Banques : le risque est plus élevé qu’avant la crise

Par La rédaction | 27 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Faut-il croire les autorités, qui affirment que les grandes banques sont plus solides qu’avant la crise de 2008, ou bien les marchés financiers, pour qui le risque est au contraire plus élevé? questionne Le Temps dans son édition d’hier.

D’un côté, rappelle le quotidien suisse, le gouverneur de la Banque d’Angleterre déclare que les ratios de fonds propres ont plus que doublé depuis 2009, tandis que le directeur général de la Banque des règlements internationaux assure que les niveaux de fonds propres ajustés du risque des banques dites « systémiques » sont sept fois plus élevés que ne l’exigent les normes de Bâle II.

Malgré tout, souligne le journal, « les marchés ne sont pas du même avis », comme le démontrent les travaux de l’ancien secrétaire américain au Trésor Lawrence Summers, aujourd’hui membre de la direction de l’Université Harvard, et de Natasha Sarin, économiste au sein de la même institution.

TOUS LES VOYANTS SONT AU ROUGE

Intitulée Have Big Banks Gotten Safer?, l’étude qu’ils viennent de publier recense les faiblesses des six plus grandes banques américaines et des groupes systémiques d’Europe et d’Asie (à l’exception des banques chinoises), entre autres, avant et après 2007-2008. Et ses conclusions sont sans appel : les risques se sont accrus par rapport à la période ayant précédé la crise.

Les arguments des deux auteurs sont « aussi nombreux que convaincants », énumère Le Temps. Ainsi, la probabilité de risque de défaut à travers les dérivés de crédit est trois fois plus élevée qu’avant la crise; celle d’une chute des cours de la Bourse est passée de 3,6 % à 7,4 %; la volatilité historique des actions est en hausse; le bêta [la mesure de corrélation entre une action bancaire et l’indice, en hausse] l’est également, tandis que le multiple des bénéfices, lui, est en baisse, « ce qui exprime une hausse de la prime de risque ».

L’analyse du risque systémique que font les deux chercheurs « les amène à employer la formule de contribution au risque systémique développée par Viral Acharya » (Measuring Systemic Risk) en 2010, précise Le Temps. Or, note le journal, « cet indicateur révèle un doublement du risque systémique des grandes banques américaines par rapport à l’avant-crise ».

MESURES DE FONDS PROPRES BIAISÉES

Si les résultats de cette recherche montrent que le risque s’est globalement accru, il a cependant moins augmenté pour les six plus grandes banques américaines que pour les 50 suivantes (en matière de chiffre d’affaires), peut-être en raison des nouvelles réglementations en vigueur, estime le quotidien suisse, qui souligne que les données « sont également alarmantes pour les 30 plus grandes banques mondiales, hors États-Unis et Chine ».

Ainsi, « le critère de volatilité implicite a nettement augmenté en Italie, en Espagne et aux Pays-Bas, tandis qu’« il en va de même du bêta, spécialement en France, en Italie, en Suède, au Canada, au Brésil, en Australie et au Danemark ».

Pour parachever leur démonstration, Larry Summers et Natasha Sarin indiquent qu’ils «suspectent que les mesures de fonds propres réglementaires sont biaisées et qu’elles correspondent assez mal aux fonds propres économiques ». Leur conclusion? L’augmentation du risque par rapport à 2007-2008 résulte « du déclin de la franchise des banques », c’est-à-dire de la valeur de marché des fonds propres.

Autrement dit, résume Le Temps, « les fonds propres des grandes banques se sont accrus ces dernières années, mais leur valeur de marché a baissé ».

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