dette en Europe au printemps 2010 et à l’été 2011, la dégradation de la cote de crédit des États-Unis par les agences de notation en 2011, la chute des cours du pétrole à l’été 2015 et à l’hiver 2016 et les inquiétudes récentes face à l’économie chinoise ont tous fait frémir les acteurs du marché. Wall Street a toutefois su résister à ces aléas.

Ce n’est pas nécessairement le cas d’autres places boursières. Les indices MSCI des pays développés hors États-Unis et des pays émergents n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’avant la crise de 2008, souligne Nicholas Colas, du cabinet de recherche Data Trek. 

Les rendements boursiers plutôt faibles, si on les analyse sur une période de 20 ans, ont par ailleurs beaucoup fait pour mousser la popularité des produits bon marché tels les fonds indiciels et les robots-conseillers, ajoute-t-il. D’autres classes d’actifs, comme l’investissement dans des entreprises non cotées ou des startups, ont aussi connu un regain de popularité. 

LA PROSPÉRITÉ TIRE-T-ELLE À SA FIN?

Reste la grande question : est-ce la fin du cycle haussier ? Pas selon Jeffrey Mills, directeur exécutif de PNC Financial Services Group. Il soutenait récemment sur CNBC qu’il faut s’attendre à atteindre de nouveaux sommets cette année et que les craintes de ralentissement économique, notamment aux États-Unis, sont exagérées. À son avis, la Chine pourrait encore une fois venir à la rescousse de l’économie mondiale, notamment en soutenant les revenus des champions de Wall Street comme Apple et NVIDIA.

Warren Buffett semble lui aussi confiant. Toujours sur CNBC, il affirmait récemment que s’il avait le choix entre investir dans le S&P 500 ou acheter une obligation sur dix ans, il choisirait la première option sans hésiter.

Forbes rappelle pour sa part que même si l’on s’attend à ce que le marché connaisse des jours moins roses bientôt, ce n’est peut-être pas le bon moment pour en sortir. Les rendements ont généralement tendance à être passablement plus élevés dans les douze mois avant une récession que dans les deux ou trois ans qui la précède. 

La rédaction