Une nouvelle approche pour évaluer l’économie québécoise

Par Sylvie Lemieux | 14 juin 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Symbole de dollar avec flèche pointant vers le haut.
Photo : fpm / iStock

Les décideurs ont désormais accès à un nouvel outil de mesure économique qui a été conçu pour évaluer la santé de l’économie québécoise comparativement à celle de l’Ontario et du Canada.

Baptisé Prospera, le baromètre économique du Québec, une initiative de la firme BCF Avocats d’affaires et la firme de conseils Quadrat, a été dévoilé lors d’un événement qui réunissait plusieurs personnalités, dont le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, la présidente et cheffe de la direction du Fonds de solidarité FTQ, Janie Béïque et l’économiste Pierre Fortin.

Prospéra vise à fournir une vision à long terme de la performance économique du Québec, plutôt que de se concentrer sur les prévisions à court terme des cycles économiques. « Il s’agit d’un indice structurel et non conjoncturel », a résumé Alain Robichaud, président fondateur de Quadrat Conseils.

LA BONNE PERFORMANCE DU QUEBEC

Constitué de 28 indicateurs, Prospera englobe des facteurs tels que la croissance économique, l’investissement, le capital humain, les entreprises et l’environnement. Il prend également en compte les finances des ménages comme variable de plus en plus reconnue pour mesurer la prospérité économique durable.

Selon l’indice Prospéra, qui a été fixé à 100 en 1980, le Québec a mieux fait que l’Ontario et l’ensemble du Canada avec un indice qui se situait à 132 en 2021, comparativement à 126,9 pour le pays et à 125,3 pour la province voisine.

L’économie québécoise, malgré sa taille plus petite, progresse plus rapidement que celle de l’Ontario depuis 1980. « Même s’il est parti de plus loin, le Québec est allé plus vite. Le rattrapage avec l’Ontario se fait à un rythme accéléré », a souligné l’économiste François Delorme, qui a élaboré la méthodologie du baromètre.

En ce qui a trait au pouvoir d’achat, les ménages québécois ont rattrapé les ménages ontariens. Alors qu’en 1980 le pouvoir d’achat des Québécois représentait 80 % de celui des Ontariens, il est aujourd’hui équivalent à 101 %. « À partir de 1990, le rattrapage du Québec a été rapide et persistant », a affirmé Pierre Fortin.

Plusieurs facteurs expliquent ces bons résultats, selon François Delorme. Il y a la croissance du PIB sur la population en âge de travailler, le taux de diplomation post-secondaire, « un facteur de développement économique important », et le stock de capital fixe par habitant. Ces trois variables contribuent à la moitié de l’augmentation de l’indice global pour le Québec.

Pierre Fortin a tenu aussi à souligner l’impact positif des politiques familiales « audacieuses », — services de garde à tarif réduit, congés parentaux étendus —, qui ont encouragé la participation des femmes au marché du travail. « Le taux d’activité des Québécoises occupe maintenant le sommet mondial. Elles sont à égalité avec les Suédoises et devancent les femmes suisses », a-t-il précisé.

OUTIL D’AIDE A LA DECISION

« L’indice détermine les tendances lourdes et solides » qui seront importantes pour la décennie à venir, a résumé François Delorme. En ce sens, il constitue un outil d’aide à la décision pour les dirigeants d’entreprises et les investisseurs.

Janie Béïque s’est réjouie de la création de ce nouveau baromètre. Selon elle, il aide à déterminer les éléments sur lesquels il faudra travailler dans les années à venir, notamment la transition environnementale. Le Fonds de solidarité FTQ entend bien faire sa part, son objectif étant d’avoir 12 milliards de dollars d’actifs en développement durable d’ici 2027.

La dirigeante souhaite toutefois que le baromètre fasse une plus large place à une composante bien-être de la population. Les entreprises ont un rôle important à jouer concernant les enjeux de santé mentale. Elles doivent offrir à leurs travailleurs des possibilités de grandir dans leur emploi, ce qui passe par une offre de formation adéquate. Elles doivent également contribuer à améliorer la littératie financière de leurs employés. « On crée les retraités les plus pauvres au Canada alors que 36 % d’entre eux ont besoin des suppléments de revenu pour arriver », a-t-elle mentionné.

L’endettement des ménages est une des variables qui a plombé l’indice, déplorent les auteurs du rapport.

Le baromètre sera disponible en ligne sous peu.

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Sylvie Lemieux

Sylvie Lemieux est journaliste pour Finance et Investissement et Conseiller.ca. Auparavant, elle a notamment écrit pour Les Affaires.