Les promesses électorales des libéraux 

Par Sylvie Lemieux | 29 septembre 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Andriy Popov / 123RF

Qu’est-ce que l’élection d’un nouveau gouvernement libéral minoritaire pourrait changer pour les finances personnelles des Canadiens ? Pour le savoir, nous avons fait le tour de quelques-unes des promesses électorales du parti de Justin Trudeau avec Daniel Laverdière, directeur du centre d’expertise de Banque Nationale Gestion privée 1859.

Une des nouvelles promesses, c’est l’introduction d’un Régime enregistré d’épargne-propriété (REEP) pour faciliter l’achat d’une première maison. À première vue, la création d’un compte libre d’impôt semble attrayante d’autant plus que l’accès à la propriété se resserre encore plus depuis quelques mois. Il offre la possibilité aux premiers acheteurs de sortir 40 000 $ de leur REER sans payer d’impôt et, à la différence du Régime d’accession à la propriété (RAP), sans devoir rembourser le montant.

Pour Daniel Laverdière, ce n’est pas certain que ce soit une bonne affaire puisque le particulier devra sacrifier ses droits de cotisation REER à jamais.

« Perdre ses droits, cela a une valeur, affirme-t-il. Si la personne fait l’achat de sa première maison au début de la quarantaine, cela veut dire qu’elle perd une bonne trentaine d’années de rendement accumulé. »

Des calculs s’imposent donc pour évaluer différentes hypothèses de rendement et d’imposition pour déterminer à combien s’élèveront nos avoirs après 60 ans selon que l’on utilise le REEP ou que l’on pige dans son épargne non enregistrée.

« Règle générale, on en sort gagnant, mais ça peut aussi être à coût nul, affirme Daniel Laverdière. Par contre, ceux qui ont des investissements en action ont plus de chances de sortir gagnant avec le REEP en raison des règles d’imposition. »

Le REEP devrait entrer en vigueur en juillet 2022, si l’on se fie au document déposé au Bureau du directeur parlementaire du budget.

« Il faut aussi se demander si la personne qui utilise le REEP sera davantage tentée d’acheter une propriété au prix trop élevé pour ses moyens financiers. Il ne faudrait pas que les gens soient pris à la gorge à cause de ce nouveau régime ou que celui-ci participe à la hausse du prix des maisons », ajoute-t-il.

PROLONGER SA CARRIÈRE

Les libéraux ont aussi promis l’introduction d’un nouveau crédit d’impôt pour prolongation de carrière qui s’adresse aux 65 ans et plus. En cette période de rareté de la main-d’œuvre, cela pourrait aider les entreprises à pourvoir des postes vacants.

« C’est presque un copié-collé de celui offert au Québec quant aux seuils de revenu. Seule différence, celui du provincial est aussi offert aux personnes de 60 à 64 ans », explique Daniel Laverdière.

Pour les personnes gagnant plus de 5 000 $ et moins de 16 000 $, le crédit d’impôt non remboursable sera de 15 % du revenu d’emploi. Il sera de 1 650 $ pour les contribuables gagnant de 16 000 $ à 35 650 $ (soit 15 % de 11 000 $). Pour ceux dont le revenu est supérieur à 35 650 $, le crédit diminuera de 5 % par dollar dépassant ce seuil.

Ce crédit d’impôt devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2022. « Il sera possible de le demander aux deux paliers de gouvernement », précise M. Laverdière.

AIDE AUX AÎNÉS

Bonifier le Supplément de revenu garanti (SRG) est une autre des promesses des libéraux.

Le SRG augmenterait de 500 $ par an pour les personnes de 65 ans et plus qui vivent seules et de 750 $ pour celles qui vivent en couple.

Selon Daniel Laverdière, c’est toujours difficile de comprendre tous les paramètres d’une telle promesse sans savoir à quelle portion du SRG le montant va s’ajouter. Rappelons que le SRG est composé d’un montant de base et d’un complément qui, lui, est récupéré par l’État au fur et à mesure que les revenus augmentent. L’impact fiscal ne sera donc pas le même selon que le 500 $ (ou le 750 $) s’ajoute au montant de base ou au supplément. Il faut donc attendre d’avoir des précisions à ce sujet avant de déterminer si cette mesure profitera réellement aux aînés.

CONTRER LE PHÉNOMÈNE DES FLIPS ?

Un nouvel impôt pourrait apparaître au prochain budget fédéral, soit l’Impôt pour l’achat ou la revente précipitée d’une résidence.

Cette mesure éliminerait l’exemption pour résidence principale accordée aux personnes qui vendent leur résidence principale dans les 12 mois suivant son achat. Les gains provenant de la vente seraient alors imposables.

« À première vue, on peut penser que cette mesure vise les propriétaires qui font des flips, explique Daniel Laverdière. Or, de nombreuses circonstances de la vie peuvent entraîner la vente d’une maison dans un court laps de temps après son achat, que ce soit une mutation dans une autre ville, un divorce, la maladie. »

« Je me questionne sur la faisabilité d’une telle mesure. On est en droit de se demander si elle vise la bonne cible d’autant plus qu’il y a déjà une mesure pour taxer ceux qui rénovent dans le but d’une vente rapide. La notion de vente précipitée devrait être éclaircie », affirme Daniel Laverdière.

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Sylvie Lemieux

Sylvie Lemieux est journaliste pour Finance et Investissement et Conseiller.ca. Auparavant, elle a notamment écrit pour Les Affaires.