La Banque du Canada enregistrera des pertes

Par La rédaction | 26 septembre 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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En raison de sa lutte contre la déflation pendant la COVID-19 et les actions qu’elle doit maintenant prendre pour faire face à l’explosion de l’inflation, la Banque du Canada (BdC) est en passe de perdre de l’argent pendant une période prolongée. Ainsi, pour la première fois en 87 ans d’histoire, la banque centrale prévoit des pertes pour les trois prochaines années, rapporte Financial Post.

« Nous nous attendons à ce que le revenu net d’intérêt de la banque soit négatif lorsque nos résultats du troisième trimestre seront publiés le 29 novembre », a affirmé la banque centrale dans un communiqué récent fourni initialement au Toronto Star.

« Les frais d’intérêt de la banque augmentent en raison des hausses du taux d’intérêt que nous payons sur les dépôts », explique-t-elle dans ce même document.

Il faut savoir que la BdC est habituellement rentable, car son passif est constitué presque entièrement de billets de banque, qui ne rapportent pas d’intérêts, tandis que l’actif de la banque centrale rapporte des intérêts.

Toutefois, la situation a quelque peu changé récemment. La banque centrale a ainsi déployé une politique d’assouplissement quantitatif pendant la COVID-19, inondant le système financier de l’équivalent de centaines de milliards de dollars afin de maintenir une pression à la baisse sur les taux d’intérêt et d’accroître la capacité des banques à prêter de l’argent.

Au départ, sa politique d’assouplissement quantitatif a fait bondir les revenus nets d’intérêts de la BdC de près de 20 % en 2021 par rapport à 2020, pour atteindre environ 3,1 milliards de dollars (G$). Mais depuis la situation s’est inversée…

Cela s’explique, car la BdC a été obligée d’adopter une tout autre tactique. Récemment, elle a commencé à augmenter ses taux d’intérêt en plus de mettre fin aux achats d’actifs.

Elle ne pouvait ainsi continuer sa politique d’assouplissement quantitatif, car si cela a bien fonctionné, ça a plongé l’économie dans une phase de « demande excédentaire », et ce, à un moment où les chaînes d’approvisionnement sont malmenées.

En raison de ce retournement de politique, la banque centrale s’attend à enregistrer des pertes pour les trois prochaines années. Elle n’est toutefois pas la seule banque centrale à être confrontée à ce défi. Ainsi, d’autres banques centrales, comme celle de la Nouvelle-Zélande, peuvent compter sur leurs réserves. Toutefois, la Loi sur la Banque du Canada ne permet pas à Tiff Macklem, le gouverneur général de la BdC, de conserver le revenu net des années précédentes pour faire face aux déficits futurs.

En effet, cette loi stipule que la banque centrale doit verser ses bénéfices au Trésor fédéral à la fin de chaque exercice financier. Jusqu’à récemment, elle envoyait environ 1 G$ par an. À l’inverse, aucune disposition n’oblige le gouvernement fédéral à indemniser la banque centrale.

Pour faire face à la situation, la Banque du Canada a déclaré dans son communiqué qu’elle a cessé de verser des intérêts sur les réserves du gouvernement afin de réduire son passif.

Si la situation est particulière, elle n’est pas catastrophique. La mission de la BdC n’est pas de faire de l’argent, rappelle ainsi l’économiste en chef adjoint de CIBC Capital Markets, Benjamin Tal. Et absorber une perte pour éviter ce qui aurait pu être une terrible récession est, selon lui, un compromis acceptable.