Stress financier à l’horizon 

Par La rédaction | 8 octobre 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
4 minutes de lecture
Sergey Nivens / 123RF

Nombre de Canadiens se sont financièrement bien sortis de la pandémie, mais les gains accumulés pourraient être menacés, selon le sondage annuel de l’Association canadienne de la paie auprès des travailleurs canadiens. 

En raison du confinement, nombre de dépenses ont été évitées. Les dépenses liées au transport, à la garde d’enfants ou encore aux loisirs comme les sorties au restaurant ou au cinéma ont disparu, améliorant la situation financière de bien des Canadiens.

Selon le sondage, 53 % ont pu épargner davantage que l’an dernier et le nombre de travailleurs vivant d’un chèque de paie à l’autre est à son plus bas depuis les 13 dernières années, particulièrement au Québec.

Alors que les bureaux et centres de loisirs rouvrent, la question est de savoir si les gains réalisés pendant la pandémie vont s’évaporer ou si les Canadiens auront pris de meilleures habitudes.

« Pour les Canadiens, ce moment entre la « réalité COVID » et la « nouvelle normalité » est un tournant critique en matière de bien-être financier, déclare Peter Tzanetakis, président de l’Association canadienne de la paie. Si certains des comportements qui nous ont été imposés pendant le confinement ne sont pas transformés en habitudes – et notre sondage montre que pour beaucoup, cela ne sera pas le cas -, les travailleurs canadiens pourraient de nouveau se heurter au stress d’un endettement croissant et du fait de vivre d’un chèque de paie à l’autre. »

UNE MEILLEURE SITUATION FINANCIÈRE  

La diminution des dépenses semble être ainsi le facteur principal de l’amélioration de la situation financière des Canadiens. Ainsi, 71 % d’entre eux affirment dépenser moins actuellement qu’avant la pandémie.

Grâce à cela, ils ont pu accroître leur résilience financière. Plus de 40 % d’entre eux assurent qu’ils consacrent plus de 10 % à l’épargne, contre 34 % en 2019. Cette proportion s’élève à 45 % au Québec. Une majorité des travailleurs canadiens (79 %) disent disposer d’une somme de 2000 $ pour les urgences et 48 % affirment qu’ils pourraient faire face à une dépense imprévue allant jusqu’à 20 000 $.

Si ces signes sont encourageants, cette situation est essentiellement due à la pandémie. On peut donc craindre que la réouverture économique détériore cette situation.

NUAGES SOMBRES À L’HORIZON  

Effectivement, depuis la réouverture, les Canadiens ont considérablement augmenté leurs dépenses discrétionnaires. La majorité des répondants (68 %) comptent augmenter leurs frais de déplacement pour atteindre les niveaux prépandémiques, et 57 % comptent dépenser au même niveau qu’avant la pandémie pour les activités sociales.

D’ailleurs 37 % des sondés estiment qu’ils ne maintiendront pas leurs habitudes d’épargne après la COVID-19.

« La reprise économique repose sur une augmentation des dépenses, alors dépenser n’est pas une mauvaise chose, souligne Peter Tzanetakis. Le risque, en termes de bien-être financier des travailleurs canadiens, est que les gens dépensent au-delà de leurs moyens. Si dépenser signifie abandonner complètement l’épargne ou accumuler des dettes à long terme ou à taux d’intérêt élevé, les gains réalisés pourraient rapidement être annulés. »

D’ailleurs nombre de travailleurs canadiens avouent devoir faire face à de nombreuses dettes. Par exemple, une personne sur dix ayant une dette de carte de crédit déclare qu’il lui faudra plus de cinq ans pour la rembourser, et 35 % pensent qu’il leur faudra entre un et cinq ans.

Pour cette raison, 43 % des sondés admettent que le fait d’effectuer le paiement minimum de leurs dettes les empêche d’économiser et un autre 43 % dit se sentir « submergés par les dettes ».

Les frais d’habitation ont également de quoi inquiéter. Ils sont une des sources principales d’inquiétude pour 56 % des sondés, au même titre que les intérêts sur les prêts hypothécaires (55 %). Un travailleur canadien sur cinq admet consacrer plus de 50 % de son revenu au logement, et ce, avant même les hausses inévitables des taux d’intérêt à venir.

LES EMPLOYEURS CONCERNÉS 

Selon le sondage de l’Association canadienne de la paie, les travailleurs soumis à un stress financier sont distraits, moins productifs et plus susceptibles de quitter leur emploi. Les employeurs peuvent toutefois aider ces employés et peuvent concrètement préserver, voire améliorer leur bien-être financier.

Notamment en mettant en place un programme Payez-vous d’abord qui permet aux employés de demander à leur service de paie de verser automatiquement une partie de leur salaire dans un compte d’épargne.

Les employeurs peuvent également améliorer leur service de paie, leurs processus et leurs systèmes pour s’assurer que le versement des salaires soit régulier et exact permettant ainsi aux employés de planifier efficacement et de respecter leurs obligations financières.

La rédaction