Investissement : et si l’irrationalité était… rationnelle?

Par La rédaction | 3 août 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Certains de vos clients font preuve d’une rationalité douteuse face aux soubresauts des marchés financiers? Aussi étonnant que cela puisse paraître, ils ont peut-être trouvé la recette du succès, affirme Elyès Jouini, professeur de mathématiques à l’Université Paris Dauphine.

« Vivre intensément, mourir jeune » : cette philosophie de certaines vedettes du rock’n’roll pourrait être payante lorsque transposée dans le domaine financier, explique-t-il dans The Conversation.

« Ces vedettes peuvent avoir des habitudes plus risquées nuisant à leur santé et réduisant leur espérance de vie, mais leur vie relativement courte est considérée par beaucoup comme plus intense. Dans le cadre des marchés financiers, à partir d’un modèle dynamique composé de deux groupes d’individus (rationnels et irrationnels) – qui recherchent la maximisation de leur bien-être – nous avons obtenu des résultats qui font écho à cette métaphore. »

En résumé, les individus irrationnels ont obtenu de meilleurs résultats sur les marchés financiers.

THÉORIE NÉOCLASSIQUE

Ces travaux tranchent avec la théorie néoclassique selon laquelle les individus sont cohérents dans la durée, dans leurs anticipations et dans leur prise de décisions, tandis que l’information des marchés est efficiente et partagée par tous. Ces éléments devraient mener à des anticipations identiques et rationnelles des acteurs du marché.

Selon cette théorie, la place des irrationnels serait grandement réduite, voire éliminée, soit parce qu’ils calqueraient leur comportement sur les rationnels, soit parce que les rationnels sont plus performants et accaparent les richesses. Or, la réalité serait toute autre.

LES IRRATIONNELS RESTENT

Plutôt que de disparaître, comme le prétend la théorie économique néoclassique, ce type de comportement pourrait persister malgré le risque. Surtout si les personnes irrationnelles comparent régulièrement leurs résultats avec ceux des rationnels.

Ces résultats démontrent, selon M. Jouini, « qu’il peut parfois être rationnel d’être irrationnel et que l’irrationalité et la divergence d’opinions ont toute leur place dans la modélisation des marchés ».

Les résultats sont différents lorsqu’on compare un modèle composé d’individus irrationnels et hétérogènes à un autre composé d’individus ayant les mêmes anticipations, ajoute-t-il. L’hétérogénéité entraîne une volatilité plus grande et des prix plus élevés, car elle cause « l’apparition d’une prime de risque ». Elle devrait donc être prise en compte dans les modèles de fixation des prix des actifs financiers, à son avis.

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