Les 10 ans de Conseiller : L’âge de la maturité

Par Yves Bonneau | 1 juin 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Comme disait l’auteur, entrepreneur et motivateur John Rohn, décédé il y a quelques mois, atteindre le succès, c’est faire des choses ordinaires extraordinairement bien. Et pour être certain d’être bien compris, il soulignait qu’il n’y a que trois couleurs primaires, dix chiffres et sept notes ; l’important, c’est ce que nous en faisons.

Dans dix ans, vous lirez peut-être votre magazine sur une tablette électronique qui ne coûtera plus que 25 $. Dans dix ans, vous serez peut-être à la retraite et il y aura une nouvelle génération de conseillers qui aura pris la relève. Beaucoup de choses auront changé, il y aura eu encore des bulles spéculatives, des débandades boursières, des fraudes, des faillites, des chicanes de clochers pour déterminer qui réglementera quoi. Il y aura des clients nerveux, mais il y aura aussi des clients heureux. Heureux d’avoir rencontré sur leur chemin un conseiller empathique, compétent et intègre qui les aura aidés à atteindre leurs objectifs de vie, à assurer leur sécurité financière et à préserver leur patrimoine.

Yves Bonneau, rédacteur en chef du magazine Conseiller

Yves Bonneau, rédacteur en chef du magazine Conseiller

Ces choses simples et complexes à la fois de la vie ne changeront jamais. C’est pourquoi il y aura toujours des conseillers pour aider les épargnants et les investisseurs plus ou moins nantis. La question est de savoir maintenant comment se déploieront les effectifs dans dix ans. Les indépendants auront-ils disparus ? Les commissions seront-elles chose du passé ? Les agents généraux tireront‑ils leur épingle du jeu sur un échiquier qui tend à faire disparaître les intermédiaires ? Aura-t‑on réussi à convaincre en masse les jeunes de la génération de mon fils, né en 1991, à joindre les rangs d’une profession passionnante, mais constamment clouée au pilori de l’opinion publique qui confond imposteurs et conseillers, comme la plupart des journalistes d’ailleurs.

Au cours des dix dernières années, nous avons couvert avec assiduité l’actualité des services financiers. Nous avons également été un témoin privilégié de l’évolution de l’industrie à travers la vie professionnelle des conseillers. Nous avons vu à quel point ce secteur d’activités s’est consolidé rapidement autour des acteurs les plus importants, laissant souvent pour compte les conseillers.

Pour notre numéro célébrant notre 10e anniversaire, nous avons sollicité le soutien d’entreprises de l’industrie des produits et services financiers. La plupart nous l’ont accordé avec enthousiasme, pour la cause des conseillers. Mais certaines n’ont toujours pas compris que la mission d’un magazine comme Conseiller est d’aider les conseillers à s’informer, à parfaire leur pratique, leur formation, à s’inspirer du succès de leurs pairs, à être au fait de nouveaux produits financiers mis en marché par ces mêmes entreprises. En un mot, leur magazine est un outil de perfectionnement. Je suis déçu de savoir que des dirigeants d’entreprises milliardaires ne comprennent pas que soutenir les médias qui aident les professionnels à s’améliorer, c’est contribuer au développement de toute l’industrie dont ils font parti. C’est mon seul bémol après ces dix années extraordinaires à servir les lecteurs de notre magazine. Mais ne ternissons pas si bel accomplissement par l’amertume. Ceux-là qui vous ignorent ont encore des années pour comprendre et se reprendre ! Pour l’heure, il importe de souligner l’apport de tous ceux qui soutiennent la profession et que l’on retrouve, bon an, mal an, fidèles partenaires.

Les dix dernières années nous ont aussi montré que la profession de conseiller en services financiers était incomprise par plusieurs, notamment par ceux qui réglementent le secteur d’activité dans lequel évoluent les professionnels. Si progrès il y a, il a souvent été gagné de haute lutte, la machine souffrant d’une formidable inertie à l’égard des conseillers et des entreprises financière. Bien sûr, elle est jeune, mais aura-t-elle le temps de se faire justice avant d’être doublée par la commission fédérale en devenir ? L’ironie dans tout cela, c’est que l’AMF se fait faire le même genre de coup par le fédéral que celui qu’elle a servi à la Chambre de la sécurité financière en 2007, lors des discussions sur le projet de règlement 31-103, où l’Autorité avait voulu imposé de force les règles du MFDA aux conseillers et aux cabinets en épargne collective, ce qui aurait signifié alors que la Chambre aurait perdu une partie de sa raison d’être, à toutes fins utiles. Sauf que les conseillers se sont levés, ont protesté, ont fait valoir que les intérêts des gens de l’industrie étaient en jeu. Depuis que l’on parle d’une commission nationale, sans toutefois éliminer les commissions provinciales, peu de conseillers sont montés au créneau pour défendre l’AMF. C’est dommage ! Imaginez quelque 40 000 conseillers qui, d’un bloc, opposent une fin de non-recevoir au projet fédéral.

Et justement, puisque la question du nombre fait foi de tout, il est une initiative à laquelle nous avons toujours donné notre appui, et que nous continuerons de soutenir sans relâche : le Regroupement indépendant des conseillers de l’industrie financière du Québec (RICIFQ). D’abord pour tous ceux qui se sont engagés bénévolement dans ce mouvement, ensuite parce qu’il s’agit d’un regroupement sans allégeance et enfin, nous l’avons vécu au cours des dix dernières années, nul ne prendra le parti des conseillers pour défendre leurs intérêts sinon les conseillers eux-mêmes. Votre magazine peut bien être une bougie d’allumage, votre force vient de votre nombre, elle grandit à travailler ensemble. Je vous souhaite un regroupement fort, vous en aurez besoin pour les années à venir !

Ce Point de vue spécial anniversaire est paru dans le numéro de juin 2010 du magazine Conseiller. Pour accéder au numéro en ligne, cliquez ici.

Yves Bonneau