Rachat d’Amaya : David Baazov se rétracte

Par La rédaction | 24 novembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

Après avoir affirmé le contraire la semaine dernière, le fondateur d’Amaya, David Baazov, a confirmé hier qu’une firme de Dubaï ne figurait pas parmi ses partenaires financiers pour racheter la société de jeu en ligne.

Par voie de communiqué, l’ex-dirigeant et principal actionnaire de l’entreprise indique qu’une lettre confirmant l’implication de KBC Aldini Capital dans le montage financier avait été déposée sans le consentement de cette société. « KBC ne s’était pas engagée à fournir le financement de l’acquisition proposée d’Amaya », écrit-il, sans toutefois expliquer pourquoi il n’a pas confirmé la véracité du document en question avant de dévoiler sa proposition la semaine dernière.

L’homme d’affaires de 36 ans affirme cependant avoir toujours l’intention d’acheter Amaya pour 6,7 G$ US, incluant la dette de la firme, et compte se tourner vers d’autres sources de financement pour y parvenir.

Du côté d’Amaya, un porte-parole de la direction indique être au courant de la situation actuelle en rappelant qu’aucune entente n’a à ce jour été conclue avec son ancien grand patron.

DÉJÀ PROPRIÉTAIRE DE 17 % DES ACTIONS

David Baazov, qui a dû démissionner en août de son poste de président, soupçonné de délit d’initié par l’Autorité des marchés financiers (AMF), avait annoncé la semaine dernière être à la tête d’un groupe d’investisseurs offrant 24 $ par action pour acheter la compagnie.

Il assurait disposer de 3,65 G$ US auprès des investisseurs Head & Soulders Global Investment Fund; Goldenway Capital, de Hong Kong; Ferdyne Advisory, enregistrée dans les îles Vierges britanniques; et KBC Aldini Capital, établie à Dubaï. Il est actuellement propriétaire de 24 564 047 actions ordinaires du capital d’Amaya et d’options lui conférant le droit d’acquérir 387 500 actions ordinaires additionnelles, ce qui représente au total 17,2 % des actions ordinaires émises et en circulation.

Mardi, un article du Globe and Mail, repris par La Presse, avait annoncé que KBC niait s’être engagée à l’aider à privatiser Amaya. Le dirigeant de la société installée aux Émirats arabes unis a indiqué au quotidien torontois avoir déposé une plainte auprès de la Securities and Exchange Commission pour utilisation frauduleuse du nom de KBC Aldini.

DAVID BAAZOV POURSUIVI AUX ÉTATS-UNIS?

D’après le Globe and Mail, il affirme non seulement n’être aucunement impliqué dans le projet de rachat de la compagnie de Pointe-Claire, mais n’en avoir même jamais discuté avec David Baazov. « J’ignore ce qu’est Amaya », a-t-il déclaré au journal.

D’autres ennuis guettent par ailleurs l’ex-patron d’Amaya, rapporte La Presse Canadienne, puisqu’un cabinet d’avocats américain pourrait le poursuivre dès la semaine prochaine, alléguant que son offre de rachat équivaut à une fraude boursière. Établi à Boston, Block & Leviton dit représenter un investisseur, dont l’identité n’a pas été révélée, qui a acheté des actions de l’entreprise montréalaise après que David Baazov eut mis ses cartes sur la table la semaine dernière. Or, cette personne soutient avoir perdu de l’argent à cause du recul des actions en Bourse lorsque KBC a confirmé ne pas faire partie du projet.

« N’importe quelle personne sérieuse aurait pris les dispositions nécessaires pour confirmer le montage financier avant de déposer son offre », déclare Joel Fleming, avocat chez Block & Leviton.

Le titre d’Amaya a plongé de 6 % à la Bourse de Toronto après qu’on eut découvert que le montage financier de David Baazov n’était pas aussi solide qu’il paraissait.

QUEL A ÉTÉ LE RÔLE DE CANACCORD DANS CE DOSSIER?

Interrogée hier par Conseiller sur le rôle du président de Canaccord, Dan Daviau, auprès de l’homme d’affaires, la compagnie ne nous a pas répondu. Selon le Globe and Mail, la firme et son PDG en sont les conseillers en services financiers.

Canaccord n’a pas non plus répondu à d’autres questions concernant son éventuelle implication dans le rachat d’Amaya ni sur la position qu’elle comptait adopter.

Entre-temps, la cause criminelle visant David Baazov, deux autres personnes ainsi que trois compagnies a été ajournée jusqu’au 13 décembre, au palais de justice de Montréal, indique La Presse Canadienne. En mars dernier, cinq chefs d’accusations ont été déposés contre l’ex-dirigeant, notamment d’avoir influencé ou tenté d’influencer le cours du titre d’Amaya et d’avoir communiqué une information privilégiée.

L’AMF a déposé au total 23 chefs d’accusation contre trois personnes, dont l’homme d’affaires, ainsi que les compagnies Diocles Capital, Sababa Consulting et 2374879 Ontario.

La rédaction