Guy Cormier dénonce les dérives du capitalisme

Par Pierre-Luc Trudel | 30 mai 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Guy Cormier, président du Mouvement Desjardins, en allocution devant le Cercle canadien de Montréal.(Photo : Agence Québec Presse)

La recherche du profit à court terme est « une fuite en avant insoutenable à long terme », estime le président du Mouvement Desjardins, qui plaide en faveur d’un nouvel équilibre économique.

« Le capitalisme à outrance nous a montré ses limites, a affirmé Guy Cormier lundi lors d’une allocution au Cercle canadien de Montréal. Je suis convaincu que si nous continuons sur le même rythme qu’au cours des 30 dernières années, nous aurons, à brève échéance, encore plus d’inégalités dans notre monde, encore plus d’insatisfactions dans les populations et une planète en bien mauvais état. »

Citant le consultant en stratégie d’entreprise André Coupet, il soutient qu’on ne peut plus exiger des entreprises des rendements de 12 % trimestre après trimestre alors que les perspectives de croissance des pays de l’OCDE dépassent difficilement 1 %.

Ce modèle ne survit qu’en épuisant toutes les ressources, autant celles des humains que celles de la planète, poursuit le dirigeant.

Concédant que le commerce mondialisé a permis à des millions de personnes d’améliorer leur situation, Guy Cormier rappelle qu’il a aussi laissé dans son sillage une forte croissance des inégalités. Si rien ne change, les laissés pour compte du système risquent fort bien de choisir la voie du populisme, comme ils l’ont déjà fait avec la victoire du Brexit et l’élection de Donald Trump, juge-t-il.

LA SEULE LOI DU MARCHÉ, C’EST FINI

Pour être plus équilibrée, la croissance doit donc reposer sur de nouveaux points d’appui comme les investissements dans la propriété intellectuelle, la réduction des inégalités et du décrochage scolaire, la formation de la main-d’œuvre et la protection de l’environnement, souligne Guy Cormier.

Avec la mondialisation, les travailleurs sont également frappés de plein fouet par des changements économiques de plus en plus rapides et ils ont besoin d’aide, ajoute-t-il. « Il faudra consentir des efforts collectifs majeurs en matière de requalification de la main-d’œuvre. Il faudra mieux faire jouer les mécanismes de la solidarité sociale pour aplanir les inégalités. »

Et cette lourde responsabilité, elle incombe aussi au milieu des affaires, pas seulement au secteur communautaire. « Si nous, les gens d’affaires, nous les financiers, on ne s’occupe pas aussi du « social », des personnes, ce qui va moins bien aujourd’hui ira encore plus mal demain », dit-il, ajoutant que s’en remettre à la seule loi du marché n’est plus une option.

ET DESJARDINS LÀ-DEDANS?

Même s’il avoue que Desjardins « ne détient pas le monopole de la vertu », M. Cormier assure que le statut coopératif de l’institution financière lui confère « des avantages certains » dans un monde en profonde transformation.

« Le fait de ne pas avoir pour objectif premier de générer du rendement pour nos actionnaires, ça nous permet d’intégrer le long terme à nos perspectives et d’assumer des coûts supplémentaires », notamment en matière de ressources humaines, estime-t-il.

En outre, la propriété du Mouvement Desjardins est en quelque sorte « cadenassée », protégée par son statut de groupe financier coopératif, ajoute le dirigeant. « Personne ne pourra faire une offre d’achat hostile sur Desjardins. »

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Pierre-Luc Trudel