Immobilier : faut-il hausser la mise de fonds minimale?

Par La rédaction | 22 mai 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Certains acteurs de l’industrie immobilière suggéraient récemment d’augmenter la mise de fonds minimale requise à l’achat d’une maison pour les premiers acheteurs. Une fausse bonne idée, répond un expert dans le Financial Post. 

Evan Siddall, président de la Société canadienne d’hypothèques et de logements (SCHL), a ainsi proposé de la faire passer de 5 à 10 % lors d’une allocution prononcée devant le comité permanent des finances de la Chambre des communes.

Il exprimait alors son inquiétude face à l’endettement croissant des ménages, dans lequel l’hypothèque occupe une part très importante. Selon lui, augmenter la mise de fonds donnerait un plus grand coussin à ces acheteurs au cas où ils devraient vendre leur propriété à perte.

DES CONSÉQUENCES INATTENDUES

Murtaza Haider, professeur de gestion immobilière à l’Université Ryerson, croit que cette mesure pourrait en fait accélérer la baisse des prix dans l’immobilier, augmentant ainsi le risque que certains vendent à perte. L’augmentation de la mise de fonds minimale placerait certains acheteurs devant un choix : acheter une propriété plus petite ou moins onéreuse ou attendre plus longtemps avant d’acquérir la demeure de leurs rêves.

S’ils choisissent la première option, cela fera basculer une partie de l’activité immobilière des propriétés plus chères vers les plus abordables. Le prix moyen des maisons déclinera donc, croit M. Haider. Les acheteurs pourraient aussi se diriger vers les banlieues et la campagne, augmentant ainsi l’étalement urbain.

Ceux qui décideront d’attendre avant d’acheter continueront pour leur part de louer un logement. Or, cette dynamique, jumelée aux mesures gouvernementales qui interdisent l’éviction des locataires en raison de la pandémie, pourrait entraîner la demande locative à la hausse.

M. Haider souligne aussi que certains ménages pourraient réduire leurs dépenses afin d’épargner plus rapidement leur mise de fonds, cela au moment où les gouvernements s’échinent à maintenir les niveaux de consommation pour préserver et relancer l’économie. 

DES MESURES MIEUX CIBLÉES

Le professeur admet bien sûr qu’il faut présentement porter une attention particulière aux emprunteurs hypothécaires. M. Siddall révélait dans sa présentation que 12 % d’entre eux ont déjà demandé un congé de paiement. D’ici au mois de septembre, il s’attend à ce qu’un sur cinq ait un retard sur ses versements. La SCHL prévoit aussi que le prix des propriétés décline de 9 à 18 % au cours des 12 prochains mois. Quant à l’endettement, son ratio par rapport au PIB devrait atteindre 130 % au troisième trimestre.

M. Haider souhaite voir des mesures qui visent à protéger les jeunes ménages des risques et d’autres dont la cible est de sécuriser des emplois. Selon lui, ces interventions seront plus efficaces que d’augmenter les exigences de mise de fonds initiale.

La rédaction