Le Canada n’en a pas fini avec les effets du choc pétrolier

Par La rédaction | 8 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Même si le plus dur du choc pétrolier est passé et que l’économie canadienne se porte mieux, la croissance du produit intérieur brut (PIB) au pays restera inférieure à 2 % pour les deux prochaines années, estime un rapport publié hier par Marchés des capitaux CIBC.

« Le Canada doit remplacer le moteur de croissance que représentaient auparavant les dépenses en capital du secteur de l’énergie. Nous traversons une relance, mais il faudra du temps avant qu’elle génère un retour au plein emploi », avance son auteur, l’économiste en chef Avery Shenfeld.

« Les plans anémiques de dépenses en capital, même hors du secteur énergétique, suggèrent que le tirage d’un dollar plus faible ne suffit pas à contrebalancer la stagnation de la croissance mondiale », ajoute Avery Shenfeld.

La CIBC a donc réduit ses prévisions de croissance pour 2017 de 2,1 % à 1,8 %, et elle anticipe désormais une progression du PIB réel de seulement 1,9 % en 2018.

DE L’ESPOIR MALGRÉ TOUT

« Dans la situation actuelle, des années à des taux de croissance aussi modérés pourraient être considérées comme de bonnes années », tempère Avery Shenfeld. Selon lui, ces taux créeraient assez d’élan pour générer « une douce progression vers l’élimination du ralentissement économique et le retour au plein emploi ».

S’il juge que ce mouvement ne permettra pas à la Banque du Canada d’augmenter ses taux avant la mi-2018, il croit néanmoins que, « avec une inflation sous-jacente persistante, cela suffira pour que la banque centrale évite davantage de baisses des taux ».

UN HUARD FAIBLE

Pour voir une reprise des dépenses en capital et une amélioration des exportations hors énergie, le Canada devra conserver le taux de change plus compétitif qui a prévalu depuis la chute des prix du pétrole en 2014, affirme Avery Shenfeld.

Une remontée des prix du pétrole l’an prochain pourrait renforcer la valeur du huard de quelques cents, mais aussi pousser les États-Unis à augmenter leurs taux d’intérêt, tandis que la Banque du Canada resterait immobile, selon M. Shenfeld. Il s’attend à ce que la Réserve fédérale américaine procède à trois hausses de taux, et que la Banque du Canada maintienne les siens stables, ce qui creusera l’écart entre les taux canadien et américain au jour le jour de 75 points de base.

Résultat : l’économiste a abaissé ses prévisions pour le dollar canadien, qu’il voit baisser à 0,73 cents américains d’ici la fin de l’année prochaine.

« LES TRAVAILLEURS DEVRONT ÊTRE PATIENTS »

En ce qui concerne les dépenses des consommateurs, les prévisions de M. Shenfeld sont plutôt mitigées. Selon lui, « des prix de l’essence plus soutenus nuiront au pouvoir d’achat des ménages, sans suffire pour provoquer un essor de l’emploi dans l’industrie pétrolière ». Le pouvoir d’achat des ménages devrait aussi profiter du versement de prestations pour enfants plus généreuses.

L’économiste assure que les effectifs des secteurs manufacturier et de l’énergie devraient se stabiliser au cours des prochains mois, tandis que la croissance de l’emploi au pays devrait progresser de 0,7 % en 2017 et de 1,1 % en 2018, en raison des embauches liées aux dépenses d’infrastructures.

Selon lui, si les prix de l’énergie rebondissent et si la faiblesse du marché du travail contient les taux de rémunération, cela devrait se refléter positivement dans les profits des entreprises.

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