Quelle croissance mondiale?

Par Anaïs Chabot | 29 octobre 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

L’économie canadienne ralentit, et l’on prévoit seulement 2,1 % de croissance annualisée en 2012 et 2013. C’est peu élevé, concède Benjamin Tal, économiste en chef adjoint à la CIBC. Cette faible croissance est attribuable, bien sûr, au ralentissement de l’économie mondiale, notamment en Europe, mais aussi à la situation en Chine ainsi qu’à l’instabilité de l’économie américaine.

Au Canada, la consommation est au ralenti et le crédit, notamment immobilier, à la baisse. Cela suggère que l’économie ne connaîtra pas de hausse au cours des 18 prochains mois. M. Tal estime que la croissance sera également limitée en 2013, à cause des politiques fiscales américaines. L’économie américaine sera ainsi influencée par la fiscalité et cela aurait un effet négatif sur le Canada. C’est pourquoi M. Tal a la certitude que la Banque du Canada conservera le statu quo encore longtemps.

Pendant la première partie de l’année 2012, la croissance était plus forte. Mais on assiste, dans cette deuxième partie d’année, à un ralentissement, notamment des activités. Le marché ne va pas bien, le marché de l’immobilier non plus, et c’est sans compter le resserrement fiscal auquel on assistera aux États-Unis en 2013. Benjamin Tal prévoit même que la croissance américaine pourrait passer sous la barre des 2 % en 2012 et juste un peu au-dessus en 2013. Selon lui, la croissance américaine sera en baisse pour les prochains mois, voire années.

La BCE, salvatrice de l’Europe? La Banque centrale européenne (BCE) est la seule entité qui a assez de pouvoir pour sauver l’euro, ajoute Benjamin Tal. Elle fera tout en son pouvoir, quand il le faudra, afin de fournir assez de liquidités au marché et, de cette manière, acheter du temps et réduire la pression sur les obligations espagnoles, italiennes et grecques. M. Tal croit que l’euro survivra, puisque l’avenir de l’Allemagne en dépend. Selon lui, l’Allemagne a besoin de l’euro autant que l’euro a besoin de l’Allemagne. Cependant, d’un point de vue politique, ce sera ardu pour Angela Merkel de faire des compromis, mais l’économiste croit que la chancelière trouvera un moyen de faciliter l’acceptation des demandes de l’Espagne, de l’Italie et de la Grèce, afin de gagner du temps.

Plusieurs facteurs font croire à Benjamin Tal que, d’ici un an ou deux, la Grèce et d’autres petits pays sortiront de la zone euro : la BCE qui injecte des liquidités, les gouvernements européens qui tentent de trouver des solutions de sauvetage, l’argent qui est injecté dans les banques (directement ou indirectement) et la BCE qui achète des obligations dans le marché secondaire.

Pendant ce temps, dans les pays émergents Le ralentissement touche également les économies émergentes, explique Benjamin Tal. Cependant, ces pays semblent avoir des outils mieux adaptés que les pays développés pour combattre ce ralentissement. La Chine est d’ailleurs en train de faire tout ce qu’il faut en ce sens, ajoute-t-il. Selon lui, le système chinois est très efficace quand vient le temps de contrôler son économie. Il estime que d’ici la fin de l’année la Chine donnera le feu vert à l’économie mondiale, ce qui aura comme effet de stimuler la croissance globale. Mais d’ici là, les économies des pays émergents continueront de ralentir. C’est donc dire, explique Benjamin Tal, que l’économie mondiale sera plus instable que l’année dernière. Il prévoit une croissance mondiale d’environ 3 %.

L’Inde, un sujet d’inquiétude Ce qui arrivera en Chine influera évidemment sur la situation des autres pays asiatiques. Le potentiel y est très grand, et ce n’est qu’une question de moments opportuns. Selon l’économiste en chef adjoint de la CIBC, les pays asiatiques feront très bien dans les trois à cinq prochaines années. Cependant, la situation au cours des trois à six prochains mois l’inquiète beaucoup, puisqu’on assistera à un ralentissement. L’Inde est pour lui un autre sujet d’inquiétude, car l’inflation, quand elle est en baisse et contrairement à ce qui se passe en Chine, n’est pas factorisée. Les choses seront donc plus difficiles à gérer pour l’Inde que pour la Chine, ajoute-t-il.

Cet article s’appuie sur une entrevue réalisée par Francis Plourde.

Anaïs Chabot