Le taux directeur pourrait atteindre 5 % cette semaine

Par La Presse Canadienne | 10 juillet 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Édifice de la Banque du Canada à Ottawa.
Photo : Taxiarchos228 / Wikimedia Commons

Des experts s’attendent à ce que la Banque du Canada augmente la semaine prochaine son taux directeur, car l’état de l’économie demeure précaire.

La décision sera annoncée mercredi. Le mois dernier, la banque centrale canadienne avait augmenté son taux directeur d’un quart de point pour le porter à 4,75%.

Pour justifier sa décision de mettre un terme à la pause des hausses du taux directeur, la Banque du Canada avait indiqué que « l’accumulation de données depuis janvier était suffisante pour convaincre le Conseil que la politique monétaire devait être plus restrictive pour rééquilibrer l’offre et la demande, et ramener l’inflation à la cible de 2 % ».

L’économiste en chef de la firme Deloitte, Dawn Desjardins, affirme que les récentes données semblent signaler que l’économie prend une nouvelle tournure. Par exemple, le dernier rapport sur l’emploi indiquait que le taux de chômage avait augmenté et que la croissance des salaires avait ralenti.

Le tableau global laisse toutefois entendre que l’inflation demeure vigoureuse, la croissance des salaires est élevée et l’économie est agitée.

« Je pense réellement que les choses sont en train de changer. Changent-elles assez rapidement au goût de la Banque du Canada? Peut-être pas », souligne Dawn Desjardins.

La Banque du Canada n’a pas dévoilé ce qu’elle comptait faire en juillet, lançant peu de signaux vers les marchés financiers. Elle s’est contentée de dire que son conseil de direction prendra une décision fondée sur les prochaines données économiques.

L’institution examine attentivement ce qui se passe sur le marché du travail. Elle a déjà prévenu que la croissance des salaires « se maintenait au-dessus des taux qui permettraient d’atteindre la cible d’inflation de 2 % sans hausse substantielle de la productivité ».

L’économie a créé 60 000 emplois en juin, stimulée par des gains dans le travail à temps plein, a indiqué vendredi Statistique Canada. Mais alors que de plus en plus de Canadiens cherchaient du travail et que la population continuait de croître, le taux de chômage a grimpé à 5,4%, son plus haut niveau en un an.

Le salaire horaire moyen a augmenté de 4,2 % en juin par rapport à un an plus tôt, après avoir progressé de 5,1 % en mai (données non désaisonnalisées).

Dans sa récente Enquête sur les perspectives des entreprises, la Banque du Canada notait que celles-ci « elles ne prévoient plus que les coûts liés à la main-d’œuvre entraîneront d’autres pressions haussières sur la croissance du prix de leurs extrants dans la prochaine année ».

Le directeur principal de l’équipe de l’Économie canadienne au sein du Mouvement Desjardins, Randall Bartlett, estime que le marché du travail demeure serré.

« On constate encore une grande vigueur soutenant le marché du travail canadien. On peut s’attendre à ce que le taux directeur approche les 5 % », soutient-il.

La croissance des prix a ralenti depuis l’an dernier. En mai, le taux d’inflation s’est élevé à 3,4 %, une forte baisse depuis le sommet de 8,1 % atteint l’été dernier. Mais une grande partie de cette baisse est attribuable à une baisse des prix de l’énergie, les prix dans les autres secteurs de l’économie ont continué de grimper.

En réalité, l’inflation de base, qui exclut les catégories de prix les plus instables, a accéléré en mai.

La Banque du Canada et des économistes du secteur privé disent que le véritable défi est de ramener le taux d’inflation à 2%.

Les économistes s’attendaient à une récession, mais l’économie a continué de croître, même si les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi élevés depuis plusieurs décennies.

C’est la raison pour laquelle Randall Bartlett croit que la Banque du Canada a raison de demeurer aussi vigilante.

« La Banque tente d’établir les bases pour ramener de façon durable l’inflation vers les 2 % », avance-t-il.

La Presse Canadienne