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Tiré de formations certifiant des UFC

L’effet éolien d’une chute boursière
Comment la panique se propage-elle?

Le degré de tolérance au risque de chacun n’est pas une chose simple à «mesurer». Chacun de nous a fait des expériences au fil du temps et en a, nous l’espérons, retiré des enseignements et des connaissances (objectives) mais aussi des croyances et des convictions (subjectives) relatives à l’inconnu, à la vie et au «danger».

Tous ces facteurs nous font constater que la tolérance au risque est toujours une question de perceptions personnelles indéfinissables et variables; c’est un ensemble « MARSHMALLOWESQUE » (la guimauve): des éléments flasques et mous qui se forment et se déforment selon l’humeur de l’individu souvent réfractaire à tout effort de pensée.

Dans un cerveau vide de connaissances financières et de compréhension des fluctuations, il y a beaucoup de place pour la panique et l’échauffement. Chauffer des « marshmallows », ça donne quoi? Ça donne ce que certains d’entre nous ont vécu fin octobre 2008: panique et fuite. Heureusement, 2008 fut un millésime rare, un millésime que l’on ne rencontre normalement qu’une à deux fois par siècle, soit une fois à peine dans une vie humaine.

Mais qu’est-ce qui provoque nos réactions épidermiques et incontrôlées?

C’est principalement le manque d’instruction et de connaissances, le vide, l’inconnu, la brume ou la croyance en des sables mouvants qui nous donnent ce vertige. C’est aussi notre manque d’éducation et de contrôle de notre comportement (stress) qui provoque chez nous des décisions inopportunes et erronées.

Dans un cerveau plein (de connaissances financières de base), il devient plus facile d’intégrer des données de sensibilité à des données documentées et objectives.

Mais attention au cerveau à moitié plein : c’est le plus dangereux de tous! En effet, notre cerveau à moitié plein a tendance à se croire entièrement plein alors qu’il est encore et surtout à moitié vide. Prudence! Que nous suggère notre vrai miroir? Ne croyons pas trop vite tout connaître. Regardons-nous tendrement mais sans narcissisme.

Les « connaissances » financières sont constituées d’éléments précis et presque toujours mesurables : des moyennes, des dispersions, des durées, des rendements, etc. Ce sont des éléments incontestables que nous pouvons disposer avec ordre sur une grille quadrillée. Ces éléments sont aussi visibles et observables que le soleil d’été. Nous pouvons assez facilement les disposer dans un ordre pratique pour nous.

Par contre, lorsque nous étudions la grille des « perceptions » et des « impressions », nous nous trouvons vite devant des éléments flous et déformables. Tout d’abord, nous constatons vite que les lignes de la grille elle-même sont déformées et tordues. De plus, elles semblent couvertes par une brume parfois un peu translucide parfois opaque, une sorte de brume qui change de forme et d’intensité tout le temps.

La grille des connaissances se base sur des faits réels et généralement mesurables.

Mais la seconde grille nous révèle des impressions qui sont parfois vraies et parfois fausses. Ce n’est pas pour rien qu’on parle tant des « fausses impressions »!

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Risquons une comparaison météorologique…

Le thermomètre chute de +10°C à -20°C. La chute est désagréable mais, tant que le vent ne se lève pas, elle est supportable. Mais voici que le vent se lève et le -20°C devient aussitôt insupportable : c’est l’effet éolien; le vent double, triple, quadruple le désagrément et le transforme en douleur atroce et insupportable.

Une bonne compréhension du facteur éolien et de son effet multiplicateur nous incitera à mieux choisir nos vêtements pour nous adapter.

Le Dow Jones (le plus ancien indice new-yorkais) chute de 35 % (octobre 2008). Bien sûr, nous savions que cela pouvait arriver et nous savions aussi que nous resterions stoïques devant le phénomène… Mais, hélas, nous lisons notre journal quotidien, nous écoutons la radio, nous regardons la télévision qui tous nous racontent des histoires d’horreur et annoncent la fin du monde. Pour finir, nous paniquons en croyant ces médias et liquidons tous nos placements. C’est l’effet éolien d’une baisse boursière alliée aux bourrasques quotidiennes d’informations glaciales et paniquantessavamment organisées par de nombreux médias.

En météo, nous savons que l’hiver finira et que l’été renaîtra. En bourse, c’est la même chose… Mais la tempête nous fait perdre la foi. Le danger n’est pas dans la bourse; c’est en nous que le danger se trouve!

Cependant nous pouvons retrouver notre optimisme car nous savons tous que…

Mais, prudence… en effet, quand tout va si bien et que le soleil est au beau fixe, nous sommes prêts à croire qu’il restera éternellement au beau fixe. Et nous achetons des actions et des fonds d’actions. Tout juste avant le renversement de tendance. Nous connaissons la suite… C’est comme la marée, ça monte et ça descend.

Petite note : Attention, peut-être avions-nous spéculé, ce qui a peut-être doublé notre perte? Dans ce cas, soyons responsables de notre faute et ne nous plaignons pas!

Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl. Fin., est planificateur financier et membre de l’Association des MBA du Québec. Auteur de deux ouvrages, Le classement des documents personnels (2002) et Savoir choisir son conseiller financier (2010), il s’exprime régulièrement sur les enjeux de la profession dans son blogue sur Conseiller.ca.