Achats instantanés = dette instantanée?

Plus de café ou de détergent à lessive? Pas de problème! Avec la maison intelligente, il n’y a qu’à appuyer sur un bouton pour en acheter instantanément sur Amazon. Une technologie bien pratique, mais qui peut s’avérer ruineuse.

Les innovations ne manquent pas pour simplifier les achats. Cela rendra-t-il les épargnants plus dépensiers? Les risques d’endettement sont-ils plus élevés?

On peut certainement se poser la question à la lecture d’un récent article du Financial Post. On y fait un résumé de quelques innovations, à venir ou déjà sur le marché, visant à faciliter les emplettes. Par exemple, on peut se procurer, pour la modique somme de 4,99 US$, un bouton Amazon représentant un produit et une marque (comme les lingettes désinfectantes Clorox ou le détergent Tide) et le coller sur un mur. Appuyer sur le bouton suffit à envoyer la commande. Ne reste ensuite qu’à la confirmer en répondant à un message envoyé sur notre téléphone.

Amazon va plus loin avec Echo, un haut parleur intelligent devenu assistant vocal, nommé Alexa. Cette dernière peut lire les manchettes le matin ou monter et baisser le son quand on lui demande, mais on peut aussi lui passer ses commandes de produits à acheter sur Amazon. L’appareil est déjà disponible aux États-Unis.

PAYER SANS DOULEUR

Toutes ces innovations ont un même but : rendre le consommateur le moins conscient possible qu’il est en train de dépenser, en simplifiant le processus de paiement. Et pour cause. Des études démontrent que l’action de payer affecte la relation d’un individu avec la dépense. C’est ce que les économistes appellent la « douleur de payer ».

Plus il faut poser de gestes pour payer, plus le consommateur est conscient qu’il s’apprête à dépenser et plus il trouve cela difficile. À l’inverse, plus c’est facile, moins il y pense. Voir une étiquette de prix, prendre de l’argent de son porte-monnaie pour la donner au caissier, tout cela fait mal. Mais agiter son téléphone devant un terminal? Pas du tout. Un véritable Prozac pour dépensiers angoissés.

GARDER LE CONTRÔLE

« Amazon rend déjà les paiements très faciles, souligne dans le Financial Post James Roberts, professeur de marketing à l’Université Baylor, au Texas. Nous y avons un compte et notre carte de crédit y est déjà enregistrée. Maintenant, ils franchissent un pas supplémentaire. Il faut ajouter des assistants numériques qui réduisent l’achat à une simple commande vocale. Cela diminue considérablement la douleur de payer. »

Cette évolution n’a pas échappé à Jeff Marshal, du département d’innovation numérique de la Banque Scotia.

« Il pourrait devenir extrêmement aisé de dépenser notre argent, admet-il. Une partie de notre rôle deviendra d’aider les consommateurs à mieux comprendre leur budget. »

Pratiques pour sauver du temps et des déplacements, ces nouvelles méthodes d’achat peuvent, en effet, faire oublier que les dépenses s’accumulent et que la dette qui en résultera en cas d’exagération n’aura rien, elle, de virtuelle. Et dans ce cas, Alexa ne pourra rien pour le consommateur…

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