La Deutsche Bank affole les marchés

Par La rédaction | 3 octobre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La Deutsche Bank va supprimer 15 000 postes

La plus grande banque allemande, la Deutsche Bank, a vu son titre plonger de près de 8 % en bourse vendredi matin, tombant sous les 10 euros et entraînant les marchés dans sa chute.

En cours de journée, le titre a repris de la vigueur et est remonté au-dessus de la barre psychologique du 10 euros, mais l’institution financière est loin d’être sortie du marasme. Le titre a tout de même perdu plus de 50 % de sa valeur depuis le début de l’année.

AMENDES ET PERTE DE CONFIANCE

La banque a notamment été victime de l’amende de 14 milliards de dollars américains (18,3 milliards canadiens) que lui a infligée le Département américain de la justice, et qui équivaut à sa capitalisation boursière. Cette amende a toutefois été ramenée à 5,4 milliards (7,1 milliards canadiens), ce qui a contribué au rebond du titre. Les révélations de Bloomberg concernant le départ de dix fonds spéculatifs, dont Millennium Partners, Capula Investment et Rokos Capital Management, lesquels ont repris leurs billes et ne souhaitent plus faire affaire avec la banque, a aussi fait très mal.

L’impact a été immédiat, comme l’illustre Le Figaro. Aux États-Unis, la chute des actions de la Deutsche Bank a entraîné vers le fond celles de Goldman Sachs (-2,75 %), Citigroup (-2,28 %), Bank of America (-1,43 %), JP Morgan (-1,59 %) et Morgan Stanley (-2,30 %). En France, la Société Générale a perdu 4,5 %, le Crédit Agricole 4,3 % et BNP Paribas 4,4 %.

UN NOUVEAU LEHMAN BROTHERS ?

Surtout, l’instabilité de la Deutsche Bank rappelle de mauvais souvenirs. Le nom de Lehman Brothers, dont la faillite avait fortement contribué à la crise financière de 2008, est sur toutes les lèvres. Assistons-nous à une répétition de l’histoire?

Nicolas Véron, économiste chez Bruegel et au Peterson Institute, se fait rassurant dans un article publié sur Les Échos. Selon lui, la Deutsche Bank n’aurait pas de problèmes de bilan comparables à ceux de Lehman Brothers en 2008, et disposerait aussi de réserves beaucoup plus importantes. Le système financier européen actuel serait aussi beaucoup moins fragile que le système américain ne l’était en 2007-2008. Selon lui, il est possible que les actionnaires et les détenteurs d’obligations convertibles en actions perdent de l’argent, mais peu probable que cela aille plus loin.

Alain Pitou, directeur général associé de Talence Gestion, est moins rassuré. Selon lui, la situation est grave pour la Deutsche Bank et les risques de contagion existent bel et bien. Il considère que les 20 milliards d’euros (29,5 milliards de dollars canadiens) d’exposition nette de la première banque allemande sur les marchés et ses 400 milliards d’euros (590 milliards canadiens) en créances sont beaucoup trop élevés et que le marché ne tolère plus la situation. Le moindre ralentissement économique pourrait la faire trébucher. Et comme la Deutsche Bank a des ramifications dans tout le secteur bancaire européen, un continent où l’économie reste fragile, le risque est élevé.

En attendant, le marché garde les yeux rivés sur l’institution, en espérant un solide plan stratégique de relance.

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