Quand la politique plombe le rendement

Par La rédaction | 3 novembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les tensions et crises politiques sont nombreuses dans le monde, et certaines pourraient affecter les rendements des investisseurs plus que d’autres. Mais comment savoir lesquelles, et surtout, comment s’en protéger?

C’est à ces questions que répondent trois analystes de la société Unigestion. Pour eux, une grande partie des risques politiques vient de la hausse des opinions anti-mondialisation. L’érosion de la souveraineté économique des États, les pertes d’emplois massives dans certains secteurs et la montée de l’économie chinoise alimentent la peur et l’agressivité envers la mondialisation, et favorisent la percée de politiciens anti-système.

On n’a qu’à penser à Donald Trump aux États-Unis, ou au United Kingdom Independence Party en Grande-Bretagne. Les chercheurs voient d’ailleurs dans le Brexit l’une des premières retombées concrètes de cette montée protectionniste et populiste, dont l’effet continuera à se faire sentir en 2016 et 2017.

Pour les analystes d’Unigestion, le principal risque politique est donc la montée et, éventuellement, l’arrivée au pouvoir en Occident de partis politiques rejetant le libre-échange, le libéralisme économique, la mondialisation et l’immigration. Même sans accéder au pouvoir, ces forces anti-système décrochent un tel appui dans l’électorat que les partis traditionnels finissent par reprendre à leur compte certaines de ces revendications.

Certains gouvernements pourraient donc mettre en place des politiques défavorables au marché et susceptibles de grignoter les bénéfices que les multinationales ont tiré de la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes.

MONTÉE DU POPULISME EN EUROPE…

Après le Brexit, d’autres manifestations de ce rejet devraient rendre les investisseurs nerveux. En Italie, une défaite du gouvernement dans le référendum sur les modifications constitutionnelles pourrait précipiter de nouvelles élections. Or, le Mouvement 5 étoiles, populiste et anti-européen, ou le parti anti-immigration de la Ligue du Nord pourraient prendre le pouvoir. Cela n’aidera pas l’Italie à relancer son économie, ni à résoudre le problème de la sous-capitalisation des banques.

Des élections présidentielles en Autriche et en France et législatives aux Pays-Bas pourraient faire la part belle à des partis d’extrême-droite anti-Europe, anti-immigration et anti-mondialisation. Même en Allemagne, la montée du parti anti-immigrant AFD, alimentée par la crise des réfugiés, soulève des craintes.

… ET AUX ÉTATS-UNIS

Les États-Unis inquiètent en raison de la possibilité que Donald Trump accède à la présidence. Dans le cas où il serait élu, il faudrait attendre de voir la composition du Congrès, dont la majorité au Sénat pourrait passer du côté des démocrates. Le Congrès pourrait alors rejeter une partie des politiques de Trump, ce qui bloquerait toutefois le système politique américain pour plusieurs années, un peu comme ça a été le cas entre le président Obama et le Congrès à majorité républicain.

GÉRER LE RISQUE

Pour se prémunir de ces risques, les investisseurs misent généralement sur l’or, le Forex (marché des changes), la volatilité des actions, les obligations et le dollar américain. Les analystes d’Unigestion ont comparé les rendements de ces solutions, observant leurs résultats un mois avant les six dernières élections présidentielles américaines, et un mois après. Ce sont les placements à long terme dans des actions et le Forex qui semblent le mieux protéger les investisseurs. Les autres valeurs refuges sont en fait peu efficaces, l’or offrant le moins bon rendement. Les résultats sont très similaires lorsque l’on observe les rendements avant et après le Brexit.

LE PARAPLUIE DES BANQUES CENTRALES

Pour l’instant, l’aversion aux risques politiques n’apparaît pas tellement dans les marchés, principalement à cause des politiques accommodantes des banques centrales. Si ces dernières se font moins généreuses, l’aversion au risque pourrait revenir affecter les échanges.

Pour se prémunir contre les aléas de l’élection américaine et du référendum italien, Unigestion suggère de se tourner vers le Forex et la volatilité des actions, puisqu’ils semblent le mieux composer avec ces chocs. Toutefois, ces approches ne fonctionneront que si les effets des crises politiques se limitent au court terme, et n’entraînent pas les marchés dans une dépression plus longue. Et ça, c’est très difficile à prévoir.

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