Inflation : La cible de 2 % pourrait prendre le bord en 2024

Par La rédaction | 21 février 2024 | Dernière mise à jour le 20 février 2024
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Bien malin qui pourra dire où se dirigera l’économie au cours des prochains mois. Hausse ou baisse de l’inflation ? Les économistes ne s’entendent pas sur la question, rapporte Avantages, qui a assisté à un panel sur les prévisions économiques 2024 organisé par l’Association de la retraite et des avantages sociaux du Québec (ARASQ).

La tendance vers une certaine démondialisation et le rôle plus grand joué par les facteurs d’offre dans l’économie pousseront l’inflation à la hausse dans les prochaines années, croit Frances Donald, économiste en chef à Gestion de placements Manuvie.

D’un autre côté, l’économiste François Trahan est persuadé qu’un atterrissage en douceur après un cycle de hausses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) est un scénario hautement improbable.

Il prévoit plutôt un ralentissement en deuxième moitié d’année 2024, suivie d’une année 2025 morose. Selon son scénario, la reprise des anticipations de croissance des bénéfices n’arriverait qu’en 2026, soit plus de deux ans après la dernière hausse du taux directeur de la Fed.

LA RÉCESSION, PAS UNE FATALITÉ

Les chances de voir une récession s’installer aux États-Unis sont de 50 %, estime Sébastien Rhéaume, directeur principal et membre fondateur d’AlphaFixe Capital. Et si elle survient, elle se matérialisera davantage en 2025 qu’en 2024. Il juge que la récession n’est pas une fatalité et qu’elle pourrait être évitée en 2024, car deux industries très cycliques, la construction et la fabrication, sont en croissance aux États-Unis.

Le faible endettement des ménages américains contribue également à la résilience de l’économie chez les voisins du Sud. Seule ombre au tableau qui pourrait changer la donne : le déficit public américain, qui a atteint un niveau inégalé en période d’expansion économique.

Le Canada est moins bien équipé que les États-Unis pour éviter une récession, car les ménages y sont plus endettés. Ils sont également plus vulnérables aux variations de taux d’intérêt en raison des prêts hypothécaires, dont les taux sont renégociés tous les cinq ans au maximum.

TAUX D’INFLATION PLUS ÉLEVÉS

Dans ce contexte, pour préserver l’économie, les banques centrales devront peut-être accepter des taux d’inflation plus élevés que la cible de 2 % adoptée chez les pays industrialisés, croit Frances Donald.

Elle considère que le taux directeur des banques centrales n’est plus un levier aussi puissant pour contrôler l’inflation quand l’économie mondiale est davantage déterminée par des facteurs d’offre, comme c’est le cas actuellement.

Les banques centrales ne voudront pas faire souffrir l’économie outre mesure pour atteindre la cible de 2 % et pourraient donc tolérer un taux plus élevé, croit Sébastien Rhéaume. Si les taux d’intérêt demeurent élevés, les entreprises pourraient avoir de la difficulté à refinancer leurs dettes, ce qui pourrait être fatal à certaines d’entre elles.

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La rédaction