Choisir une assurance vie universelle ou entière ?

Par Kate McCaffery | 11 août 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Quel type de police d’assurance vie – universelle ou entière – convient à un client ? Entre les préférences des conseillers, les penchants des clients (voire leurs préjugés), et les tendances des marchés, choisir parmi les produits disponibles est aujourd’hui d’autant plus complexe.

Les polices d’assurance vie universelle ont été lancées dans les années 1980, alors que les taux d’intérêts en vigueur éclipsaient les rendements des polices d’assurance vie entière avec participation, résolument sous les 10 %. Étant donné l’instabilité actuelle des marchés, les consommateurs sont à nouveau séduits par l’offre de risque inférieur et de volatilité moindre de l’assurance vie entière.

Au chapitre des préjugés ou des idées fausses des clients, l’historique d’une industrie joue un rôle important : on se souvient des procès intentés aux sociétés d’assurance il n’y a pas si longtemps à cause des conséquences dévastatrices de médiocres dividendes sur les régimes à primes prélevés sur la valeur de rachat. En effet, faute de dividendes suffisants pour couvrir leurs primes, les assurés se retrouvaient dans l’obligation de les payer pendant beaucoup d’années que prévu pour conserver leur couverture.

Encore pire, selon Brian Gribben, associé principal au Wealth Strategies Group, les conseillers ont trop souvent mis de l’avant l’assurance vie entière avec l’argument que c’est un excellent placement pour le client, ce qui n’est pas le cas. M. Gribben convient que c’est un produit de choix si on désire une assurance vie permanente car il procure une valeur appréciable à long terme. Cependant, en tant qu’investissement, la plupart des clients pressentent ou savent désormais qu’ils obtiendront un meilleur rendement avec d’autres instruments de placement.

« Cette affirmation est exacte dans de nombreux cas, mais sur le plan de l’assurance, il est impossible de trouver mieux, dit-il. C’est un bon outil qui permet aux assurés de dépenser toutes leurs épargnes de retraite puisque la valeur de l’assurance vie sera là pour remplir les caisses à leur décès. »

En matière d’assurance vie universelle cependant, certains clients ont encore à l’esprit les manchettes de marchés haussiers (et des souvenirs d’offensives marketing en périodes haussières?), notamment des articles renforçant l’idée que l’assurance vie entière est un placement boiteux et que la police universelle est un outil magique plein de promesses pour l’avenir.

Si l’on fait abstraction des vertus des polices en tant que placement, la question primordiale est de procurer au client une couverture appropriée et suffisante, affirme Allen Wong, président de Allen Wong & Associates; (on suppose en effet que c’est d’abord pour souscrire une assurance vie que les clients s’intéressent à ces deux produits).

En fait, il est de plus en plus ardu de départager les deux formules car leur évolution a entraîné une convergence de plusieurs de leurs caractéristiques : la possibilité de surprovisionner le compte si le client peut épargner davantage, par exemple.

En définitive, le choix dépend, à divers degrés, de la personne consultée ainsi que de l’âge du client, de son revenu et sa capacité d’épargne, de ses connaissances en placement et de ses objectifs à long terme.

ASSURANCE VIE UNIVERSELLE? 

En ce qui le concerne, M. Gribben ne propose pas d’assurance vie entière aux clients dont l’âge dépasse 55 ans puisque la police doit généralement être longtemps en vigueur avant de pouvoir en réaliser la valeur intégrale.

Si un client d’âge mûr a besoin d’une assurance vie permanente, M. Gribben établit une police d’assurance vie universelle et un compte à intérêt quotidien pour y accumuler des réserves. « J’ai pour principe de ne pas exposer mes clients au risque boursier dans le cadre de leur police d’assurance vie s’ils ont plus de 55 ans », précise-t-il.

Cette tactique repose sur une excellente raison : en cas de baisse des marchés qui échapperait à l’attention du client, la valeur de la police risque de s’étioler plus rapidement que celle de tout autre placement. En fait, ce procédé est l’inverse de l’achat par versements périodiques, dit M. Wong.

