La RBC défend son accord avec HSBC

Par La Presse Canadienne | 7 Décembre 2023 | Dernière mise à jour le 6 Décembre 2023
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Homme se protégeant avec un bouclier.
Photo : lassedesignen / 123RF

Le président et chef de la direction de la Banque Royale du Canada, Dave McKay, a fait certains de ses commentaires les plus percutants à ce jour sur l’importance, pour le gouvernement fédéral, d’approuver le rachat de HSBC Canada par la banque pour 13,5 milliards de dollars (G$), alors que l’opération suscite une opposition croissante.

S’exprimant lors d’une conférence téléphonique pour discuter des résultats de la banque au quatrième trimestre après avoir annoncé une hausse des bénéfices, Dave McKay a fait valoir qu’un rejet de l’accord donnerait une mauvaise image au pays.

« Ce serait un très mauvais signal pour les investisseurs étrangers de ne pas aller de l’avant dans ce sens, car nous devons attirer des capitaux dans ce pays », a-t-il martelé.

« Tout le monde comprend que HSBC s’en va, qu’elle a fait le choix de partir, et que cela aurait l’air horrible pour le Canada si vous ne permettiez pas la libre circulation des capitaux. »

Ses commentaires interviennent après que le comité des finances de la Chambre des communes a demandé, début novembre, à la ministre des Finances de bloquer l’accord, craignant qu’il nuise à la concurrence, bien que les députés libéraux se soient abstenus lors du vote.

Le chef conservateur Pierre Poilievre a également demandé en octobre le blocage de l’accord, relevant la conclusion du Bureau de la concurrence selon laquelle la banque jouait un rôle de perturbateur pour les taux hypothécaires et que sa perte pourrait obliger les Canadiens à payer des taux plus élevés.

Une coalition de groupes antimonopoles, environnementaux et autochtones a également lancé une campagne le 23 novembre dans le but de mettre fin à l’accord.

Lors de la conférence téléphonique du 30 novembre dernier, Dave McKay a insisté sur le fait que l’accord était bon pour le Canada, avec une augmentation des impôts et des dividendes qui resteraient au pays, et qu’il avait été étudié en profondeur par le Bureau de la concurrence, qui lui a accordé son feu vert.

« Ils ont fait preuve d’une grande diligence dans le cadre d’un processus étendu comportant des dizaines de milliers de documents. Nous devons respecter le processus. Et par conséquent, je reste confiant étant donné que tout le monde, à tous les niveaux, comprend les avantages et pourquoi cela est bon pour le Canada, et pourquoi ne pas le faire est très mauvais pour le Canada. »

La banque a déjà travaillé à préparer l’intégration de l’acquisition, déclarant 203 millions de dollars (M$) de dépenses afférentes au quatrième trimestre.

Ces dépenses ont ajouté trois points de pourcentage à la croissance de 13 % des dépenses par rapport à l’année précédente.

LICENCIEMENTS

Parmi les autres facteurs de dépenses figurent les indemnités de départ, alors que l’entreprise effectuait les licenciements annoncés à la fin du troisième trimestre.

Par rapport à la fin du deuxième trimestre, la Banque Royale a supprimé les postes de 3000 employés à temps plein, soit environ 3,2 % de son effectif.

La banque a également augmenté sa provision pour pertes sur créances à 720 M$, contre 381 M$ un an plus tôt, en raison des inquiétudes sur l’environnement macroéconomique.

Cette augmentation survient alors que Dave McKay a déclaré qu’un ralentissement économique était déjà observé. Les indicateurs signifient que des hausses de taux seront probablement réalisées même si les emprunteurs seront toujours sous pression, a-t-il précisé.

« Compte tenu de l’atténuation des pressions sur les prix, nous pensons que les banques centrales ont atteint la fin du cycle de resserrement et qu’elles se tourneront vers des baisses de taux en 2024, même si les taux devraient rester supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie. »

Ses commentaires surviennent alors que Statistique Canada a annoncé le 30 novembre que le PIB canadien avait reculé de 1,1 % sur une base annualisée au troisième trimestre.

Malgré une hausse des dépenses et des provisions, la Banque Royale a déclaré un bénéfice de 4,13 G$, ou 2,90 $ par action, pour le trimestre terminé le 31 octobre, contre 3,88 G$, ou 2,74 $ par action, un an plus tôt.

Les revenus ont totalisé 13,03 G$ au cours du dernier trimestre de la banque, contre 12,57 G$ au même trimestre de l’année dernière, tandis que la provision pour pertes sur créances de la banque a bondi à 720 M$, contre 381 M$ un an plus tôt.

Sur une base ajustée, la Banque Royale a gagné 2,78 $ par action au cours de son dernier trimestre, un chiffre inchangé par rapport au même trimestre de l’année dernière.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 2,62 $ par action, selon les estimations compilées par la société de données financières Refinitiv.

À la fin de la conférence, Dave McKay a souligné les solides liquidités de la banque, ses efforts de réduction des dépenses et sa volonté de racheter HSBC Canada.

« Vous pouvez voir la voie à suivre pour pouvoir absorber HSBC, continuer à constituer du capital, allouer du capital à la croissance et commencer à rendre du capital aux actionnaires dans un avenir proche. »

La banque a également annoncé jeudi une augmentation du dividende. Elle versera désormais un dividende trimestriel de 1,38 $ par action, en hausse de 3 cents par rapport à celui de 1,35 $.

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