La lutte à l’inflation est dans son « dernier mille »

Par Nicolas Ritoux | 21 novembre 2023 | Dernière mise à jour le 21 novembre 2023
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Hommes d'affaires s'adonnant à une course à obstacles.
Photo : Sira Anamwong / 123RF

Il est possible de voir la Banque du Canada baisser ses taux au second trimestre, croit Avery Shenfeld, économiste en chef à la CIBC.

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« Beaucoup d’entre nous ont applaudi la décision de la Banque du Canada de laisser ses taux intouchés lors de la dernière réunion de ses dirigeants. Il est clair que l’inflation demeure élevée mais l’économie a vu sa croissance ralentir au cours des derniers mois, et cela se traduira ultimement par une baisse de l’inflation. Nous nous trouvons au bord de la récession et la Banque du Canada préfère donc attendre de voir ses politiques faire leur effet », dit Avery Shenfeld.

Il compare l’institution à une auto dont il faut tourner le volant plusieurs blocs à l’avance en prévision du tournant souhaité. En effet, l’effet des hausses de taux prend plusieurs mois à se faire sentir, sous la forme d’une hausse du chômage et d’une stabilisation des prix et des salaires. Les Canadiens devront simplement user de patience pour voir l’inflation ralentir. 

Ensuite viendra le temps de baisser les taux. Selon lui, il faudra que le chômage se maintienne au-dessus de la barre des 6 % et que l’inflation baisse significativement avant de voir la Banque du Canada faire marche arrière. 

« Je ne crois pas qu’ils attendront d’atteindre 2 % d’inflation globale, car celle-ci est gonflée par les remboursement hypothécaires. Ils observeront plutôt l’évolution de certaines composantes spécifiques de l’inflation », analyse Avery Shenfeld.

En tout cas, les pics d’inflation de l’an dernier sont « bien derrière nous », affirme-t-il, « et pas seulement au Canada. »

En effet, l’inflation a passé un pic aux États-Unis et dans plusieurs pays, et pas forcément à cause des hausses de taux, mais plutôt en raison de la résolution des problèmes de chaînes d’approvisionnement dans la foulée de la pandémie, de la reprise de l’économie chinoise, et de la guerre en Ukraine. Le pétrole russe n’a finalement pas été coupé des marchés comme on le prévoyait, et le grain ukrainien a aussi pu être exporté. Cela a fait baisser l’inflation partout dans le monde. »

Nous sommes maintenant entrés dans le « dernier mille », croit l’expert, et c’est maintenant que nous devons traverser un ralentissement économique au niveau mondial avant de voir les prix se stabiliser. 

« Nous sommes dorénavant en mode attente, car tout comme la Banque du Canada et la Fed, nous surveillons la manière dont le ralentissement économique actuel se traduit sur le marché du travail. Nous croyons que le point de bascule surviendra plus tard aux États-Unis qu’au Canada. L’économie américaine demeure vigoureuse et cela pourrait pousser la Fed à monter de nouveau ses taux », dit Avery Shenfeld.

Sa prévision : la baisse de taux ne surviendra pas avant le second semestre 2024 aux États-Unis, tandis qu’elle pourrait se produire dès le second trimestre au Canada.

« Les foyers américains sont moins endettés que les canadiens et ne sont donc pas aussi affectés par des taux élevés. Leurs taux hypothécaires sont verrouillés sur 30 ans. Notre économie aura plus rapidement besoin que la leur d’un soutien du gouvernement sous la forme d’une baisse de taux. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

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Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.