En prison, Bernard Madoff revient sur ses crimes financiers

Par La rédaction | 19 Décembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Personne n’a oublié Bernard Madoff. Le président-fondateur de Bernard L. Madoff Investment Securities, une firme qui a connu un énorme succès, purge présentement une peine de 150 ans de prison pour une fraude de type Ponzi, laquelle aurait porté sur environ 65 milliards de dollars US (86,7 G $CAN). Derrière les barreaux, il revient sur cette spectaculaire escroquerie.

Au moins 10 clients de Madoff, dont plusieurs banques et firmes de gestion de portefeuilles, ont perdu dans l’aventure des sommes évaluées entre 1 et 7,5 G $US (de 1,34 à 10 G $CAN). Mais ce qui a le plus étonné les autorités et le grand public, c’est de constater que cet homme d’affaires prospère a tranquillement dévié vers un comportement frauduleux.

Eugene Stolis, auteur de Why They Do It : Inside the Mind of the White-Collar Criminal, un livre sur les criminels en col blanc, s’est entretenu des douzaines de fois avec Bernard Madoff. Les propos qu’il a recueillis lèvent le voile sur l’envers de la médaille du succès financier, et la vacuité de certaines valeurs.

CAPABLE DE TOUT

Bernard Madoff soutient d’entrée de jeu qu’il était arrivé à un point où il ne savait pas très bien ce qu’il voulait être dans la vie, à part un homme d’affaires couronné de succès. La confiance en lui qu’il avait bâtie en accumulant les millions le faisait sentir invulnérable et capable de tout. À tel point qu’il en est rapidement venu à se mentir à lui-même, en rationalisant ses fraudes.

« Je me disais que c’était correct, que je ne ferais de mal à personne, l’entend-on dire dans un extrait audio de ces entrevues partagé sur Twitter. À cause du succès que j’avais eu et de l’argent que j’avais fait faire aux gens, j’avais l’impression que ce ne serait qu’une situation temporaire, que c’était acceptable. »

ATTENDRE UN MIRACLE

Dans un autre extrait, publié sur Bloomberg, Madoff parle d’une « comédie d’erreurs ». Il affirme avoir commencé à prendre l’argent des fonds d’investissements pour couvrir des pertes, ce qui l’obligeait à se commettre dans une stratégie à long terme qui l’empêchait de rendre l’argent aux investisseurs dans l’immédiat. Comme un joueur compulsif, il attendait le moment où il pourrait « se refaire » et rembourser tout le monde.

UN CRIMINEL AFFABLE ET CHALEUREUX

Eugene Soltes raconte, dans cette même vidéo publiée sur Twitter, qu’il a été bluffé lors de ces rencontres par la personnalité conviviale, même sympathique, de Bernard Madoff.

« J’ai discuté avec Bernie tous les mercredi à 19 h, dans mon bureau, pendant plusieurs années, se souvient-il. Il est brillant. Il est cordial, très amical. En lui parlant, en passant tout ce temps avec lui, une partie de moi reconnaissait en lui un homme affable, plaisant à côtoyer. Mais en même temps, on songe qu’il a été l’auteur du plus gros crime en col blanc de l’histoire et a détruit la vie de milliers de gens. Sa personnalité engageante, amicale, chaleureuse, ce sont justement ces caractéristiques qui l’ont aidé à perpétrer ce crime. »

L’ouvrage d’Eugene Soltes revient sur plusieurs autres affaires, comme celle d’Enron ou de Robert Allen Stanford, qui purge une peine de 110 ans de prison pour un stratagème à la Ponzi. Des histoires d’ego et de zones morales très très grises, qui ponctuent malheureusement l’actualité financière.

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