Immobilier : la situation au Québec est saine

Par La rédaction | 29 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Alors que la « surchauffe » du marché immobilier inquiète dans certaines régions du Canada, notamment à Vancouver et Toronto, le Québec s’en tire plutôt bien, affirme une note de Desjardins Études économiques publiée hier.

Selon son auteure, Hélène Bégin, « le marché de la revente [dans la province] se raffermit graduellement alors que la progression des ventes et des prix reste modérée ». Cependant, tempère-t-elle, « la construction neuve continue de s’ajuster et il est trop tôt pour espérer un redressement des mises en chantier ».

Malgré tout, écrit l’économiste principale au Mouvement, « les conditions demeurent plus saines qu’ailleurs au pays, même si un excès d’offre caractérise les marchés de la copropriété et des appartements locatifs ».

UNE DYNAMIQUE À PART AU QUÉBEC

D’une manière générale, souligne l’analyste, l’évolution du marché immobilier varie fortement en fonction des régions. Ainsi, les difficultés économiques qui affectent les provinces productrices de pétrole entraînent une baisse des prix et des transactions, alors que l’Ontario et la Colombie-Britannique ont au contraire enregistré une croissance importante dans ce domaine depuis janvier 2016.

Au Québec, toutefois, les conditions du marché résidentiel sont « complètement différentes de celles de certaines villes du pays », estime Hélène Bégin. En effet, « bien que la demande ait presque terminé sa phase de reprise avec une remontée des ventes de maisons unifamiliales et de copropriétés, le nombre de résidences à vendre demeure important et les délais de vente restent relativement longs, soit entre trois et quatre mois en moyenne ».

Par ailleurs, les mises en chantier de maisons unifamiliales sont restées stables depuis le début de l’année, tandis que « les prix élevés des terrains et les coûts de construction continuent de limiter la demande », et ce, d’autant plus que « les acheteurs ont l’embarras du choix sur le marché existant ».

RETOUR À LA STABILITÉ EN 2017

Aujourd’hui, constate l’économiste, « les prix reflètent, en général, la juste valeur marchande et se situent même parfois sous l’évaluation municipale, ce qui ne s’était pas vu depuis de nombreuses années ». Or, ce phénomène « diminue l’attrait pour les maisons neuves », de sorte qu’une reprise des mises en chantier n’est pas anticipée à court terme. « Le niveau se maintiendra cette année et l’an prochain », prévoit Hélène Bégin.

Du côté des copropriétés, différentes tendances se chevauchent, note-t-elle également. Si le ralentissement des mises en chantier se poursuit à Trois-Rivières, Saguenay, Sherbrooke et Québec depuis le début de 2016, on observe le contraire dans les régions de Gatineau et de Montréal, où les constructions ont bondi d’environ 20 % depuis janvier.

« Même si les conditions du marché de la revente se sont améliorées pour les maisons et les copropriétés, le déséquilibre est encore trop important pour entraîner une relance de la construction », juge l’analyste. Par conséquent, la tendance baissière des mises en chantier devrait se poursuivre d’ici la fin de 2016 avant de retrouver une certaine stabilité en 2017. Conclusion : « Le niveau annuel des mises en chantier devrait avoisiner 37 000 cette année et l’an prochain, comparativement à 37 926 nouveaux logements en 2015. »

TROP DE PROPRIÉTAIRES ÉTRANGERS?

L’étude de Desjardins aborde également la question de l’importance des investissements étrangers dans l’immobilier au pays. Elle souligne entre autres que la récente taxe de 15 % imposée par le gouvernement de Colombie-Britannique pour freiner l’achat d’habitations par des non-Canadiens a déjà permis de faire diminuer d’environ 20 % les ventes et le prix moyen des propriétés existantes à Vancouver. Résultat, le niveau moyen des prix a fléchi sous la barre du million de dollars, ce qui reste néanmoins très élevé.

Rappelant que certains observateurs craignent que les investisseurs étrangers se tournent désormais vers Montréal ou Toronto, Hélène Bégin relève que « les statistiques d’août n’indiquent pas un déplacement de la demande vers ces marchés » et qu’« il est trop tôt pour se prononcer sur l’impact possible » de cette mesure. De toute façon, insiste-t-elle, « les inquiétudes pour Montréal ne sont pas justifiées ». La raison? Selon une récente étude de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, l’importance des propriétaires étrangers sur le marché de la copropriété est relativement faible, soit environ 1 % dans la région métropolitaine et 5 % au centre-ville.

Au total, ajoute l’économiste, « un peu moins de la moitié des acheteurs internationaux proviendraient des États-Unis et de la France, et 8 % seraient originaires de la Chine ». Même si une partie des étrangers déplaçaient leurs achats vers Montréal, aucune flambée des prix n’est à prévoir, rassure-t-elle, puisque « le marché des copropriétés affiche un surplus considérable dans plusieurs secteurs ».

Surchauffe immobilière : Vancouver est la ville la plus à risque

Vancouver, Londres et Stockholm arrivent en tête du classement (en anglais) des métropoles où le risque de bulle immobilière est le plus élevé, rapporte l’Agence France-Presse.

Citant une étude publiée mardi par la banque UBS, l’AFP indique que plusieurs grands centres financiers donnent des signes de « surévaluation importante ». Parmi ceux où le risque est élevé figurent aussi Sydney, Munich et Hong-Kong, suivies par San Francisco et Amsterdam. Selon UBS, la tendance est également à la surchauffe, mais dans une moindre mesure, à Zurich, Paris, Genève et Francfort.

LES GRANDES VILLES EUROPÉENNES SONT SURÉVALUÉES

« Ce que ces villes ont en communs, ce sont les taux d’intérêt excessivement bas, qui ne sont pas cohérents avec les performances robustes de leur économie réelle », explique en préambule de l’étude Claudio Saputelli, directeur de l’immobilier mondial au sein de la division de gestion de fortune de la banque suisse.

Toutes les grandes agglomérations européennes étudiées sont surévaluées, à l’exception de Milan, ajoute l’AFP. Pour calculer le degré de surévaluation de l’immobilier, l’agence précise que UBS a utilisé plusieurs indicateurs, notamment le temps nécessaire à une personne hautement qualifiée travaillant dans le secteur des services pour acheter un appartement de 60 mètres carrés.

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