La BdC hausse son taux directeur à 1,25 %

Par La rédaction | 17 janvier 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Comme la quasi-totalité des analystes l’anticipaient depuis plusieurs semaines, la Banque du Canada (BdC) a relevé son taux directeur hier pour l’établir à 1,25 %. Il s’agit de la troisième augmentation depuis l’été dernier.

Dans son rapport sur la politique monétaire, l’institution estime que cette mesure devrait notamment contribuer à « ralentir les dépenses des ménages », réduire leur niveau élevé d’endettement et les inciter à épargner davantage.

« Cette hausse de 25 points de base des taux d’intérêt directeurs était prévue et souhaitable en raison des excellentes performances de l’économie canadienne. Une enquête menée auprès des entreprises, que la banque centrale a publiée la semaine dernière, démontrait d’ailleurs que de plus en plus de compagnies éprouveraient des difficultés advenant une augmentation de la demande. Autrement dit, elles tournent à pleine capacité et leur confiance quant à l’évolution de leurs ventes est élevée, malgré les incertitudes entourant l’avenir de l’Accord de libre-échange nord-américain », explique Benoit P. Durocher.

« L’ÉCONOMIE CANADIENNE N’A PLUS BESOIN D’ÊTRE STIMULÉE »

Selon l’économiste principal au Mouvement Desjardins, ces bonnes nouvelles s’ajoutent aux autres résultats positifs récemment dévoilés pour l’économie au pays : « Depuis plusieurs mois, le marché du travail n’a cessé de progresser, tandis que le taux de chômage est descendu à un creux historique de 5,7 % en décembre. De plus, le taux annuel d’inflation totale est passé de 1,4 % en octobre à 2,1 % à la fin de l’année, rejoignant ainsi l’objectif de la BdC, qui est de la maintenir dans une fourchette comprise entre 1 % et 3 %. »

Dans ce contexte, souligne-t-il, « il est clair qu’il n’est plus nécessaire d’adopter une politique monétaire aussi expansionniste qu’auparavant », car l’économie canadienne n’a plus besoin d’être stimulée par des faibles taux d’intérêt. « Avec la disparition des capacités excédentaires au pays et des signes d’accélération de la croissance des salaires, le danger serait maintenant plutôt d’assister à une accélération de l’inflation au-delà de la cible supérieure », observe l’économiste.

Interrogé par Conseiller sur l’impact qu’aura la décision de la banque centrale pour les consommateurs, en particulier les propriétaires ou les futurs acquéreurs d’une maison, Benoit P. Durocher se montre rassurant pour l’avenir : « Il va certes y avoir une tendance haussière sur le plan des taux d’intérêt au cours des prochains mois, mais celle-ci a été entamée dès l’été dernier. Dans le fond, le message que la BdC veut envoyer, c’est que cette légère tendance haussière va se poursuivre graduellement tout au long de 2018. »

LA BdC PRÉVOIT DEUX AUTRES HAUSSES D’ICI LA FIN DE L’ANNÉE

En raison du taux d’endettement élevé des ménages au pays, la banque centrale souhaite en effet privilégier une approche progressive dans la remontée de ses taux d’intérêt afin de faciliter les ajustements, explique l’économiste : « Le relèvement décidé hier aura aussi un impact sur l’ensemble des taux d’intérêt pour les investisseurs et les consommateurs, avec notamment une hausse des taux hypothécaires. Concrètement, cela augmentera progressivement le loyer de l’argent. Toutefois, les augmentations passées et à venir demeurent limitées, dans le sens où même si les taux vont continuer à monter, ils resteront assez bas comparativement à la moyenne de ce qu’on a observé sur une longue période. »

Cela dit, ajoute Benoit P. Durocher, il est clair que la décision de la BdC fera grimper les coûts des hypothèques à taux variables, les marges de crédit hypothécaires ainsi que d’autres prêts liés aux taux préférentiels des grandes banques. Mais il estime que la BdC a bien fait en procédant par petites touches et en intervenant dès le début de l’année, car plus elle aurait tardé à remonter ses taux d’intérêt directeurs, plus le risque qu’elle doive éventuellement les remonter de façon abrupte aurait été important.

Dans l’ensemble, l’économiste principal juge donc que la situation actuelle ne devrait pas mettre beaucoup de ménages en difficulté, « parce que, malgré les hausses encore à venir, les taux resteront somme toute relativement bas, et surtout parce que les augmentations continueront à se faire de façon très graduelle ». « Il y a eu deux augmentations l’an dernier et on prévoit un relèvement de 0,25 % tous les six mois environ cette année, ce qui signifie qu’il y aura deux autres hausses en 2018, probablement en juillet et en octobre, même si le moment précis de ces dernières reste incertain et dépendra de la performance de l’économie canadienne. Cette manière de procéder permettra aux ménages de bien s’ajuster à la nouvelle réalité de taux plus élevés », conclut-il.

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