Un répit pour les consommateurs

10 janvier 2024 | Dernière mise à jour le 9 janvier 2024
4 minutes de lecture
Silhouette d'un vérin de pompage et travailleurs munis d'un casque de protection sur fond de soleil couchant, avec un effet de flambage de l'objectif et un espace de copie délibérés. Ces vérins peuvent extraire entre 5 et 40 litres de pétrole brut et d'émulsion d'eau à chaque coup.
RonnieChua / iStock

Les analystes estiment que 2024 sera une année de baisse des prix du pétrole, ce qui devrait apporter un certain soulagement aux consommateurs fatigués après deux années de flambée des coûts de l’énergie.

Lundi, le prix de référence du pétrole brut West Texas Intermediate (WTI) a poursuivi sa récente baisse pour s’établir aux alentours de 71 $ US le baril.

Les prix du pétrole ont été volatils en 2023 et ont déjà baissé d’environ 16 % depuis octobre en raison d’une combinaison de facteurs, notamment l’augmentation de l’offre mondiale et le ralentissement de la demande.

De nombreux analystes estiment que ces tendances devraient se poursuivre, ce qui exercera une pression à la baisse supplémentaire sur les prix de l’énergie au cours de l’année à venir.

Un nouveau rapport de Deloitte Canada prévoit que le WTI atteindra en moyenne 72 $ US pour l’année 2024. C’est plus de 7 % en dessous de la moyenne de 2023, et 29 $ en dessous de 2022, lorsque l’invasion de l’Ukraine par la Russie a provoqué une flambée des prix du pétrole.

La baisse des prix devrait apporter un soulagement aux consommateurs. La hausse des prix de l’énergie, en particulier de l’essence, a été un facteur majeur de la hausse de l’inflation.

« C’est la bonne nouvelle. Nous sommes tous des consommateurs d’une manière ou d’une autre, et ces prix plus bas nous aideront à chauffer nos maisons et à remplir nos véhicules », a déclaré Andrew Botterill, leader national du secteur pétrole, gaz et produits chimiques de Deloitte Canada. 

Il a ajouté que les prix du gaz naturel continuent également d’être faibles, le prix annuel moyen de l’AECO de référence en Alberta devant être de 2,35 $, nettement inférieur aux 5,75 $ en moyenne en 2022.

Toutefois, la baisse des prix pourrait être moins bien accueillie par l’industrie pétrolière et gazière canadienne. De nombreuses entreprises canadiennes ont réalisé des bénéfices records en 2022 alors que les prix des matières premières montaient en flèche et se sont efforcées d’augmenter leur production face à la hausse de la demande mondiale.

« Le Canada à lui seul devrait fournir environ 200 000 barils (de pétrole) supplémentaires (en 2024) », a déclaré dans un courriel Sara Vakhshouri, fondatrice et présidente de la société de conseil en énergie SVB Energy International. 

Sara Vakhshouri prédit que le WTI se situera entre 70 et 80 $ US cette année.

Une autre prévision, celle d’ATB Financial, anticipe un prix du pétrole de 75 $ cette année.

« Ce sera plus faible (que l’année dernière), mais je ne pense pas nécessairement qu’il sera significativement plus faible », a nuancé Amir Arif, directeur général au département de recherche institutionnelle d’ATB.

« La demande de pétrole continue de croître, elle augmente simplement à un rythme plus lent en 2024 par rapport à 2023 et 2022. »

Le secteur pétrolier et gazier canadien sera toujours rentable autour de 70 $ US, a indiqué M. Arif, mais il ne disposera pas de l’excédent de liquidités à restituer aux actionnaires comme cela a été le cas ces dernières années.

« Le montant des rachats que certaines de ces sociétés pourront effectuer, ou les dividendes spéciaux qu’elles pourront verser en 2024, seront probablement inférieurs à ceux de 2023 », a-t-il précisé. 

Selon Andrew Botterill, la baisse des prix du pétrole signifie que les producteurs canadiens de pétrole seront probablement prudents cette année dans leurs dépenses en capital.

« Je pense que nous pourrions les voir un peu plus prudents avec leurs budgets, reconnaissant qu’ils ne veulent pas générer trop de volumes et baisser trop les prix », a-t-il dit. 

« Je pense que nous pourrions constater une certaine appréhension, ou du moins une certaine prudence, en ce qui concerne leurs budgets cette année. »

Pour l’industrie canadienne, le point culminant de 2024 devrait être le démarrage prévu de l’expansion du pipeline Trans Mountain au premier trimestre.

Cependant, le projet – qui améliorera la capacité d’exportation des compagnies pétrolières canadiennes – a connu des difficultés de construction. La société d’État qui a construit le projet a récemment laissé entendre que son achèvement pourrait être retardé jusqu’à deux ans si l’organisme de réglementation n’accède pas à la demande de modification du pipeline présentée par l’entreprise.

Lorsque le projet Trans Mountain sera effectivement mis en service, il devrait contribuer à réduire le différentiel Western Canada Select –  c’est-à-dire la réduction de prix que les compagnies pétrolières canadiennes appliquent généralement à leurs produits, en partie en raison d’un manque d’accès au marché.

« Nous parlons de Trans Mountain depuis longtemps, a souligné Andrew Botterill. Nous pensions tous que c’était sur la ligne de but, mais il semble que cela pourrait prendre un peu plus de temps pour y parvenir. »

Abonnez-vous à nos infolettres