La Chine à l’assaut de la finance mondiale

Par La rédaction | 19 juillet 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Quatre des cinq premières banques du monde sont aujourd’hui chinoises, rapporte Le Monde.

La première d’entre elles, l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), possède rien de moins que 274 milliards de dollars de fonds propres, précise le quotidien, citant le classement annuel du magazine The Banker paru le mois dernier.

Aux deuxième, quatrième et cinquième rangs, on trouve respectivement la China Construction Bank (CCB), Bank of China (BOC) et Agricultural Bank of China (ABC).

Le groupe américain JP Morgan s’intercale à la troisième place, avec 200 milliards de dollars de fonds propres. Bank of America, qui était cinquième dans le palmarès de l’an dernier, n’arrive plus désormais qu’en sixième position.

ELLES BÉNÉFICIENT DE LA CRISE

Cette situation est relativement récente, puisque les banques chinoises ont supplanté leurs concurrentes américaines dans la foulée de la crise de 2008, indique Le Monde. Alors qu’en 2006, elles comptaient pour seulement 4 % du total des bénéfices des 1 000 premières banques mondiales, cette part a bondi à 32 % dix ans plus tard.

Résultat : les poids lourds de l’Empire du Milieu ont réalisé quelque 308 milliards de dollars de bénéfices (avant impôt) en 2015, comparativement à 206 G$ pour les grands établissements américains, qui ne représentent plus que 21 % des bénéfices mondiaux (contre 26 % en 2006).

LE POIDS DES CRÉANCES DOUTEUSES

Hormis les effets de la crise financière, qui a affaibli les banques américaines, le secret de ICBC, CCB, BOC et ABC réside dans le fait que le gouvernement chinois conserve une large majorité dans leur capital, par l’entremise d’un fond d’investissement.

Elles restent donc des banques publiques, puisque « l’État injecte de l’argent dans l’économie à travers le système bancaire, demande aux établissements de prêter aux entreprises publiques et de financer de gros investissements », résume Le Monde.

Toutefois, depuis 2015, avec le ralentissement de la croissance de l’économie chinoise, « l’insolent succès des banques du pays a aussi commencé à s’essouffler », tandis que le montant de leurs créances douteuses augmentait, atteignant son plus haut niveau depuis 2006 à la fin de l’an dernier, souligne le quotidien.

UNE VOLONTÉ D’INTERNATIONALISATION

D’après la Commission chinoise de régulation du secteur bancaire (CBRC), les banques de l’Empire du Milieu ont ainsi été contraintes d’« oublier » plus de 300 milliards de dollars de créances au cours des trois dernières années.

Plusieurs analystes accusent d’ailleurs la Chine de sous-estimer largement ce phénomène, précise Le Monde, qui rappelle qu’au printemps, le Fonds monétaire international estimait la proportion de créances douteuses dans les crédits à 15,5 %, contre 1,75 % selon la CBRC.

Malgré ces faiblesses, les banques chinoises affichent de grandes ambitions et entendent bien s’internationaliser sans que rien ni personne ne soit en mesure de s’y opposer, conclut le quotidien, citant Brian Caplen, rédacteur en chef de The Banker : « Il semble que celles-ci aient atteint un sommet dans leur croissance, mais il est difficile de voir qui pourrait prendre leur place. Il n’est pas sûr que les banques américaines puissent revenir en tête. Et les établissements des marchés émergents, qui seraient la réponse logique, ont aussi reculé en 2015. »

UBS reste la première banque privée

En 2015, UBS est demeurée la première banque privée au monde, rapporte Reuters, qui cite une étude publiée la semaine dernière par le consultant spécialisé Scorpio Partnership.

Avec quelque 1 737,5 milliards de dollars d’actifs gérés, la banque suisse conserve sa première place, dépassant de près de 300 G$ Bank of America Merrill Lynch, qui a chassé Morgan Stanley de la deuxième place.

L’étude montre par ailleurs qu’à l’échelle mondiale, le secteur de la banque privée a subi une contraction de 1 % de ses actifs sous gestion, à cause de l’essoufflement des marchés émergents, d’une volatilité accrue et de clients devenus plus prudents.

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