Le PDG de Wells Fargo démissionne

Par La rédaction | 14 octobre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le scandale des comptes factices à la Wells Fargo aura finalement eu raison du PDG de la banque, John Stumpf, qui a annoncé sa démission mercredi.

« J’ai estimé que c’était mieux pour l’entreprise que je démissionne », a simplement déclaré le dirigeant, rapporte l’Agence France-Presse. John Stumpf, qui part officiellement à la retraite, n’aura droit à aucun « parachute doré », selon un porte-parole de Wells Fargo.

C’est son numéro deux, Timothy Soan, qui est désormais à la tête de l’institution financière.

Rappelons qu’entre 2011 et 2016, les conseillers de Wells Fargo ont ouvert deux millions de comptes fictifs au nom de leurs clients. Un tel stratagème leur permettait d’atteindre leurs objectifs commerciaux et de toucher des bonis. Environ 5 300 salariés ont été licenciés pour avoir pris part à ces malversations, qui ont été mises au jour début septembre. Nombre d’entre eux ont affirmé que l’institution financière avait institué une culture de performance agressive axée sur des objectifs de vente difficilement atteignables.

DÉPART RÉCLAMÉ

La pression était devenue insoutenable pour l’ex-dirigeant de la quatrième plus grande banque des États-Unis. Sa démission a été demandée publiquement par de nombreux élus du Congrès au cours d’audiences publiques ultra médiatisées.

« M. Stumpf, cette affaire ressemble une fois de plus pour les Américains à du déjà vu : une institution financière commet des malversations. Cela fait la une des journaux, mais personne n’est tenu responsable », avait notamment lancé l’élu républicain, Jeb Hensarling.

Malgré tout, Wells Fargo a refusé pendant des semaines d’envisager le départ de M. Stumpf. La banque a d’abord tenté de se sortir du pétrin en présentant des excuses publiques et en annonçant la suppression des objectifs de vente.

John Stumpf a également perdu de nombreux pouvoirs à la suite d’une réorganisation de la haute direction de la banque, en plus de devoir renoncer à 41 millions de dollars d’options d’achat d’actions. Mais tout cela n’a pas été suffisant face à la colère de l’opinion publique et aux doutes de Wall Street. Les États de Californie et de l’Illinois ont même suspendu tous leurs liens avec la banque.

UNE DISTRACTION COÛTEUSE

Depuis le début de l’année, le titre de Wells Fargo a perdu près de 17 % de sa valeur à Wall Street. Les investisseurs espèrent que le départ de John Stumpf permettra enfin de tirer un trait sur ce scandale. L’analyste Mike Mayo, interrogé par l’AFP, fait valoir que toute cette affaire est devenue une distraction « qui empêchait de se focaliser sur la performance de la banque », une des rares à avoir été épargnée par la crise financière de 2008.

Le scandale a également mis en lumière les pratiques commerciales jugées douteuses de Wells Fargo, notamment la vente croisée, qui consiste à faire ouvrir à un client qui dispose d’un compte courant une multitude d’autres comptes : compte d’épargne, prêt hypothécaire, prêt automobile, assurances, produits d’investissement, etc.

Carrie Tolstedt, responsable directe des équipes accusées de fraude, n’a toujours pas été renvoyée de la banque.

On reproche à John Stumpf, PDG de Wells Fargo depuis 2007, d’avoir laissé perdurer ces pratiques alors qu’il était au courant de leur existence depuis 2013.

La banque a jusqu’à maintenant écopé d’une amende de 185 millions de dollars pour clore des poursuites de l’agence de protection des consommateurs CFFB, mais fait toujours l’objet d’enquêtes des départements américains de la Justice et du Travail.

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