Les rendements du passé appartiennent au passé

Par Ronald McKenzie | 28 février 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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« Bien qu’un grand nombre d’investisseurs semblent refuser de l’admettre en attendant un ‘retour à la normale’ des marchés, il est illusoire d’espérer retrouver les conditions d’investissement des années 1990. »

C’est en ces termes non équivoques que Crédit Suisse prévient ses clients : les rendements dans les deux chiffres sont vraisemblablement chose du passé. Dans ses plus récentes Tendances, Crédit Suisse explique que les baby-boomers, qui contrôleront 70 % des actifs d’investissement privés en 2017, risquent d’éprouver des difficultés à s’adapter à ces nouvelles conditions. « Mais nous préférons toutefois compatir au sort de leurs petits-enfants, qui ne peuvent espérer profiter un jour des rendements élevés qu’ont connus leurs grands-parents », dit le groupe financier helvétique.

La situation sera très difficile pour les obligations. La longue hausse des rendements, qui a commencé en 1982, a été le fruit de facteurs exceptionnels. Cette époque est maintenant révolue. Fin 2012, les titres de dette gouvernementaux de 20 ans rapportaient 2,5 % aux États-Unis, 2,7 % au Royaume-Uni et 1 % en Suisse.

« Après déduction du risque de défaillance de paiement et de transfert, le rendement réel, même au bout d’un délai de garde de 20 ans, sera proche de zéro pour l’investisseur. Pour les contribuables, le rendement après imposition sera clairement négatif », constate Crédit Suisse.

Ce ne sera guère plus réjouissant du côté des Bourses. En effet, si les rendements sur actions correspondent au taux sans risque plus une prime de risque, « un monde de taux réels faibles implique des actions au rendement plus faible », note l’institution bancaire.

Il y a une dizaine d’années encore, rappelle-t-il, d’aucuns croyaient que la prime annualisée des actions par rapport aux obligations dépassait 6 %. Or, ce chiffre est nettement trop élevé, car les données de Crédit Suisse enregistrent un rendement réel annualisé de 4,1 % sur l’indice mondial des actions et de 1,75 % sur l’indice mondial des obligations pour cette période.

« Après prise en compte des facteurs exceptionnels ayant favorisé les actions par le passé, nous en concluons que la prime des actions devrait se situer aux environs de 3 à 3,5 %. Cette prime peut être considérée comme une récompense par unité de risque », dit Crédit Suisse.

L’ennui, c’est que de nombreux investisseurs semblent vouloir nier cette réalité en attendant un « retour à la normale » des marchés. Les rendements visés sont trop élevés et de nombreux gestionnaires de patrimoine promettent encore aujourd’hui des objectifs de performance à long terme supérieures à l’inflation de 6 %, voire 8 %. « De telles ambitions sont simplement irréalistes », tranche Crédit Suisse.

Combien de temps cette situation risque-t-elle de durer? Six à huit années pourraient s’écouler avant que les taux d’intérêt réels à court terme deviennent positifs, estime-t-il. Aucun retour aux niveaux de rendement élevés des années 1980 n’est à prévoir sur les marchés, qui suggèrent une tendance à la hausse de 0,9 % à long terme aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Combien de temps faudra-t-il supporter ces faibles rendements? « Pour les investisseurs, nous craignons que la réponse soit ‘aussi longtemps qu’il le faudra », conclut Crédit Suisse.

Ronald McKenzie