Positionner son portefeuille pour la reprise

Par La rédaction | 10 avril 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Galina Peshkova / 123RF

Les marchés financiers se montrent pour l’heure assez complexes à déchiffrer. Un gestionnaire de portefeuille de Franklin Templeton a récemment livré son analyse de la situation actuelle et de ce qui pourrait survenir dans les prochains trimestres, lors d’une présentation en ligne.

Michael Greenberg, vice-président et gestionnaire de portefeuille, solutions multiactifs à Franklin Templeton, est d’abord revenu sur l’environnement qui prévalait avant la crise. Les marchés étaient à la hausse au début 2020, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine donnait des signes d’apaisement et les banques centrales se montraient assez souples. Tout cela créait une dynamique assez favorable aux actions. 

Puis le virus a frappé et radicalement changé la donne. La volatilité est devenue intense et le demeure, et a même affecté les obligations. Partout, le secteur des services a été particulièrement atteint et les taux de chômage ont monté, parfois abruptement. Le Canada a d’autant plus été touché qu’au même moment la Russie et l’Arabie Saoudite se livraient une guerre qui causait la chute des prix du baril de pétrole et le ralentissement économique entraînait la demande pour ce produit vers le bas. Cela a plombé le dollar canadien, ce qui pourrait toutefois avoir un bon côté. « Quand le prix du pétrole tombe ou que l’économie mondiale ralentit, le dollar perd de la valeur, mais cela aide nos exportateurs et aide à stabiliser l’économie canadienne », rappelle M. Greenberg.

DE QUOI SERA FAITE LA REPRISE?

La grande question qui se pose donc est : combien de temps durera la fermeture de plusieurs entreprises en raison des mesures sanitaires et de quoi aura l’air la reprise? M. Greenberg s’attend à une reprise en « U », c’est-à-dire plutôt graduelle. La propagation du virus devrait ralentir beaucoup, mais la COVID-19 ne disparaîtra pas complètement d’un coup. Il n’est pas clair non plus de quelle manière les gens se comporteront après la crise. « Ils pourraient rester méfiants et ne pas avoir envie de se précipiter au restaurant, dans les magasins ou en voyage », fait remarquer M. Greenberg. 

Dans un tel contexte, le rôle des banques centrales et des gouvernements s’avère crucial et leur réponse a été vigoureuse. Les programmes d’assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont déjà surpassé ceux de 2008. Les taux d’intérêt ont aussi été abaissés par les banques centrales. Cependant, cela ne va pas retourner les gens au travail ou dans les commerces. Ces mesures servent d’abord et avant tout à stabiliser le système financier.

Les gouvernements, eux, instaurent des plans pour protéger les entreprises et les individus. C’est la combinaison des actions des banques centrales et des gouvernements qui nous évitera de sombrer dans une dépression, au contraire de ce qui s’est passé au début des années 1930. À la reprise, les taux d’intérêt seront bas, les dépenses fiscales des gouvernements généreuses et les programmes d’assouplissement quantitatif importants. Cela recréera un environnement plutôt favorable à la prise de risque, donc aux actions.

RESTER PRUDENTS ET DIVERSIFIÉS

M. Greenberg avance que puisque la reprise sera graduelle et reste incertaine, il ne faut pas se montrer trop audacieux et utiliser tout de suite massivement ses liquidités pour acheter des actions. Mieux vaut y aller lentement. En raison de la faiblesse des taux, les rendements des obligations deviennent moins intéressants. On peut donc choisir de légèrement surpondérer les actions en vendant une partie des obligations. « Il est important de conserver assez de liquidité afin d’avoir l’agilité requise pour profiter des occasions qui se présenteront dans les prochains mois », croit M. Greenberg.

Pour ceux qui sont investis à moyen ou long terme, le mieux reste de ne pas trop réagir. Détenir des investissements bien diversifiés, que ce soit par catégories d’actifs, secteurs, régions géographique ou biais stratégiques demeure la méthode la plus éprouvée pour passer à travers cette période difficile et profiter de la reprise. « Rester investi peut être dur émotivement, mais c’est la meilleure manière de s’assurer de récupérer de la valeur à moyen terme », conclut le gestionnaire.

La rédaction