Scandales financiers : les Québécois plus vigilants

Par La rédaction | 21 octobre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’Indice Autorité de vigilance financière des Québécois, qui était de 58,5 % en 2012, atteint désormais 61,2 %, révèle le nouveau rapport annuel de l’Autorité des marchés financiers (AMF) publié mercredi.

Une progression qui a de quoi satisfaire l’Organisme de régulation du secteur financier, puisqu’il s’agit là de l’un des quatre grands enjeux de son plan stratégique 2012-2017.

« Nous observons des progrès modestes mais significatifs quant à la vigilance financière des Québécois, peut-on lire. Parmi les facteurs qui peuvent expliquer cette progression, on peut certes considérer les efforts accrus et concertés de l’Autorité et de nombreux partenaires. »

Parmi eux, la mise en place de la Stratégie québécoise en éducation financière, qui vise l’atteinte d’une meilleure santé financière pour les Québécois. Parmi les initiatives déployées l’an dernier, l’AMF souligne sa tournée des cégeps afin de sensibiliser les étudiants à l’importance de gérer leurs finances personnelles. La conférence Viens parler d’argent! a été présentée à 1 425 étudiants dans 19 cégeps de la province.

L’Autorité a d’ailleurs coordonné les travaux ayant conduit à l’adoption d’un plan de promotion pour réintroduire le cours en éducation financière au secondaire. Ce plan prévoit notamment de mettre en valeur les nombreux outils d’éducation financière accessibles au réseau scolaire québécois.

PRÉSENCE MÉDIATIQUE

La plus grande vigilance des Québécois est également due à une belle couverture médiatique cette année, estime l’AMF.

« Présents dans les médias tout au long de l’année, nos commentaires sur des sujets d’actualité et nos contributions à divers magazines et émissions nous ont permis de faire rayonner la mission de l’Autorité et de promouvoir nos services d’information et d’assistance aux consommateurs », souligne l’organisation, qui a diffusé cette année quinze mises en garde incitant les consommateurs à la prudence envers les activités de certaines personnes et sociétés.

« Nos mises en garde à l’endroit des options binaires, notamment, ont fait l’objet de plusieurs reportages à l’échelle nationale, ce qui en a accru la portée auprès du grand public. Nous avons également intensifié nos efforts afin que nos activités de prévention, de détection et de sanction des infractions soient connues des Québécois. La diffusion des résultats de nos interventions, outre d’avoir un effet dissuasif sur les contrevenants, rassure les consommateurs de produits et services financiers et les conforte dans leur perception que l’Autorité veille à l’application des lois et qu’elle contribue à une plus grande intégrité des marchés. »

MRCC 2

Les consommateurs se voient également rassurés grâce à un encadrement renforcé, croit l’Autorité. Accroître la résilience des marchés, répondre à la complexité grandissante du secteur financier et satisfaire les attentes élevées des consommateurs en termes de répression des crimes financiers, voilà un autre enjeu du plan stratégique.

À cet égard, l’année qui vient de s’écouler aura été marquée par la mise en place de la phase 2 du Modèle de relation client-conseiller (MRCC 2).

« Dans le secteur de la distribution, nous avons poursuivi la mise en œuvre de la deuxième phase du Modèle de relation client-conseiller, laquelle porte sur l’information concernant la rémunération du courtier, sur le rendement du portefeuille et sur la clarté des relevés remis aux clients, indique d’entrée de jeu le PDG de l’AMF, Louis Morisset. Nous sommes convaincus que cette transparence accrue profitera non seulement aux consommateurs, mais aussi à l’industrie. Nous avons d’ailleurs travaillé en parallèle afin que les exigences de divulgation relatives aux fonds distincts soient à leur tour réexaminées. »

Autre chantier propre à rassurer le consommateur, la lutte contre la cybercriminalité. Chantier sur lequel l’AMF a pris le leadership, avance Louis Morisset.

« À titre d’exemple, nous avons présenté au conseil de l’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV) un rapport exhaustif sur les pratiques adoptées par les régulateurs et les divers intervenants de marché afin de se préserver et se relever d’éventuelles cyberattaques, écrit-il. Ce rapport collige des renseignements précieux qui aideront les professionnels de tous les secteurs financiers à mieux gérer le cyberrisque. L’écosystème financier étant marqué par une interdépendance croissante, il est crucial que toutes les parties prenantes des marchés financiers travaillent de concert pour optimiser la cybersécurité. »

LA DÉNONCIATION AU CENTRE DE SA STRATÉGIE

Mais quel que soit le dossier sur lequel l’Autorité se penche, celle-ci estime qu’elle ne pourrait pas être aussi efficiente sans son programme de dénonciation.

« La dénonciation est un élément important pour lutter contre les crimes financiers, peut-on lire dans le rapport. Afin de bonifier les mesures existantes, nous avons analysé les programmes de dénonciation adoptés par d’autres régulateurs dans le monde et avons conclu que la protection de la confidentialité demeurait le meilleur incitatif à dénoncer. Nous avons développé un programme en vertu duquel cette protection, combinée à des mesures anti-représailles, devrait avoir un impact déterminant sur le nombre et la qualité des dénonciations qui nous sont transmises. La mise en place du programme se poursuivra en 2016-2017. »

La collaboration entre les différents organismes d’autorégulation du secteur financier, tant au niveau national qu’international, se poursuivra aussi l’an prochain. Dossier sur lequel l’AMF souhaite garder un certain leadership. Quoi qu’il en soit, l’année qui vient s’annonce comme charnière puisqu’il s’agira à la fois de finaliser le plan stratégique 2012-2017 et d’élaborer le prochain plan, qui sera triennal.

« Nous devrons faire progresser nos grands chantiers en cours, demeurer à l’écoute de l’industrie et continuer de faire valoir, sur les tribunes nationales et internationales, les forces de l’encadrement du système financier québécois, conclut Louis Morisset. Nous investirons également tous les efforts nécessaires afin d’appuyer le gouvernement dans son projet d’actualisation des lois encadrant le secteur financier. »

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