Taux de chômage en hausse

Par La Presse Canadienne | 6 novembre 2023 | Dernière mise à jour le 3 novembre 2023
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Illustration d'une loupe et d'un diagramme à barres, bourse conc
Deivison / AdobeStock

Le taux de chômage au Canada a grimpé à 5,7 % le mois dernier, les occasions d’emploi étant devenues moins nombreuses dans une économie minée par des taux d’intérêt élevés.

Dans son enquête sur la population active du mois d’octobre, Statistique Canada a fait état vendredi de la création de 18 000 emplois, mais ce chiffre n’a pas suffi à empêcher le taux de chômage d’augmenter, alors que la cadence de la création d’emplois suit celle de la croissance démographique.

Le taux de chômage au Canada s’était établi à 5,5 % en septembre.

La hausse d’octobre du taux de chômage était la quatrième des six derniers mois, et elle s’ajoute à d’autres points de données qui semblent favoriser une pause des hausses de taux d’intérêt pour la Banque du Canada, ont estimé des économistes.

« Même si la création d’emplois s’est déroulée sans incident, il ne faut pas s’y tromper: la situation sous-jacente du marché du travail canadien s’assouplit », a écrit Douglas Porter, économiste en chef de la Banque de Montréal, dans une note à ses clients.

L’emploi a augmenté le mois dernier dans le secteur de la construction et celui de l’information, la culture et les loisirs, mais cette hausse a été contrebalancée par les baisses enregistrées dans le secteur du commerce de gros et de détail et celui de la fabrication.

L’emploi a augmenté dans quatre provinces le mois dernier, notamment de 1,7 % en Nouvelle-Écosse et de 0,6 % au Nouveau-Brunswick. En Alberta et en Saskatchewan, le gain a été de 1,5 %.

Au Québec, l’emploi a reculé de 0,5 % avec la disparition de 22 100 emplois, et le taux de chômage de la province a grimpé de 0,5 point de pourcentage à 4,9 %. En Ontario, le portrait n’a essentiellement pas changé.

Les salaires des Canadiens ont continué de croître rapidement, mais moins rapidement que le mois dernier par rapport à septembre, le salaire horaire moyen ayant augmenté de 4,8 % à 34,08 $ par rapport au même mois l’année dernière.

PLUS DIFFICILE DE TROUVER UN EMPLOI

La Banque du Canada a choisi de maintenir son taux d’intérêt directeur à 5 % lors de ses deux dernières décisions de politique monétaire, en grande partie en raison des preuves de plus en plus nombreuses que l’économie ressent l’impact de la hausse des taux.

Les données sur le produit intérieur brut ont montré que l’économie s’est contractée au deuxième trimestre et une estimation préliminaire publiée plus tôt cette semaine par Statistique Canada suggère qu’une autre contraction a eu lieu au troisième trimestre.

Le marché du travail est resté relativement résilient depuis que les taux d’intérêt ont commencé à augmenter en mars 2022, les employeurs gardant leur appétit pour l’embauche après la pandémie. Mais le nombre de postes vacants a diminué cette année et le rapport de vendredi suggère que les perspectives d’emploi continuent de s’amoindrir.

Parmi les Canadiens qui étaient au chômage en septembre, une plus grande proportion l’était toujours en octobre que 12 mois plus tôt, ce qui suggère que « les chercheurs d’emploi éprouvent davantage de difficultés à se trouver du travail qu’il y a un an », a fait valoir l’agence fédérale.

Les occasions d’emploi devraient devenir encore plus rares à mesure que l’effet des précédentes hausses de taux se répercute de plus en plus sur l’économie.

« La Banque du Canada ne devrait en aucun cas augmenter (les taux) de nouveau, compte tenu de tout ce que nous savons actuellement », a estimé James Orlando, directeur des affaires économiques à la Banque TD. « Nous pensons qu’ils en ont fait assez. Et ils devraient simplement (…) rester immobiles maintenant et (laisser) l’économie continuer de ralentir. »

Le taux de chômage a déjà augmenté de 0,7 point de pourcentage cette année et James Orlando souligne que la Banque TD s’attend à ce qu’il grimpe jusqu’à 6,7 % en 2024.

« L’ajustement de 0,7 point de pourcentage est important et il va dans la bonne direction en ce qui concerne l’équilibre de l’économie. Mais il reste encore beaucoup à faire », a affirmé James Orlando.

Même si la Banque du Canada n’a pas complètement fermé la porte à de nouvelles hausses de taux, son gouverneur, Tiff Macklem, a clairement indiqué que la banque centrale ne souhaitait pas augmenter les taux plus que nécessaire.

Lors d’une audience devant un comité sénatorial cette semaine, Tiff Macklem a déclaré que la banque avait choisi de maintenir ses taux stables en partie parce qu’elle s’attendait à ce qu’une vague de renouvellements de prêts hypothécaires refroidisse davantage l’économie.

Les Canadiens qui renouvellent leur prêt hypothécaire avec des taux d’intérêt plus élevés sont obligés d’ajuster leur budget en conséquence, ce qui ralentit leurs dépenses en biens et services.

La Banque du Canada espère que ce recul ralentira l’inflation et la ramènera à son objectif de 2,0 %.

Jusqu’à présent, l’inflation annuelle a considérablement ralenti, passant d’un sommet de 8,1 % à 3,8 % en septembre.

Mais la hausse des coûts d’emprunt pose un nouveau défi aux familles, alors que le coût des produits de première nécessité continue de grimper rapidement.

En octobre, Statistique Canada a indiqué qu’un Canadien sur trois avait indiqué vivre dans un ménage qui avait eu de la difficulté ou beaucoup de difficultés à subvenir à ses besoins financiers en matière de transport, de logement, de nourriture, de vêtements et d’autres dépenses nécessaires au cours des quatre semaines précédentes.

Bien que cette proportion soit légèrement en baisse par rapport à il y a un an, elle reste considérablement en hausse par rapport à octobre 2020, alors qu’environ un Canadien sur cinq déclarait la même chose.

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