Une plainte pour harcèlement contre la CIBC

Par La rédaction | 20 mai 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Poursuivie par une société américaine, la CIBC contre-attaque

Une ex-assistante de direction réclame plus d’un million de dollars à la banque CIBC et à un de ses anciens directeurs, qu’elle accuse de harcèlement sexuel. Des allégations récusées par ces derniers, qui font remarquer que rien n’a été prouvé devant la justice.

L’affaire fait grand bruit depuis que le Globe and Mail l’a révélée mercredi. Ces accusations suivent une poursuite pour congédiement abusif intentée en décembre dernier par Diane Vivares, une assistante de direction oeuvrant dans la salle des marchés de la banque. Celle-ci reproche à son ex-employeur de ne pas l’avoir protégée contre « l’ambiance sexuellement toxique » qui régnait sur son lieu de travail, et à Kevin Carter d’avoir tenté des attouchements lors d’une fête de Noël en 2007.

Dans les documents déposés devant la Cour, Mme Vivares assure avoir rapporté à plusieurs hauts gestionnaires ces tentatives d’attouchements, ainsi que le harcèlement, l’intimidation et la discrimination dont elle dit avoir été victime.

Elle affirme par exemple qu’un jeune courtier se serait approché d’elle et lui aurait montré une photographie pornographique du vagin de sa petite amie sur son téléphone cellulaire. L’année suivante, une lettre à connotation sexuelle aurait été déposée sur son bureau.

TOLÉRANCE ZÉRO

À la suite des révélations du Globe and Mail, une note a été envoyée à tous les employés, rappelant la politique de tolérance zéro de la compagnie en matière de harcèlement. Plus tôt cette année, une firme externe a été engagée pour prendre le pouls de la salle des marchés concernant ces allégations. Une vingtaine d’employés ont été interrogés à ce sujet.

« Nous ne pouvons pas commenter cette affaire en particulier étant donnée qu’elle est encore devant la justice, mais il est important de noter que certaines des allégations de la plaignante datent d’il y a plus de dix ans et que nombre des individus montrés du doigt ne travaillent plus à la CIBC, a déclaré la banque au Globe and Mail par courriel. Jamais nous n’avions eu vent de ces accusations avant que la plainte ne soit déposée. Lorsqu’un cas de harcèlement nous est rapporté par l’entremise de notre ligne téléphonique confidentielle ou de tout autre moyen, nous enquêtons très rapidement et nous prenons les mesures qui s’imposent, pouvant aller jusqu’au congédiement, lorsque les allégations sont prouvées. »

Ces accusations interviennent alors que la CIBC est frappée de plein fouet par des millions de dollars en coupes opérées au sein de diverses divisions, dont celle des ventes. Plusieurs responsables de la capitalisation boursière ont quitté leur poste ces derniers mois.

CULTURE DU MÂLE DOMINANT

Victor Dodig, qui a pris les rênes de l’entreprise en septembre 2014, est pourtant réputé pour ses actions en faveur de l’égalité des sexes. Depuis son arrivée, il tente de réformer la culture de la banque, notamment à la haute direction, où il a nommé trois femmes. Le PDG affirme être très fier de l’évolution de l’entreprise depuis dix-huit mois, ajoutant que le travail n’est pas terminé, mais qu’il le sera.

Un avocat qui plaide fréquemment des dossiers de harcèlement sexuel affirme cependant que le problème est encore prégnant à Bay Street, malgré les efforts mis en place pour éradiquer la culture du mâle dominant qui règne dans les salles des marchés.

« Ces choses continuent d’exister », confirme Susan Vella, une avocate ayant géré plusieurs dossiers à Bay Street et qui aide le gouvernement libéral de l’Ontario à mettre en place sa politique anti-harcèlement votée l’an dernier. Selon elle, le problème réside dans le fait que les cas ne sont pas assez médiatisés et que le public n’a donc pas conscience de l’importance du phénomène.

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