La vérificatrice générale va enquêter sur l’AMF

Par La rédaction | 31 octobre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le gouvernement du Québec a mandaté la vérificatrice générale pour enquêter sur des allégations de collusion entre l’Unité permanente anticorruption (UPAC), l’Autorité des marchés financiers (AMF) et une firme de consultants.

Dans un communiqué publié lundi en fin de journée, le ministère de la Sécurité publique indique que celle-ci sera chargée « d’effectuer une vérification particulière concernant la conformité du processus d’attribution d’une autorisation de contracter de l’AMF à la fois auprès de celle-ci et de l’UPAC, en lien avec les allégations mises de l’avant dans les médias ».

« Notre gouvernement mandate la vérificatrice générale afin qu’elle fasse la lumière sur des irrégularités qui auraient été commises par l’UPAC et l’AMF (…). Des reportages publiés au cours des derniers jours soulèvent des questionnements importants quant à l’intégrité des deux entités gouvernementales, d’où l’importance de procéder à une vérification approfondie. Il est essentiel que les citoyens aient confiance en leurs institutions », déclare dans le communiqué Pierre Arcand, président du Conseil du trésor et ministre responsable de l’Administration gouvernementale.

L’AMF SE DIT « FAVORABLE » À UNE ENQUÊTE

Réagissant immédiatement à cette annonce, l’Autorité a elle aussi émis un communiqué dans lequel elle dit « accueillir favorablement la décision du gouvernement de mandater la vérificatrice générale » et assure qu’elle lui « offrira toute sa collaboration afin que toute la lumière soit faite sur ces allégations ».

Lundi, le Journal de Montréal avait publié le témoignage de l’ex-analyste du ministère des Transports Annie Trudel et évoqué la situation du député Guy Ouellette, tous deux brièvement arrêtés la semaine dernière par les policiers de l’UPAC, officiellement dans le cadre d’une enquête sur le financement du Parti libéral du Québec.

Le même jour, la station de radio 98,5 FM avait diffusé une entrevue exclusive accordée vendredi au journaliste Bernard Drainville, dans laquelle le représentant libéral de Chomedey, actuellement en congé de son parti, affirmait que l’UPAC cherchait à l’intimider et à le « museler » en raison des informations sensibles qu’il détenait.

« L’UPAC VA TOUT FAIRE POUR ME MUSELER »

« Les événements de cette semaine m’amènent à penser que l’UPAC va tout faire pour me museler, museler un parlementaire (…) pour que je ne puisse pas donner ma version, ou informer la population de toutes les manœuvres d’intimidation qui ont cours présentement par cette même unité », a-t-il martelé lors de cette entrevue.

Selon Guy Ouellette, cette manière de procéder risque d’avoir un effet dissuasif sur tous les députés québécois. « En partant du moment où on a orchestré l’arrestation de Guy Ouellette (…) pensez-vous que mes 124 collègues de l’Assemblée nationale sont gros dans leur culotte? Pensez-vous qu’ils sont à l’aise de faire leur travail? Pensez-vous qu’ils sont à l’aise de recevoir un citoyen dans leur bureau, qui va venir dénoncer des pratiques douteuses d’enquête de l’Unité anticorruption? La réponse, c’est non », ajoute le député, qui dément par ailleurs avoir fourni de l’information aux médias.

À l’Assemblée nationale, M. Ouellette a par ailleurs qualifié l’affaire de « tentative d’intimidation sans précédent ». « J’ai été victime d’un coup monté par l’Unité permanente anticorruption », y a-t-il lancé mardi en après-midi.

Annie Trudel et Guy Ouellette souhaitent protéger les dénonciateurs

L’ex-analyste et le député, qui se décrivent tous deux comme des « lanceurs d’alertes », entendent créer une nouvelle norme pour assurer la protection des dénonciateurs, rapporte le bureau d’enquête de Québecor Media. Celui-ci précise que, à titre de spécialistes de l’anticorruption, tous deux siègent au sein d’un comité de travail sur cette question, mis sur pied par le Conseil canadien des normes (CCN).

Annie Trudel et Guy Ouellette devaient d’ailleurs se rendre en Chine dans deux semaines pour le compte du CCN afin de participer à des discussions autour de cette nouvelle norme, en présence de représentants de 45 pays. « Cette démarche s’inscrit dans le cadre des travaux sur la création de la norme ISO 37001, qui permet de prévenir, détecter et traiter les problèmes de corruption », rappelle le bureau d’enquête.

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