Les risques de l’épargne excessive

Par La rédaction | 30 août 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Certains individus pêchent par excès de prudence à l’égard de la planification de leur retraite. Même s’ils sont plutôt rares, ces épargnants « excessifs » existent réellement. Comment les conseiller?

« Je réalise à quel point il semble ridicule de mettre en cause la prudence dans la planification de la retraite, tant il apparaît que de nombreuses personnes ont économisé bien trop peu pour leur retraite. Mais il y a aussi un segment de la population qui pourrait faire preuve de prudence excessive dans leurs hypothèses de planification pour la retraite, et ces hypothèses trop prudentes entraînent des coûts », explique Christine Benz, directrice du service des finances personnelles à Morningstar.

Elle raconte notamment le cas de retraités de 75 ans qui, par souci de sécurité, ne dépensaient que 2 % de leur portefeuille par an. « À cette allure, il y a toutes les chances qu’ils laissent derrière eux une cagnotte rondelette. C’est peut-être ce qu’ils veulent, mais peut-être pas », écrit-elle.

Mais pourquoi ces personnes sont-elles si réfractaires à l’idée de dépenser? Voici les quatre hypothèses de Christine Benz :

  • Elles présument qu’elles ne toucheront jamais de prestations gouvernementales.

Entretenir des hypothèses prudentes est une chose, présumer, à 40 ans de la retraite, qu’on n’obtiendra pas de prestations gouvernementales comme la Sécurité de la vieillesse (SV) en est une autre. « Et même si un jeune épargnant est convaincu qu’il ne touchera rien au titre de la SV, cette hypothèse nécessitera une énorme augmentation de ses économies par rapport à un épargnant présumant qu’il touchera quelque chose », soutient Christine Benz.

  • Elles retirent trop peu d’argent à la retraite.

Le risque de survivre à ses épargnes est bien réel, mais avoir plus peur de la pauvreté que de la mort n’est pas toujours bien raisonnable. Un faible taux de décaissement à la retraite, par exemple 2 ou 3 % annuellement, est une bonne cible pour les retraités qui disposent d’actifs importants et qui veulent éviter de compromettre leur legs.

« Mais pour les autres retraités, surtout ceux qui ont bien dépassé la zone dangereuse d’un marché faible au début de leur retraite, un taux de retrait plus élevé est raisonnable, surtout si cela leur permet de faire des dépenses qui améliorent leur qualité de vie », explique Mme Benz.

Elle ajoute que bien qu’il soit dangereux pour un retraité de 65 ans d’opter pour un taux de retrait de, disons, 8 %, il n’est pas si farfelu pour un retraité de 85 ans d’en faire de même.

  • Elles visent une probabilité de succès de 100 %.

C’est compréhensible, les gens veulent un plan de retraite qui présente 100 % de chances de succès. Or, la seule possibilité qui s’offre à ceux qui visent le risque 0, c’est de se replier sur des investissements très sûrs et de s’accommoder d’un taux de dépenses désagréablement faible.

« La plupart des spécialistes de la planification pour la retraite pensent plutôt qu’une probabilité de succès de 75 % à 90 % est acceptable. S’aventurer dans des placements plus risqués ramène la probabilité de succès au-dessous de 100 %, mais permet aussi l’éventualité d’un rendement plus élevé », mentionne Christine Benz.

  • Elles sous-estiment l’aide des marchés.

Bien que différents signaux sur les marchés laissent présager des rendements plutôt faibles pour les quelque dix prochaines années, Mme Benz estime que les investisseurs qui ont plus de temps devant eux obtiendront par la suite des rendements « plus conformes aux normes historiques ».

« Si je devais faire une estimation du rendement que l’on est en droit d’espérer à très long terme pour un portefeuille de 60 % d’actions et de 40 % d’obligations, j’utiliserais le chiffre de 5 % à 6 %. », affirme-t-elle.

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