Quatre Québécois sur 10 vivent sur le fil du rasoir

Par La rédaction | 7 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Une grande partie de la population active québécoise vit d’un chèque de paie à l’autre et n’a pas les moyens d’épargner, selon le Sondage annuel sur les employés canadiens, publié aujourd’hui par l’Association canadienne de la paie (ACP).

Si les Québécois s’en sortent mieux que la moyenne nationale sur la plupart des indicateurs économiques, la stabilité financière demeure inaccessible pour nombre d’entre eux, révèle l’étude.

Quelque 38 % des travailleurs de la Belle province déclarent vivre d’un chèque de paie à l’autre tandis que près d’un quart (23 %) éprouverait de la difficulté à se procurer 2 000 $ en cas de nécessité.

Faible consolation, il s’agit là du moins mauvais résultat au pays puisqu’à l’échelle nationale, près de la moitié (48 %) des répondants indiquent qu’il leur serait difficile de remplir leurs obligations financières si leur chèque de paie était reporté ne serait-ce que d’une seule semaine. De même, 24 % estiment qu’ils auraient du mal à obtenir 2 000 $ si une urgence survenait au cours du prochain mois.

Fait intéressant, les employés québécois s’en sortent mieux que la plupart des autres Canadiens en ce qui concerne l’épargne-retraite, la maîtrise des dépenses et la gestion des dettes.

DES REVENUS QUI STAGNENT

« Beaucoup de travailleurs canadiens sont endettés, ont une vision sombre de leur économie locale et craignent une hausse des taux d’intérêt, de l’inflation et du coût de la vie », commente Patrick Culhane, président et chef de la direction de l’ACP. En cette période d’incertitude, les gens doivent prendre le contrôle de leurs finances et épargner davantage; suivre le principe « Payez-vous d’abord » en transférant automatiquement au moins 10 % de leur salaire net vers un compte d’épargne distinct ou un régime de retraite. Cela leur donnerait plus de contrôle sur leur avenir financier. »

Le sondage révèle aussi que le revenu des ménages stagne depuis plusieurs années. Le nombre de répondants ayant déclaré un revenu supérieur à 100 000 $ a à peine augmenté en cinq ans. En fait, si l’on tient compte de l’inflation, les revenus réels ont même diminué, observe Alec Milne, dirigeant chez Framework Partners, administrateur du sondage.

L’OBSTACLE DU SURENDETTEMENT

L’ACP souligne que si la paie est « largement restée au même niveau » que les années précédentes, « les dépenses et l’endettement des employés ont affecté leur capacité à épargner ». Ainsi, 34 % des employés au Québec (40 % à l’échelle nationale) affirment qu’ils dépensent la totalité de leur paie nette ou davantage. Moins de la moitié d’entre eux (42 % au Québec et 47 % dans l’ensemble du pays) se disent en mesure d’économiser ne serait-ce que 5 % ou moins de leurs gains.

Globalement, plus du tiers (39 %) des travailleurs canadiens se sentent dépassés par leur niveau d’endettement (22 % au Québec), en légère hausse par rapport à la moyenne de 36 % enregistrée au cours des trois dernières années. À noter que, sur le plan national, le taux d’endettement de 31 % des répondants a augmenté par rapport à 2015 (19 % au Québec). Au total, 11 % des sondés (8 % au Québec) précisent qu’ils ne pensent pas être capables de se libérer un jour de leurs dettes.

À l’instar des précédentes enquêtes, 93 % des répondants au Canada et dans la Belle Province indiquent avoir des dettes. Enfin, plus de la moitié d’entre eux (58 %) conviennent que l’endettement et l’état de l’économie représentent les plus grands obstacles à l’épargne-retraite.

ÉPARGNE-RETRAITE INSUFFISANTE

Le sondage montre que la moitié des Canadiens (37 % des Québécois) estiment qu’il leur faudra un coussin d’au moins un million de dollars pour assurer leurs vieux jours, un pactole qu’ils sont loin de posséder. Résultat, 75 % des répondants (80 % au Québec) ne pensent pas quitter la vie active avant leurs 60 ans.

Enfin, la grande majorité des travailleurs québécois a pris beaucoup de retard par rapport à ses objectifs de retraite, au point que 73 % (contre 76 % à l’échelle nationale) affirment avoir mis de côté le quart ou moins de ce dont ils auront besoin à ce moment de leur existence.

Le sondage a été mené du 27 juin au 5 août par Framework Partners auprès de plus de 5 600 employés d’un océan à l’autre. Sa marge d’erreur est de plus ou moins 1,3 %, 19 fois sur 20.

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