La dépendance aux prévisions

13 février 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La majorité des investisseurs a soif de prévisions, même si ces dernières sont peu fondées. L’histoire financière nous démontre que le comportement des investisseurs change peu avec le temps, malgré les échecs.

Depuis la nuit des temps, des « sages » ont comme mission de lire et de prédire l’avenir. Aujourd’hui, en finance, ce sont des économistes, des analystes et des stratèges qui sont devenus des experts en prévision et des devins des temps modernes.

Il est intéressant de noter que c’est l’investisseur qui réclame ces prévisions pour se rassurer et atténuer sa peur de l’imprévu, s’enlisant ainsi dans une certaine dépendance.

Le problème est que tous ces experts se fient trop aux expériences récentes pour établir leurs pronostics.

Le cerveau est paresseux et en tentant de convaincre l’investisseur ou l’expert que ce qui a été vécu très récemment est une nouvelle réalité, il va bâtir un scénario de l’avenir, fondé sur sa perception de cette nouvelle réalité. L’investisseur se sentira plus sécurisé, après avoir conçu et alimenté ce scénario imaginé. Le besoin de prévisions est inscrit dans nos gènes. Mais c’est une grave erreur, dans le monde financier, d’en être dépendant, car le comportement des investisseurs ne change que très peu avec le temps. L’histoire nous enseigne que le passé n’est pas garant de l’avenir, mais en matière de comportement humain, la cupidité, la panique, la peur de l’inconnu et l’euphorie seront toujours des sentiments omniprésents.

La finance comportementale et la neuroéconomie permettent de comprendre ces comportements erronés qui entraînent d’importantes pertes financières pour les investisseurs.

Soyons plus rationnels! La Bourse n’est pas tout à fait un casino, quand on met l’accent sur le long terme. L’histoire économique nous enseigne que la moyenne émerge constamment, ce qui explique pourquoi les titres de style « valeur » obtiennent de meilleurs résultats à long terme, en comparaison avec les indices boursiers généraux. La sélection boursière de type « valeur » est une philosophie de gestion conservatrice.

Attention aux prévisions! L’analyse des marchés financiers exige trop d’informations pour que le cerveau humain puisse les absorber. Une des seules méthodes de gestion qui fonctionne en matière de prévision est, à mon avis, le suivi de tendance, tout simplement parce que cette méthode ne se base sur aucune prédiction.


William-André Nadeau est chroniqueur financier. Il publie aux deux semaines un billet traitant des marchés, de placements et de gestion.