Advenant une baisse de la valeur des parts d’un fonds commun de placement, le client en demeure propriétaire jusqu’au moment où le marché se rétablit, tout comme (on l’espère) la valeur des parts. Mais dans le cas d’une assurance vie universelle, le montant des primes d’assurance est régulièrement prélevé du compte ce qui signifie que, conformément à la programmation du portefeuille, des parts peuvent être vendues à perte ou à bas prix pour encaisser le montant nécessaire.

L’option du coût de l’assurance – taux uniformes garantis ou taux d’une assurance temporaire à reconduction annuelle (TRA) – entre également en ligne de compte : si le proposant est jeune, les primes de TRA, moins élevées, offrent un certain attrait. « L’ennui, c’est que le coût de l’assurance risque de devenir prohibitif à long terme, explique M. Gribben. Au cours des premières années, alors que le client verse davantage d’argent dans son compte, l’épargne s’accumule puisque le coût de l’assurance est bas. Mais lorsqu’il atteint l’âge de 75 ou 80 ans, le coût de l’assurance est tel qu’il épuise rapidement toute la valeur liquidative. »

Du fait de sa flexibilité, l’assurance vie universelle a souvent la préférence – le client peut choisir quand provisionner ou surprovisionner sa police. De plus, sa valeur de rachat devient rapidement tangible, ce qui est un autre avantage pour beaucoup. David Wm. Brown, associé chez Al G. Brown and Associates, fait également remarquer que cette formule peut procurer de meilleurs rendements à condition d’être particulièrement aguerri pour gérer la composante de placement du compte (sans perdre de vue que les primes d’assurance risquent ultérieurement de gruger la valeur de la police en cas d’insuffisance de liquidités).

Le troisième élément nécessaire, et dont le conseiller doit tenir compte concernant ce type de police, est que le client soit conscient de ses responsabilités et les assume – c’est-à-dire effectuer les paiements et faire le suivi de la performance.

ASSURANCE VIE ENTIÈRE? 

De l’avis des conseillers, l’assurance vie entière s’adresse à une clientèle radicalement différente : clients qui épargnent avec rigueur, qui ont les moyens d’assumer des primes supérieures, qui sont satisfaits des antécédents de la société en matière de dividendes (dans la mesure où il s’agit d’une police avec participation) et qui souhaitent éviter le risque et la volatilité des placements; ou encore titulaire d’une assurance jeunesse avec un horizon temporel évidemment très éloigné, dont on ignore s’il aura ultérieurement l’intention d’assumer la gestion d’un compte de placement. De plus, si la police devait être donnée en garantie d’un futur prêt, l’assurance -vie entière a la réputation d’être privilégiée par les banques.

L’assurance vie entière offre résolument moins de souplesse, bien qu’il soit possible de surprovisionner la police, les primes sont impérativement exigibles chaque année. Le client ne peut exercer aucun contrôle sur les placements, dont la responsabilité incombe à la société d’assurance.

Les dividendes relatifs à une assurance vie entière peuvent être versés au client à titre de revenu, s’accumuler dans un compte, être affectés au paiement des primes libérant le client de cette obligation à partir d’un certain âge, servir à couvrir une partie des primes chaque année ou accroître la valeur nominale de la police sans modification des primes.

Advenant que le client ait un besoin immédiat d’une couverture supérieure à celle dont il peut assumer le coût dans le cadre de son assurance vie entière, les dividendes peuvent également servir à souscrire une assurance additionnelle temporaire.

Cependant, dans le cadre d’une planification à long terme, M. Gribben préfère réinvestir les dividendes afin d’accroître la valeur nominale de la police.

« Sur une période de 30 à 40 ans, une police de 250 000 $ peut atteindre 700 000 $ ou 750 000 $. Avec la même prime, il est possible de souscrire une assurance vie entière de 250 000 $ et d’y annexer une police temporaire de 250 000 $ financée par les dividendes, explique-t-il. Autrement dit, le client a une couverture de 500 000 $ dès le départ, mais il puise chaque année dans la réserve qui devait constituer l’épargne de la police. »

En résumé, M. Brown considère que le choix de la police dépend de l’optique du client : générer un revenu qui lui est destiné ou un capital-décès. Il n’existe pas de solution absolue. Il est essentiel de déterminer l’objectif et le profil de risque du client afin de lui proposer le produit approprié. »

Kate McCaffery