Ils font 700 % de rendement, puis perdent des millions

Par La rédaction | 15 août 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Après avoir empoché des rendements faramineux, des investisseurs se sont vus détroussés de plusieurs millions de dollars en bitcoins lors d’une attaque informatique, rapporte Bloomberg.

Les experts en sécurité informatique préviennent depuis des années de minimiser les dépôts sur les plateformes d’échange de bitcoins en raison des risques de piratage. En février 2014, une attaque sur la plateforme japonaise Mt. Gox, laquelle était alors la plus grosse bourse de bitcoins, a par exemple coûté 480 M $US aux investisseurs et entraîné la faillite de Mt. Gox.

L’HISTOIRE SE RÉPÈTE

La leçon n’a pas été apprise par tous, ou l’appât du gain a été plus fort que la peur du risque. Il faut dire que le modèle d’affaires de Bitfinex, bourse qui offre un système unique de prêts sur marge, a de quoi en attirer plusieurs. Les courtiers sont en effet autorisés à multiplier la taille de leur mise en empruntant des bitcoins, à condition que l’emprunteur et le prêteur gardent leurs fonds à la bourse.

Une plateforme donc très attirante pour les pirates informatiques. Ils ont frappé le 3 août dernier, subtilisant 119 756 bitcoins, d’une valeur d’environ 70 M $US.

Lorsqu’ils ont percé la sécurité de Bitfinex, environ 38 M $US en prêts sur marge étaient hébergés sur la bourse. De cette somme, au moins 440 000 $US appartenaient à Tian Jia, un programmeur de Beijing âgé de 29 ans. Celui-ci faisait de très bonnes affaires sur Bitfinex. Il prêtait aux courtiers, à des taux annualisés pouvant aller jusqu’à 700 %. Il n’était donc pas rare qu’il se lève le matin avec quelques milliers de dollars en plus dans son compte que la veille.

Mais au bout du compte, il n’aura pas fait un sou. La solution de Bitfinex pour être capable de poursuivre ses activités et, éventuellement, rembourser ses clients, est d’exiger de ceux-ci, même ceux n’ayant pas été touchés par l’attaque, qu’ils renoncent immédiatement à 36 % de leurs dépôts à la bourse. Pour Tian Jia, cela représente environ 160 000 $, soit un peu plus que les profits qu’il a tirés de ses prêts.

ACCEPTER OU POURSUIVRE

La plateforme de Hong Kong a remis des jetons à ses clients en leur assurant qu’ils seront un jour échangeables contre des parts dans une compagnie sœur, ce qui donnerait aux investisseurs l’occasion de toucher une part des profits à venir. Bitfinex offre aussi environ 3 M $US à quiconque les aidera à récupérer les bitcoins volés.

La réaction a été plutôt tiède sur le marché. La valeur totale des jetons est tombée de 70 M $US à 21 M $US dès leur entrée sur le marché de Bitfinex. Plusieurs se sont tournés vers leurs avocats, envisageant d’entamer des poursuites légales, ce qui pourrait remettre en cause la survie de Bitfinex. Les investisseurs se demandent sur quoi se base l’entreprise pour fixer un taux de remboursement de 36 %. Ils veulent aussi savoir si Bitfinex paiera une part des pertes ou si tout ce fardeau reposera sur leurs seules épaules. Quant aux fameux jetons, d’aucuns s’interrogent sur leur valeur légale et la certitude qu’ils pourront bel et bien être échangés un jour.

Il n’est toutefois pas si facile d’envisager des poursuites. Hong Kong possède peu de législations concernant l’échange de bitcoins, ou pour protéger les propriétaires de monnaie virtuelle. Même la banque centrale reconnaît que ces devises échappent à sa juridiction. Les investisseurs pourraient invoquer des lois sur le blanchiment d’argent, sur l’échange de biens ou encore accuser la bourse de négligence ou de manipulation, mais la décision reposera en grande partie sur la nature du contrat qu’ils ont signé avec l’entreprise.

QUESTION DE VIE OU DE MORT

Pour Tian Jia, la solution proposée n’est pas parfaite, mais elle est tout de même mieux que le cas Mt. Gox, qui a tout simplement cessé ses activités, privant les investisseurs de toute chance de récupérer une partie de leur argent.

Chose certaine, si Bitfinex souhaite poursuivre ses activités, elle devra trouver un moyen non seulement de rassurer ses futurs clients, mais de dédommager de manière acceptable ceux qui ont subi des pertes. Parce qu’une Bourse qui perd la confiance de ses investisseurs est une Bourse morte, qu’elle soit virtuelle ou non.

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