L’accès à la propriété se resserre au pays

Par La rédaction | 14 octobre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les nouvelles mesures annoncées la semaine dernière par Ottawa pour stabiliser le marché immobilier risquent de réduire l’accès à la propriété au pays, déplore l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).

À compter du 17 octobre, toutes les hypothèques assurées seront soumises à une simulation de crise des taux d’intérêt hypothécaire afin de déterminer si l’emprunteur a les reins assez solides pour continuer ses paiements hypothécaires en cas de hausse de taux. Or, l’APCHQ estime qu’un tel resserrement des règles « dressera une barrière de plus à l’accès à la propriété ».

« Le taux de propriété des ménages québécois est seulement de 61 %. Nous sommes la seule province en dessous de 70 % du taux de propriété. Le resserrement hypothécaire risque de nuire à 74 000 ménages qui sont actuellement aptes à devenir propriétaires. Nous doutons donc très fortement que l’accès à la propriété puisse s’améliorer avec cette mesure », explique dans un communiqué Georges Lambert, économiste principal à l’APCHQ.

L’association soutient que comparativement à certaines régions du pays, le Québec compte peu d’emprunteurs à haut risque, une présence plus faible des investisseurs étrangers et a connu une hausse plus modérée du prix des habitations.

BAISSE DES MISES EN CHANTIER

Selon des prévisions économiques publiées jeudi par l’APCHQ, le nombre de mises en chantier prévu pour l’année 2017 enregistrera un recul de 18 % comparativement à 2016. Les estimations initiales de l’APCHQ tablaient sur une légère diminution de 2 %, mais une nouvelle analyse a dû être effectuée pour tenir compte du resserrement des règles sur le financement hypothécaire.

« Ces données pour l’année 2017 nous préoccupent grandement. La diminution importante des mises en chantier est la conséquence directe des mesures annoncées récemment par le gouvernement fédéral », affirme Georges Lambert.

LE TIERS DES PRÊTS ASSURÉS AFFECTÉ

Les règles instaurées par Ottawa sont loin d’être anecdotiques : pas moins du tiers des prêts assurés au pays auront des difficultés à se conformer aux nouvelles exigences, affirme Genworth MI Canada, le plus grand assureur hypothécaire privé au pays.

La firme explique que les acheteurs, particulièrement les premiers acheteurs, devront considérer l’achat d’une propriété moins chère ou encore augmenter le montant de leur mise de fonds pour respecter les nouvelles règles.

DES RÈGLES PRUDENTES, SELON CIBC

Le gouvernement fédéral a néanmoins reçu un appui de taille cette semaine, alors que le chef de la direction de la Banque CIBC, Victor Dodig, a qualifié de « prudents » les changements annoncés aux règles sur les prêts hypothécaires, rapporte La Presse Canadienne.

Selon M. Dodig, celles-ci favoriseront « la stabilité sur le marché du logement ». Il dit également s’attendre à ce que les consultations au sujet du partage du risque entre les emprunteurs et les prêteurs soient constructives. L’objectif du gouvernement est de s’assurer que les contribuables ne deviennent pas responsables du soutien aux institutions financières, « ni de façon réelle ni dans l’esprit des gens », ajoute-t-il.

Progression du marché immobilier au troisième trimestre

Le prix des propriétés au Canada a augmenté de 12 % au troisième trimestre, par rapport à la même période l’an passé, selon des données de Royal LePage. Le prix moyen d’une propriété atteint ainsi 545 414 $ au pays.

Les chiffres sont beaucoup plus modestes dans le Grand Montréal, où les prix ont connu une hausse de 4,9 % depuis l’année dernière, et où les propriétés valent en moyenne 352 798 $.

Sans surprise, c’est le Grand Vancouver qui remporte la palme de la plus forte croissance, avec une hausse des prix de 30,6%. Les propriétés se vendent en moyenne 1 194 653 $ dans la ville de la côte ouest. Royal LePage indique que la nouvelle surtaxe à la propriété de 15 % mise en place par le gouvernement de la Colombie-Britannique au début du trimestre, visant les étrangers et les entreprises sous contrôle étranger, a ralenti les ventes, mais n’a eu qu’un impact minime à ce jour sur les prix.

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