L’économie canadienne croîtra moins vite que prévu

Par La rédaction | 6 octobre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le Fonds monétaire international (FMI) a réduit ses prévisions de croissance pour l’économie canadienne en 2016 et 2017, notamment à cause de la faiblesse plus importante qu’anticipée de l’économie américaine, rapporte l’Agence France-Presse.

Dans son rapport sur les « Perspectives économiques mondiales » dévoilé mardi, l’organisation estime désormais que le produit intérieur brut du Canada progressera de seulement 1,2 % cette année et de 1,9 % l’an prochain, soit 0,2 % de moins que ce qu’elle avait annoncé au mois de juillet.

Elle invoque les contrecoups de la faiblesse inattendue des États-Unis, qui demeurent la plus grande économie mondiale et un important marché pour les biens et services canadiens, pour expliquer ce repli.

UNE ÉCONOMIE PLANÉTAIRE AU RALENTI

Le FMI se montre par ailleurs plutôt pessimiste en ce qui concerne la croissance mondiale au cours des 15 prochains mois. « La croissance est trop faible depuis trop longtemps, et dans de nombreux pays, ses bénéfices touchent trop peu de monde », s’est inquiété mardi Maurice Obstfeld, son chef économiste, lors d’une conférence à Washington.

Malgré le risque d’accession à la Maison-Blanche d’un adepte du protectionnisme et les conséquences imprévisibles du Brexit, l’institution maintient inchangées ses prévisions de croissance mondiale pour cette année (3,1 %) comme pour 2017 (3,4 %), Toutefois, près de 10 ans après le début de la crise financière, l’économie mondiale continue de donner des signes de grande fragilité et paraît bien éloignée de l’expansion qu’elle avait connue dans les années 2000, souligne M. Obstfeld.

« Les pressions croissantes vers des mesures de repli constituent une menace exceptionnelle pour la croissance mondiale », met en garde le Fonds, qui se penche particulièrement sur le cas des économies avancées, où « les cicatrices de la crise sont encore assez visibles ». Selon l’organisme, la demande intérieure et l’investissement y sont toujours insuffisants, un problème auquel il faut ajouter le vieillissement de la population et l’affaiblissement de la croissance de la productivité.

LES ÉTATS-UNIS EN PERTE DE VITESSE

De manière générale, le FMI souligne que la croissance anémique de la plupart des pays industrialisés s’accompagne d’un chômage élevé, de salaires qui stagnent et d’inégalités en forte augmentation, ce qui alimente les discours antimondialisation et en faveur du repli sur soi économique. Or, « tourner le dos au commerce ne peut qu’aggraver et prolonger le marasme actuel de l’économie mondiale », souligne Maurice Obstfeld.

Pour les États-Unis, les projections du Fonds sont plus mauvaises que prévues, avec une croissance attendue de 1,6 % cette année et de 2,2 % l’an prochain, soit respectivement –0,6 % et –0,3 % par rapport aux prévisions émises en juillet. La zone euro devrait elle aussi subir un fléchissement de son activité (+1,7 % en 2016 et +1,5 % en 2017).

Toujours chez nos voisins du Sud, le FMI revient sur les positions des deux candidats à la présidence. Donald Trump entend notamment rétablir des droits de douane et accuse le libre-échange de plusieurs maux, tandis que Hillary Clinton se déclare désormais hostile au Partenariat transpacifique signé par les États-Unis et 11 pays d’Asie-Pacifique. « Le discours anti-immigrants et anti-commerce a été au centre de tous les débats depuis le début de la campagne présidentielle », déplore l’institution, qui ne cite toutefois pas spécifiquement le nom du candidat républicain.

RISQUES DE TENSIONS GÉOPOLITIQUES

Interrogé sur l’impact économique de l’éventuelle élection de Donald Trump, Maurice Obstfeld prévient que cela marquerait « un changement radical dans la position traditionnelle des États-Unis notamment sur la politique commerciale », ajoutant que « cela introduit un élément d’incertitude dans l’équation et l’incertitude n’est pas une bonne chose pour les investisseurs et l’emploi ».

Du côté des pays émergents, même s’il prédit une légère amélioration au Brésil et en Russie, avec une sortie prochaine de la récession, le Fonds relève cependant que « les perspectives sont inégales et généralement plus maussades que par le passé ». Plusieurs facteurs demeurent préoccupants, à commencer par le rééquilibrage en cours de l’économie chinoise.

Et comme si ce tableau de l’économie mondiale n’était pas assez morose, l’institution en rajoute une louche en évoquant les risques de tensions géopolitiques. « Les actes récurrents de terrorisme, les guerres civiles prolongées qui s’étendent aux régions voisines et de graves crises de santé publique liées au virus Zika pourraient avoir un lourd impact sur la confiance des marchés, avec des répercussions négatives sur la demande et l’activité », détaille-t-elle.

MISE EN ŒUVRE DE RÉFORMES STRUCTURELLES

Enfin, le FMI appelle les gouvernements à s’attaquer à la réparation des bilans des banques et aux réformes structurelles trop longtemps différées. Un effort qui, pour être plus efficace, doit être coordonné entre les grands pays, estime-t-il.

Si les États agissent trop peu et trop tard, ils risquent de s’enliser dans une « stagnation séculaire », met en garde le Fonds, qui ajoute que « cette perspective devient de plus en plus tangible, en particulier dans certains pays avancés ».

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