Miser sur les actifs qui génèrent des revenus

Par Susy Abbondi | 17 octobre 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Investir, c’est placer son capital en espérant qu’il grossira. En d’autres mots, les investisseurs consomment moins aujourd’hui pour pouvoir consommer davantage demain. Cela signifie que le risque associé à un investissement doit se mesurer à l’aune de la perte potentielle du pouvoir d’achat pendant la période de détention.

Prenez les placements en devises, tels que les CPG, les fonds du marché monétaire ou les obligations. On les perçoit traditionnellement comme les actifs les plus sûrs. Les investisseurs sont heureux tant et aussi longtemps qu’ils reçoivent leurs versements périodiques de capital et d’intérêts. Cependant, ces investissements nuisent beaucoup plus au pouvoir d’achat qu’il n’y paraît.

Lorsqu’on tient compte de l’inflation, ces investissements dits sûrs produisent un rendement réel négatif. Le regretté banquier Shelby Cullom Davis avait bien raison lorsqu’il a affirmé que les obligations autrefois prisées pour leur rendement sans risques risquent aujourd’hui de n’offrir aucun rendement.

En période d’incertitude, les investisseurs ont également tendance à se ruer sur certains actifs tels que l’or. Le cours de l’or a fait un bond record pour s’établir à 1 900 $ l’once en septembre 2011, soit pendant la dernière crise économique.

Bien que son cours moyen se soit depuis stabilisé autour de 1 600 $ l’once, cette hausse est la conséquence de la précarité de la situation économique mondiale. Pendant que les banques centrales impriment des billets pour stimuler leur économie, les investisseurs craignent les conséquences de la dévaluation monétaire et se tournent vers les biens durables pour se protéger de l’inflation.

L’or est un actif improductif. Bien qu’on en tire de fabuleux bijoux, ses utilisations pratiques sont limitées. À vrai dire, 75 % de la réserve d’or mondiale est enfermée à grands frais dans les chambres fortes des banques.

Pourtant, contrairement à d’autres investissements, l’or ne produit aucun revenu et ne rapporte aucun dividende. Et malgré sa montée vers la fin de la dernière décennie, son taux de rendement historique n’a rien d’impressionnant (voir l’encadré La petite histoire terne de l’or, ci-dessous).

Alors, vers quoi peuvent se tourner les investisseurs en quête de véritables rendements?

Vers les actifs qui génèrent des revenus. Qu’il s’agisse de fermes, de biens immobiliers ou d’entreprises, les actifs qui génèrent des revenus offrent un rendement qui protège le pouvoir d’achat. Acheter des titres revient à acheter des parts d’une entreprise. Or, les titres dominent toutes les autres catégories d’actifs : leur rendement réel annuel moyen a été de 6,6 % au cours des deux derniers siècles. Autrement dit, un dollar investi il y a deux siècles représenterait un pouvoir d’achat de 669 500 $ aujourd’hui (dans la mesure où les dividendes auraient été systématiquement réinvestis).

Comment en sommes-nous venus à ce chiffre ? Historiquement, le rendement du dividende est de 4,44 % (actuellement, il est de 2,1 %). Ainsi, le rendement réel annuel moyen de 6,6 % sur 210 ans est composé de dividendes (dans une proportion d’environ 67 %) et de croissance réelle (dans une proportion d’environ 33 %).

Autrement dit :

  • 222 943,50 $ en rendement réel
  • 446 556,50 $ en réinvestissements de dividendes

4 raisons de choisir des actifs qui génèrent des revenus

  • 1. Un rendement réel annuel moyen de 6,6 % au cours des deux derniers siècles.
  • 2. Les titres n’ont jamais offert de rendement négatif sur une période de 20 ans.
  • 3. Les dividendes couvrent le taux d’inflation.
  • 4. Les rendements boursiers s’ajustent à l’inflation à long terme.

À la lumière de cette information, pourquoi tant d’investisseurs ont-ils encore si peur d’acquérir des titres? Au cours des dernières années, les marchés ont vu s’accroître la répartition des actifs aux fonds à revenus fixes. Il est temps de se tourner vers l’avenir. Malgré les fluctuations du marché boursier, et la surperformance de certaines catégories d’actifs pendant de plus courtes périodes, il reste préférable d’investir à long terme dans des actifs qui génèrent des revenus de qualité, au lieu de jongler avec les catégories d’actifs.

Bien que nous sortions tout juste d’une décennie perdue en ce qui a trait au rendement des actions, jamais, dans l’histoire, les actions n’ont offert de rendement négatif sur une période de 20 ans. On ne peut pas en dire autant des obligations.

Depuis la création de l’indice S&P 500 en 1957, les dividendes versés par les entreprises composant l’indice ont à eux seuls suffi à couvrir le taux d’inflation. Aussi, tout comme les entreprises qui créent des produits et en retour conservent leur pouvoir d’achat, les rendements boursiers s’ajustent aussi à l’inflation à long terme.

Aujourd’hui, les bénéfices des entreprises et les marges bénéficiaires ont atteint des sommets historiques. Les entreprises sont assises sur des réserves record de liquidités, le PIB des États-Unis est 50 % plus important qu’il y a une décennie et le PIB mondial a doublé pendant la même période. Pourtant, s’il fallait représenter sous forme de graphique la croissance réelle des actions, la ligne se trouverait environ 15 % sous la tendance normale. En d’autres mots, le marché a du chemin à faire pour atteindre sa juste valeur.

Les actifs qui génèrent des revenus offrent une meilleure valeur et, dans la mesure où ils sont acquis à bon marché, un pouvoir d’achat supérieur pour les années à venir.

En chiffres :

  • En 2002, le PIB mondial était d’environ 33 billions (1012de dollars).
  • À la fin de 2011, il avait atteint environ 69 billions de dollars.

(Source : la Banque mondiale)


Susy Abbondi est analyste boursière chez Duncan Ross Associates. Ce texte est paru dans le magazine Advisor’s Edge Report.

Susy Abbondi