Le pouvoir d’achat des ménages québécois résiste à l’inflation

Par Carole Le Hirez | 4 janvier 2024 | Dernière mise à jour le 3 janvier 2024
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Une femme en état de choc regarde un chèque en papier d'un supermarché dans un centre commercial sur fond d'escalator et tient un paquet avec des produits frais, une augmentation des prix.
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Malgré l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, le pouvoir d’achat des familles québécoises s’est globalement amélioré entre 2019 et 2023, révèle un rapport de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, qui a examiné diverses catégories de ménages pour évaluer leur capacité d’achat, en fonction du niveau de revenu et des prix.

L’étude dirigée par le professeur et chercheur principal Luc Godbout analyse l’évolution du pouvoir d’achat des personnes seules, des couples sans enfants, des couples avec enfants, des familles monoparentales, des personnes seules âgées de 65 à 69 ans et de 70 ans et plus, ainsi que des couples aînés des mêmes tranches d’âge. Elle prend en compte trois niveaux de revenu – modeste, médian et élevé –pour chacune de ces catégories.

La recherche montre que le pouvoir d’achat des ménages québécois s’est amélioré dans 21 des 24 situations étudiées en 2023 par rapport à 2019. Malgré les défis budgétaires ressentis par les consommateurs, Luc Godbout indique que les données montrent une évolution positive.

Les familles monoparentales avec un revenu modeste, celles avec un revenu médian, et les personnes seules âgées de 65 à 69 ans avec un revenu inférieur à la moyenne sont les ménages qui ont vu leur pouvoir d’achat se détériorer le plus en 2023 par rapport à 2019. Cette dégradation s’explique par le fait que les salaires ont augmenté moins vite que le coût de la vie.

Malgré ces observations, les chercheurs concluent que, dans l’ensemble, si la baisse du taux d’inflation se réalise, les ménages québécois pourraient maintenir ou rattraper leur niveau de vie après quelques années difficiles.

PRÉVISIONS POUR 2024

En 2024, Luc Godbout croit que les aînés seuls de 65 à 69 ans avec un revenu modeste, pourraient voir leur pouvoir d’achat diminuer en 2024 par rapport à 2023, de même que les personnes seules de 70 ans et plus, quel que soit leur niveau de revenu. Cependant, le rapport souligne que le pouvoir d’achat de cette catégorie reste plus élevé pour tous les niveaux de revenu en 2024 par rapport à 2019.

Les couples de 70 ans et plus pourraient subir une légère diminution du pouvoir d’achat en 2024 pour tous les types de revenu. De plus, les couples de 65 à 69 ans avec un revenu supérieur à la moyenne connaîtront la même situation.

L’étude signale par ailleurs que la majorité des ménages québécois a pu maintenir, voire améliorer, leur pouvoir d’achat au cours des quatre dernières années, principalement en raison de l’augmentation générale des revenus d’emploi et des allocations gouvernementales.

L’étude prend en compte la baisse d’impôt de 2023 et les aides ponctuelles accordées entre 2020 et 2023, comme les versements uniques de l’Allocation canadienne pour enfants, les « chèques d’aide à l’inflation » du gouvernement du Québec en 2022 et le « remboursement pour l’épicerie » du gouvernement fédéral en 2023.

Même si la baisse du pouvoir d’achat n’a touché que certaines catégories de ménages en 2023, 72,2 % des Québécois ont ressenti une dégradation, selon l’étude. Cet écart entre l’inflation perçue et observée s’explique par le fait que de nombreux consommateurs fondent leur opinion sur leur expérience d’achat. Or, les prix ont augmenté dans des secteurs qui touchent leur quotidien, tels que l’alimentation et l’énergie.

Comparativement à 32 États membres de l’OCDE, le Québec se positionne parmi les meilleurs, affichant une amélioration du pouvoir d’achat pour les six catégories de ménages types étudiés (célibataire, couple sans enfants, etc.). Le Québec surpasse également l’ensemble du Canada dans ces comparaisons, se classant régulièrement parmi les cinq premiers et atteignant la deuxième place à trois reprises.

L’étude conclut que « les résultats de l’étude jumelés à la tendance baissière du taux d’inflation – peut-être lente, mais assurément à la baisse – sont encourageants quant à la possibilité que les ménages québécois réussissent à maintenir ou rattraper leur niveau de vie après quelques années plus difficiles ».

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Carole LeHirez

Carole Le Hirez

Carole Le Hirez est journaliste pour Finance et Investissement et Conseiller.ca. Auparavant, elle a notamment écrit pour Les Affaires.